François FILLON

François FILLON

Biographie de François Fillon.

Origines et formation

François Fillon est né le 4 mars 1954 dans la Sarthe. Il est issu d’un milieu privilégié où son père est notaire et sa mère professeur d’anglais puis d’Histoire à l’université. Michel Fillon le père est anglophobe : son fils, élève chez les Jésuites, ne sera pas autorisé à faire des voyages linguistiques en Grande Bretagne. Chez les Fillon, tout le monde vote De Gaulle. François Fillon baigne dans un environnement gaulliste et s’engage très jeune en politique. Après avoir obtenu un DEA en droit public, il poursuit des études de sciences politiques. Bien avant la politique, c’est le journalisme qui l’intéresse. Il fait office de journaliste au Parlement où il est l’assistant de Joël Le Theule. C’est grâce à sa collaboration avec ce député de la Sarthe qu’il fait ses premiers pas en politique, univers qu’il ne quittera plus.

Son entrée en politique : premier modèle, Philippe Seguin

François Fillon débute donc sa carrière politique aux côtés du gaulliste et anti-chiraquien Joël Le Theule en tant qu’attaché parlementaire. Quand en 1978, le député est nommé ministre des Transports puis de la Défense, il le suit pour devenir chargé de mission.

En 1981, tandis qu’il n’a que 27 ans, il se présente aux municipales et est élu maire de Sablé dans la Sarthe. Il poursuit sa conquête du territoire en gagnant le siège de député de sa région natale la même année. Il trouve un modèle : Philippe Seguin, qui occupe une place particulière au sein du RPR. Sa personnalité attire François Fillon qui comme lui, voue une haine radicale à l’égard de Jacques Chirac et de ses plus fidèles collaborateurs. Grâce à lui, le jeune député s’engage véritablement au sein du parti et défend les idées de son mentor notamment sur l’Europe, la monnaie unique.

Jusqu’en 1999, François Fillon soutient Philippe Seguin dans tous ses combats, notamment dans la prise du pouvoir du RPR contre Jacques Chirac. En 1990, quand le RPR tend à se rénover, Charles Pasqua et Philippe Seguin s’allient pour laminer Jacques Chirac. Finalement c’est ce dernier qui remporte largement la victoire. Par l’entremise de Philippe Seguin, il est nommé ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche dans le gouvernement d’Edouard Balladur.
Quand Edouard Balladur se présente à l’élection présidentielle contre son ancien ami Jacques Chirac, François Fillon, après avoir soutenu la candidature de Philippe Seguin, se tourne finalement vers celle de son Premier ministre.

Alors que Jacques Chirac aurait pu aisément se débarrasser de son ministre qui ne l’a jamais apprécié, il décide avec son Premier ministre, Alain Juppé de le garder au sein du gouvernement pour le nommer ministère délégué chargé de la Poste, des Télécommunications et de l'Espace dans le gouvernement. François Fillon met en œuvre sa première réforme : il ouvre la concurrence des télécommunications en mettant fin au monopole de France Télécom.
En 1997, le gouvernement est dissout : la gauche a le pouvoir. Philippe Seguin espère de nouveau s’emparer du RPR. François Fillon organise et soutien sa campagne. Il fait la connaissance du secrétaire général du parti : Nicolas Sarkozy. Mais Philippe Seguin échoue une nouvelle fois et quitte la politique. Dès ce jour, François Fillon cesse de le soutenir et décide de changer de stratégie.

Second modèle : Jacques Chirac

Puisque son alliance avec Philippe Séguin n’a guère fonctionné, il prend des distances avec ses anciens compagnons. Nicolas Sarkozy espère de son côté en faire un véritable allié pour conquérir ensemble le RPR. Mais François Fillon a un autre plan : il veut conquérir seul le parti même s’il sait n’avoir aucune chance. L’objectif est de se distinguer, d’obtenir une légitimité et gagner des points au sein de son parti. Comme prévu, il échoue contre Michèle Alliot-Marie en 1999 mais en parvenant à recueillir 25% des suffrages.

