Notation des ministres : les bons et les mauvais élèves

Revue de presse · 16 juin 2008 à 19:04

Notation des ministres

Alors que les lycéens ont débuté les premières épreuves du BAC 2008 avec la philosophie, la presse se fait l'écho aujourd'hui des premières évaluations des... ministres. Annoncée il y a quelques mois par le Premier ministre, préparée par Eric Besson et un cabinet privé, l'évaluation des ministres était une promesse de campagne de Nicolas Sarkozy qui voulait insuffler la culture du résultat à tous les niveaux de l'Etat. Certains critères d'évaluation (comme le niveau des entrées de cinéma pour la ministre de la Culture) avaient paru très peu pertinents, voire fantaisistes. Mais un an après la formation du gouvernement Fillon, Le Parisien a pu se procurer un document de travail sur les premiers résultats des ministres...

Revue de presse du lundi 16 juin 2008

- Le Parisien : Le bulletin de notes des ministres
- Le Figaro : Où en est l'évaluation des ministres ?
- NouvelObs : Evaluation des ministres, Fillon nie tout classement

Une notation qui a coûté... 90 000 euros

En janvier dernier, le coût de cette évaluation avait été révélé par Bakchich.info. Confiée au cabinet privé "Mars & Co", la conception de ce système d'évaluation a coûté plus de 86 650 euros.
Devant le flop médiatique et les réticences des ministres, Eric Besson avait été chargé par François Fillon d'adapter le système d'évaluation proposé par le cabinet privé. Les rumeurs de remaniement à l'approche des municipales avaient laissé croire que l'évaluation des ministres avait été abandonnée et que leur maintien ou non dans un gouvernement répondait d'abord à des choix politiques.

Un premier bilan après 6 mois d'exercice

Le journal Le Parisien a pu se procurer un rapport d'étape évaluant 9 ministères sur les six premiers mois du gouvernement Fillon. A chaque ministère son dossier détaillé et un tableau récapitulatif en couleur, composé de deux colonnes : "indicateurs" et "commentaires". Le document rappelle les objectifs de chaque ministère, définis par Matignon et l'Elysée, et la partie "commentaires" précise l'état d'avancement des chantiers. Le rapport de synthèse a classé les ministères en trois catégories : ceux qui sont dans les délais, ceux qui tentent de rattraper leur retard, ceux qui sont en difficulté.

Les bons élèves : Rachida Dati, Hervé Morin, Roselyne Bachelot, Michel Barnier

Les quatre ministères qui sont dans les temps sont ceux de la justice, de la défense, de la santé et de l'agriculture. Rachida Dati, que l'on dit en difficulté politiquement, aurait, selon le rapport, mis en oeuvre les principales réformes réclamées par l'Elysée, à commencer par l'actualisation de la carte judiciaire. Hervé Morin, que l'on disait aussi menacé avant les municipales, est dans les temps avec la préparation de la nouvelle carte militaire et la création d'un futur Pentagone français à Balard. Roselyne Bachelot, qui n'est pourtant pas à une gaffe près, suit également sa feuille de route à la lettre avec la réforme hospitalière prévue pour l'automne. Enfin, le très discret ministre de l'agriculture, Michel Barnier, pourtant en difficulté avec la colère des marins-pécheurs, accroche le wagon des bons élèves grâce à la future restructuration régionale et départementale de ses services.

Mention passable pour les ministres du travail et de l'éducation

Xavier Darcos et Xavier Bertrand, tous deux très proches du président de la République, doivent faire face à de multiples résistances et à un contexte social tendu. Le ministre de l'Education a du mal à faire passer auprès des enseignants les 11 200 suppressions de postes pour la rentrée 2008. Selon le rapport, ces manifestations auraient "ralenti le rythme des réformes". De son côté, Xavier Bertrand a réussi la réforme des régimes spéciaux mais se trouve en difficulté sur les 35 heures. D'un côté, le gouvernement a demandé aux partenaires sociaux de négocier, de l'autre, la majorité parlementaire UMP s'impatiente et souhaite le démantèlement total des 35 heures. Prix entre deux feux, la position de Xavier Bertrand a varié selon les semaines et brouille la communication gouvernementale.

Les mauvais élèves : Michèle Alliot-Marie, Christine Albanel, Valérie Pécresse

Dernière catégorie du rapport d'étape évaluant le travail des ministères, les ministères "en difficulté". Ce n'est pas tant le travail des ministres qui est mis en cause que les obstacles et les conservatismes qui les empêchent de mettre en oeuvre rapidement leur réforme. Ainsi, la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a dû différer son projet de loi-programme pour l'outre-mer à cause de l'hostilité de nombreux élus. La ministre de la culture, Christine Albanel, n'a toujours pas réformé le système d'aides au cinéma car les acteurs de ce secteur sont très réticents au changement des règles de financement. Enfin, Valérie Pécresse, qui s'était pourtant illustrée par sa rapidité en faisant voter la loi de l'autonomie des universités dès l'été 2007, peine à imposer sa réforme du CNRS, de nombreux chercheurs protestant contre la restructuration de cet organisme.


La publication de ces premiers résultats met Matignon dans l'embarras. François Fillon a annoncé dans la journée qu'il n'y avait pas de classement entre les ministres. En réalité, cette "culture du résultat" imposée par Nicolas Sarkozy active les jalousies plus qu'elle ne stimule et laisse croire qu'un bon ministre est simplement un ministre qui met en oeuvre toutes les réformes décidées par l'Elysée et Matignon. En réalité, la popularité, le profil médiatique et surtout la proximité avec Nicolas Sarkozy sont des critères tout aussi importants.

*** Liens

- Bulletin de notes de ministres : une évaluation biaisée
- Evaluation des ministres : combien ont coûté les services du cabinet d'audit privé ?
- 21 membres du gouvernement Fillon n'avaient pas reçu leur lettre de mission en février 2008
- Portraits des ministres inconnus du gouvernement Fillon
- Les rumeurs de remaniement en janvier 2008

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