François BAYROU

Ses origines

François BAYROU

François Bayrou est né le 25 mai 1951 au sein d'une famille dont le nom est connu depuis déjà plus d'un siècle. Son père Calixte Bayrou est agriculteur et surtout maire du village. La famille est nombreuse et très catholique. François Bayrou se marie jeune, à 20 ans, puis passe l'agrégation de lettres classiques à 23 ans. Avec son épouse, il a six enfants et onze petits-enfants.
En 1974, son père meurt d'un accident de travail. Il doit revenir dans sa région natale afin d'aider sa mère à entretenir son exploitation agricole tout en poursuivant son métier d'enseignant. Afin de parfaire son élocution, il souffre de bégaiement, il s'inscrit à des cours de théâtre au Conservatoire d'art dramatique. Il découvre, en tant que professeur, le monde enseignant mais ne se sent pas à l'aise parmi ce corps social plutôt à gauche. Dès 1974, il s'engage politiquement en rejoignant le Centre des démocrates sociaux (CDS).

Ses premiers pas en politique

François Bayrou commence véritablement sa carrière politique en se présentant aux élections législatives de mars 1978 dans les Pyrénées-Atlantiques. Il est largement devancé par le candidat socialiste, André Labarrère, député-maire de Pau. En 1979, il quitte l'enseignement pour se consacrer uniquement à la politique. Il rejoint Pierre Méhaignerie, ministre de l'agriculture dans le gouvernement de Raymond Barre, comme conseiller technique. Entre 1980 et 1986, il est secrétaire général du CDS. En 1982, il est élu pour quatre ans conseiller régional d'Aquitaine et conseiller général UDF des Pyrénées-Atlantiques. Enfin, il est nommé conseiller par Pierre Plimlin, président de l'Assemblée des communautés européennes. En mars 1986, pour la première fois, François Bayrou est élu député. Il s'affiche alors comme un homme fier de ses origines béarnaises qu'il n'hésite pas à revendiquer et apparaît très vite comme un politique talentueux pouvant mener le CDS à la victoire.
En novembre 1987, le ministre des Affaires sociales, Philippe Seguin le nomme à la présidence du Groupe permanent de lutte contre l'illettrisme. Il est chargé, au cours des six années à venir, de dresser un bilan de la situation et proposer des solutions. Selon lui, au vu du nombre d'enfants illétrés, il est temps de réformer l'école et de mettre en avant la lecture et l'écriture. Il publie un livre, La Décennie des mal-appris en 1990 dans lequel il explique son projet de réforme.
En 1988, il soutient la candidature de Raymond Barre aux élections présidentielles. Après la victoire de François Mitterrand, François Bayrou se consacre à la réforme de son parti. Il voudrait présenter la liste du CDS aux élections européennes mais finit par se rallier à Simone Veil. En 1991, il quitte le CDS pour devenir secrétaire général de l'Union pour la Démocratie française grâce à l'appui de Valéry Giscard d'Estaing. Son objectif est de faire de l'UDF un grand parti centriste.

Ministre de l'Education nationale

Entre 1993 et 1995, Bayrou remplit la fonction de ministre de l'Education dans le gouvernement de Balladur. Il crée notamment en 1994 le « nouveau contrat pour l'école ». Le but est de simplifier et alléger le programme de la primaire au lycée en donnant des objectifs clairs pour chaque cycle d'apprentissage. Désormais l'enseignement en primaire et au collège est divisé en cycles : le cycle d’observation en 6ème, le cycle central 5ème/4ème, le cycle d’orientation 3ème . L'accent est mis sur les fondamentaux : lecture et écriture.
Il s'attire les foudres en voulant réformer la loi Falloux en décembre 1993 qui interdit le financement par l'Etat des établissements privés. Le corps enseignant manifeste, Mitterrand ne soutient pas cette loi. Il est donc obligé, afin d'éviter une crise nationale et politique, de la retirer.
Entre 1995 et 1997, le Premier ministre le nomme ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Insertion professionnel. A ce titre, il rédige la commission Fauroux qui souhaite réduire l'échec scolaire et améliorer la lisibilité des cursus professionnels.