Comme il a rompu avec ses anciens amis, il se met en contact avec celui qui aura été jusqu’alors son plus grand adversaire : Jacques Chirac. Il participe alors, avec Alain Juppé, à la création de l'UMP. Chirac propose ensuite à François Fillon de collaborer avec lui et de réfléchir à son programme présidentiel pour la campagne de 2002. Grâce à ce rapprochement avec l’Elysée, quand le président est de nouveau élu, François Fillon fait partie du gouvernement et obtient son troisième mandat en tant que ministre des Affaires sociales. Il doit travailler sur la réforme des retraites. Malgré les mouvements sociaux, il demeure inflexible, refusant de retirer son texte qui est adopté par le Parlement. Il est également chargé d’harmoniser les différents Smic. Mais dans toutes ses réformes, Jacques Chirac, craignant de grandes vagues de manifestations et de grèves, ne le soutient pas et Jean-Pierre Raffarin lui réclame sa démission. Il passe alors au ministère de l’Education national. Son objectif n’est pas moins délicat que les précédents : il doit réformer le baccalauréat. Encore une fois, malgré ses tentatives de faire appliquer ses projets, le gouvernement se rétracte dès que les premières manifestations étudiantes et lycéennes s’organisent, Chirac s’inquiétant de la chute de popularité de la droite à quelques mois du référendum sur la Constitution européenne.

Les difficultés s'accumulent pour François Fillon au cours des années 2004 et 2005. Non seulement il quitte le gouvernement mais en plus perd en mars 2004 la présidence du conseil régional des Pays-de-la-Loire. Il quitte donc le gouvernement, amer. A présent, sa rupture avec Jacques Chirac est définitivement consommée, il peut se rapprocher de Nicolas Sarkozy.

L’alliance Sarkozy/Fillon

Puisque François Fillon est définitivement écarté du gouvernement et de la chiraquie, il trouve un nouveau clan vers lequel se tourner : celui de Nicolas Sarkozy, qui prépare sa campagne présidentielle depuis 2002. Le futur candidat a de nombreux travaux à confier à son nouveau bras droit. Il lui propose en 2006 d’organiser les conventions thématiques du parti. Dans un second temps, François Fillon s’occupe d’établir son projet législatif. C’est à partir de cet instant qu’il sait qu’il sera le Premier ministre de Nicolas Sarkozy s’il emporte les élections.

Pour préparer sa tâche qui l’attend, dès 2005, il est envoyé à Londres sur les recommandations de Sarkozy pour observer la manière dont gouverne le Premiers ministre en Grande-Bretagne. Il a pu ainsi rencontrer Tony Blair et comprendre comment fonctionne son cabinet par rapport au modèle français. De son expérience, il en a déduit que dans un gouvernement il fallait introduire davantage de mixités entre les universitaires et les technocrates les uns et les autres pouvant se compléter.

C’est en janvier 2007 que Nicolas Sarkozy lui propose concrètement de devenir son Premier ministre en cas de victoire. Dès cet instant, ensemble, ils ont élaboré leur gouvernement, réfléchi aux différentes personnes qui feraient partie de leur équipe. Il est le seul à avoir un bureau au QG de l’UMP pendant la campagne. C’est lui enfin qui anime les réunions quotidiennes du comité politique.

François Fillon, Premier ministre discret

Comme convenu, Nicolas Sarkozy ayant été élu Président de la République, François Fillon obtient le poste de Premier ministre. Ensemble, ils forment un duo complémentaire : tandis que Nicolas Sarkozy incarne le dynamisme, l’hyper-activité et l’exubérance, François Fillon au contraire représente la tempérance, l’austérité, la prudence. Quand le premier se voudrait optimiste quant à l’avenir économique des Français, le second tempère les propos et annonce les mauvaises nouvelles. Son rôle est de rester en retrait, quitte à s’effacer complètement devant le Chef d’Etat. Contrairement à ce qu’il redoutait, au cours de la première année au gouvernement, sa cote de popularité n’a cessé d’augmenter tandis que celle de Sarkozy s’est effondré. Pourtant, au cours de son mandat, il aura la charge de mettre en application le programme présidentiel comprenant un certain nombre de réformes. En 2007, alors que François Fillon avait annoncé qu’il appliquerait la fin des régimes spéciaux quelque soit l’ampleur des grèves, il a dû adoucir sa mise en œuvre et trouver un accord avec les différents partenaires sociaux.

Pour Nicolas Sarkozy, il représente le Premier ministre idéal, laissant manœuvrer le Président à sa guise le gouvernement et le soutenant fidèlement sans vouloir lui faire ombre. Au lieu d’annoncer lui-même les principales mesures comme le faisaient jusqu’à présent les Premiers ministres, il laisse la parole au Chef d’Etat. C’est ce retrait relatif qui fait que le président de la République est le plus exposé des deux, et aujourd’hui le moins populaire.