Municipales : l’ouverture politique à droite et à gauche brouille les cartes

Municipales 2008 · 18 déc. 2007 à 18:19

L'ouverture politique

Avant Nicolas Sarkozy, François Bayrou, alors candidat à l'élection présidentielle de 2007, avait avancé l'idée de l'ouverture politique. Il refusait le clivage droite/gauche et rêvait de créer un gouvernement ouvert. Il avait même appelé Ségolène Royal à rejoindre sa cause et à s'allier à lui pour faire face au candidat UMP. Nicolas Sarkozy a repris à son compte le principe de l'ouverture politique. Avec son Premier ministre, il a formé un gouvernement réunissant des personnalités de tous horizons allant de Bernard Kouchner à Martin Hirsch et de Fadela Amara à Rachida Dati. Pour la première fois dans un gouvernement, des hommes et des femmes politiques avec ou sans étiquette politique sont réunis pour travailler sur un programme commun déterminé par un président de droite. Il semble que cette ouverture politique séduise de plus en plus tous les partis politiques au point de devenir un modèle pour les prochaines élections municipales.

L'ouverture : un projet pour tous les partis

Les élections municipales ont lieu dans trois mois. Nicolas Sarkozy a demandé aux candidats de présenter des listes les plus ouvertes possibles à l'instar de sa propre initiative afin d'attirer le plus d'électeurs. Le MoDem vise également le même objectif d'autant que depuis l'échec cuisant du parti aux élections législatives, les centristes de François Bayrou ont perdu de leur crédit et sont de plus en plus isolés. Si les socialistes sont prêts à s'ouvrir sur les autres partis, il est étonnant de constater que Lutte ouvrière, si sectaire traditionnellement, refusant toute alliance avec le Parti socialiste jugé trop conciliant, est décidée également à faire preuve de plus d'ouverture. Dans certaines villes, elle passerait des accords avec le Parti communiste et le Parti socialiste. Pour l'électeur, il s'agira moins de voter pour une couleur que pour des personnalités. On l'a vu également à Paris, Bertrand Delanoë est allé chercher des personnalités d'ouverture comme Philippe Torreton ou Bruno Julliard (ancien président de l'Unef). Les frontières entre la droite et la gauche sont désormais abolies et quiconque symbolisant une idée pourra être convié à s'inscrire sur une liste quelque soit son étiquette.

Les premiers débauchages dans les mairies

Peu à peu, les listes sont connues. Force est de constater que nombreux sont les candidats audacieux qui n'ont guère hésité à débaucher des personnalités des partis adverses. A Toul, la députée et porte-parole de l'UMP, Nadine Morano, a réussi à convaincre l'ancien directeur de cabinet de la maire socialiste sortante de la rejoindre. De même, Serge Dassault, maire UMP de Corbeil-Essonnes a attiré dans son camp l'ancien responsable du Parti radical de gauche sur sa ville, Jean-Luc Raymond. Les tentatives sont nombreuses et se multiplient. Néanmoins, elles ne sont pas toujours fructueuses. Ainsi le député de l'Hérault, Jean-Pierre Grand (UMP) a cru bien faire en annonçant qu'il soutiendrait Hélène Mandroux, maire PS de Montpellier. Il a été depuis suspendu du parti. Certes, l'UMP peut s'ouvrir aux autres partis, mais pour rester en tête de liste.

Le MoDem de Bayrou, un prototype de l'ouverture à droite et à gauche

L'objectif pour tous les candidats en s'ouvrant ainsi aux tendances les plus extrêmes est bien entendu de remporter les élections. Néanmoins certains partis ont plus intérêt que d'autres à y avoir recours. C'est le cas du MoDem qui depuis les élections législatives se retrouve isolé. Le pari de l'ancien candidat à la présidentielle semble être perdu, pourtant François Bayrou poursuit son combat. Pour tenter de remporter quelques communes, le MoDem est prêt à une très grande souplesse, accueillant toutes les sensibilités. Ainsi, il s'allie d'un côté avec l'UMP à Bordeaux (sur la liste d'Alain Juppé) et de l'autre avec le PS à Dijon et à Tours. Pour tenter de survivre, le MoDem présente également quelques listes autonomes : François Bayrou se présente à Pau.

Les recalés trouvent de la place sur les listes adverses

Si les politiques ne sont pas tous convaincus par le bienfait des ouvertures, certains y voient une possibilité de refaire surface. Ainsi, tous ceux qui ont été écartés de leur propre parti peuvent espérer être repêchés par le camp adverse. C'est le cas par exemple du socialiste Yves Urieta, maire de Pau qui a rencontré en octobre dernier le président Nicolas Sarkozy l'informant qu'il présenterait une liste d'ouverture, espérant ainsi avoir le soutien UMP. Le PS, en représailles, a investi la députée Martine Lignières-Cassou. A Angers, tandis que Jean-Claude Antonini était mis sur la touche par le PS, le candidat UMP, Christophe Béchu, l'a inscrit sur sa liste. Le malheur des uns fait, comme l'on dit, le bonheur des autres, puisque grâce à ces mésententes, l'UMP est parvenu à rallier à lui de nombreux élus mécontents.



Avec l'ouverture, la frontière entre la droite et la gauche est brouillée. L'opportunisme devient la règle : les oubliés peuvent ainsi retrouver une nouvelle légitimité. Mais cette ouverture est un écran de fumée, sous-prétexte de se montrer ouvert au dialogue et à la confrontation d'idées, les états-majors politiques tentent par tous les moyens de capter les électorats en déboussolant l'adversaire. A l'opposition systématique stérile s'est donc substituée l'ouverture à tout va. A force d'en faire trop, l'électeur n'est pas dupe. Loin de tenir compte de tous les avis pour dégager des mesures d'intérêt général, l'ouverture est perçue comme une stratégie pour garder le pouvoir plutôt que comme le reflet d'une véritable conviction politique.

Articles de presse du mardi 18 décembre 2007

- Le Figaro : À Marseille, après Gaudin le socialiste Guérini joue l'ouverture
- Libération : Montreuil : le PS toujours tiraillé entre Brard et Voynet
- Le Monde : L'ouverture complique les municipales de 2008

*** Liens

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