Les bonnes affaires de Copé : 200 000 euros par an d'honoraires et un soupçon de conflits d'intérêts

Revue de presse · 1er oct. 2010 à 07:50

Salaire et cumul de Copé

En publiant son livre, "Pour en finir avec les conflits d'intérêts", Martin Hirsch a lancé un pavé dans la mare. L'ancien Haut commissaire aux Solidarités Actives s'en est pris notamment à Jean-François Copé, champion du cumul des mandats et avocat d'affaires à ses heures perdues. D'après Hirsch, ce cumul expose Copé à d'éventuels conflits d'intérêts. La réplique du député UMP ne s'est pas fait attendre : Copé a dénoncé cette forme de "délation" et évoqué un passé commun sur fond de Shoah (leurs parents ont été sauvés par des Justes) pour espérer que ces attaques cessent.

Pourtant, Hirsch n'a rien fait que répéter des informations que la presse avait déjà divulguées. En 2009, le magazine Capital avait révélé que Jean-François Copé gagnait environ 200 000 euros d'honoraires par an pour ses activités d'avocat. Et Rue89 et Mediapart avaient accusé Copé en janvier 2010 d'avoir procédé à un intense lobbying pour bloquer une loi jugée défavorable au cabinet d'avocat pour lequel il travaille à mi-temps.


Mais à l'époque, ces informations n'avaient pas eu l'écho escompté. Petit plongeon dans les archives de la presse.

Copé gagnerait davantage avec ses activités d'avocat qu'avec ses mandats électifs

Nous vous en parlions le 20 juillet 2009. Jean-François Copé est le champion du cumul d'activités : trois mandats (député de Seine-et-Marne, maire de Meaux, président de la communauté d'agglomération), une fonction politique de premier plan (président du groupe UMP à l'Assemblée nationale) et un poste d'avocat à temps partiel. Grâce au magazine Capital du mois de mai 2009, on en sait un peu plus sur les revenus du cumulard : son travail d'avocat à temps partiel lui rapporterait deux fois plus que toutes ses activités politiques.

Pour ses mandats de député, maire et président de communauté d'agglomération, Copé touche 9 730 euros brut par mois (le plafond des indemnités). Parallèlement à ses fonctions politiques, Copé est devenu avocat d'affaire en 2007, activité lucrative puisque, à la différence de ses revenus issus de ses mandats électifs, Copé n'a pas de limites de ressources pour ses honoraires. Et d'après le magazine Capital qui citait l'un des fondateurs du cabinet Gide Loyrette Nouel, ce job à temps partiel est une véritable manne financière : "le contrat assurerait à Copé 200 000 euros d'honoraires fixes par an. Sa tâche principale ? User de son influence pour faire la médiation entre des sociétés françaises et des Etats étrangers".

Autrement dit, Jean-François Copé gagnerait 9 730 euros brut par mois pour ses activités politiques et 16 600 euros brut par mois pour son activité d'avocat. Avec un revenu mensuel d'environ 26 330 euros brut par mois, Copé gagnerait plus... que le président de la République.

Source : le magazine Capital - mai 2009 - page 77

Revenu 2009 de Copé

Le soupçon de conflits d'intérêts déniché par Rue89 et Mediapart

En janvier 2010 est sortie la première biographie de Jean-François Copé. Pour une grande partie de la presse, ce livre n'était que le portrait d'un homme politique ambitieux. Mais Rue89 et Mediapart avaient noté une autre information dans le livre, un soupçon de conflits d'intérêts. D'après Rue89, "l'intéressé se serait servi de son influence de président de groupe pour enterrer une proposition de loi qui gênait son cabinet". Comment ? Mediapart raconte que "les auteurs détaillent le travail d'influence - de «haute couture» - fourni par Jean-François Copé en 2009, pour aider à geler une proposition de loi déjà votée au Sénat. Ce texte, soutenu par Rachida Dati (alors au ministère de la justice), prévoyait la fusion entre les métiers d'avocat et de conseil en propriété industrielle (CPI) - une réforme qui permettait aux seconds de se passer des premiers, et risquait de faire perdre pas mal de budgets au cabinet Gide.
Selon les journalistes, Jean-François Copé en personne a décroché son téléphone pour appeler Rachida Dati et lui demander de recevoir le patron de l'Association des avocats en propriété industrielle, porteuse des intérêts de Gide notamment... Après la rencontre, la ministre n'a pas bougé. Mais en septembre 2009, Michèle Alliot-Marie (qui avait pris sa succession place Vendôme) a commencé d'émettre des réserves sur la réforme... quelques jours après avoir déjeuné avec Jean-François Copé. Depuis, la proposition de loi n'a toujours pas été mise à l'ordre du jour de l'Assemblée par le groupe UMP - son président invoquant une opposition de raison..."

Copé et les conflits d'intérêts



Toutes les informations étaient donc déjà disponibles : un salaire d'avocat supérieur au cumul de ses revenus politiques et un soupçon de conflits d'intérêts révélé dans un livre et repris par deux sites de presse. Il ne manquait plus que le coup d'éclat de Martin Hirsch pour donner à ces informations toute leur visibilité.

*** Liens

Les salaires des politiques
- Le salaire de Jacques Chirac : 30 000 euros brut par mois
- Le salaire de Nathalie Kosciusko-Morizet : 19 807 euros brut par mois
- Le salaire d'Hervé Morin : 19 053 euros brut par mois
- Le salaire de Christian Estrosi : 18 000 euros brut par mois
- Le salaire des Balkany : 16 808 euros brut par mois
- Le salaire de Michel Rocard : 16 100 euros brut par mois
- Le salaire d'Alain Juppé : 15 337 euros brut par mois
- Le salaire de Laurent Fabius : 12 930 euros brut par mois
- Le salaire de Jean-François Copé : 9 730 euros brut par mois
- Le salaire de Jean-Marie Cavada : 9 730 euros brut par mois
- Le salaire de Nicolas Dupont-Aignan : 9 730 euros brut par mois
- Le salaire de Dominique Voynet : 8 768 euros brut par mois
- Le salaire de Martine Aubry : 8 165 euros brut par mois
- Le salaire de Jean Sarkozy : 2 888 euros brut par mois

BONUS : Sarkozy a perçu son salaire de ministre à l'Elysée entre mai et décembre 2007

Salaire de Sarkozy

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