Président d'un parti autonome : l'UDF

En 1994, il est élu à la tête du CDS mais pendant la campagne présidentielle, il soutient le candidat Edouard Balladur. Cependant, il affirme déjà son indépendance et la volonté de conserver une droite plurielle. Le CDS évolue pour devenir la Force démocrate (FD). En fait ce parti est né en 1995 de la fusion du CDS et du parti social-démocrate. Il se caractérise comme très européen, catholique, et souhaite être moins libéral que les autres partis de droite.
En 1997, il prend la présidence du groupe parlementaire UDF puis prend la tête du parti lui-même en septembre 1998 avec plus de 99% des voix. Dès lors, il met à jour sa stratégie : faire de l'UDF un parti fort qu'il serait capable de mener à la présidence de la République. Et en effet, François Bayrou se présente aux élections présidentielles de 2002. Il publie deux ouvrages, Hors des sentiers battus et La Relève dans lesquels il cherche à démontrer que le centre peut remporter les élections en fédérant les électeurs de diverses sensibilités politiques. A droite, on n'analyse pas comme lui sa candidature aux présidentielles : il diviserait et empêcherait le leader, Chirac, d'emporter la victoire. Finalement, Bayrou arrive en quatrième position au premier tour avec 6,84% des voix. Il appelle alors ses électeurs à voter pour le candidat RPR contre Le Pen.
Afin de fédérer le plus grand nombre d'électeurs possible aux élections législatives de 2002, Jacques Chirac crée l'Union pour un mouvement populaire (UMP) dans lequel il veut unir les différents partis de Droite. En effet, le Rassemblement pour la République (RPR) et Démocratie libérale (DL) acceptent la fusion. En revanche, François Bayrou souhaite demeurer un parti indépendant. De nombreux membres de l'UDF rejoignent, à titre personnel, l'UMP. Son acharnement et ses convictions lui valent d'être de nouveau élu à la tête de l'UDF en 2003 avec 95,4% des voix. En ce qui concerne l'Europe, Bayrou appelle à voter « oui » au référendum sur la Constitution européenne mais s'oppose à l'entrée de la Turquie.
En 2004, lors des élections régionales, il mène une campagne seul. L'UDF présente des listes autonomes dans seize régions, mais aucune ne parvient à l'emporter. Néanmoins, tandis que l'UMP obtient 23,3% des suffrages, l'UDF parvient à en obtenir 11,9%, score qui conforte Bayrou dans ses certitudes.
Il ne cesse de critiquer le gouvernement Raffarin puis celui de Villepin en montrant ses failles et ses abus. Il va jusqu'à signer la deuxième motion de censure en mai 2006 déposée par le PS. Elle concerne l'affaire Clearstream.
De nouveau, François Bayrou se présente comme candidat aux élections présidentielles de 2007. Le 2 décembre 2006, il annonce officiellement sa candidature à Serres-Castet, sa terre natale. Contrairement aux autres candidats, il a l'impression d'être privilégié en revendiquant ses origines : « l'authenticité aujourd'hui est une arme. Il faut s'adresser à son pays avec ce qu'on est ».

Troisième de la présidentielle 2007

François Bayrou est l'une des surprises de la présidentielle de 2007. Pendant plusieurs semaines, il a menacé Ségolène Royal au point que plusieurs responsables socialistes, notamment Michel Rocard, lui ont fait des appels du pied avant le premier tour. Finalement, avec près de 18% des voix, François Bayrou est arrivé à la troisième place. Vaincu, le candidat centriste a tout de même réussi à se poser en arbitre du second tour. Quelques jours avant le débat Sarkozy/Royal, François Bayrou et Ségolène Royal ont débattu sur BFM TV et RMC, en direct d'un grand hôtel parisien. L'organisation de cette confrontation a dominé l'actualité politique de la première semaine de campagne de second tour. Le débat a duré environ 1h50 et a été d'une haute tenue. Ils ont chacun exprimé leur point de vue, admis les points d'accord tout en s'affrontant notamment sur les questions économiques et sociales. Les deux candidats ont conclu en affirmant que ce rendez-vous s'inscrivait dans un contexte de rénovation de la vie politique. A l'issue du débat Sarkozy/Royal, François Bayrou a déclaré début mai qu'il ne voterait pas pour Nicolas Sarkozy. La rupture entre les deux hommes est consommée.

La création du MoDem et la nouvelle traversée du désert

Au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, fort de plus de 18% des voix, François Bayrou avait annoncé la création d'un nouveau parti. Le Mouvement Démocrate (MoDem) est né. Le score élevé de François Bayrou à la présidentielle promettait un bel avenir au MoDem. C'était sans compter sur la stratégie d'ouverture de Nicolas Sarkozy qui a tout fait pour obtenir le ralliement des députés UDF. Sur 29 députés centristes, 24 ont rejoint Nicolas Sarkozy et se sont assurés ainsi du soutien de l'UMP pour leur réélection lors des législatives de juin 2008. Isolé, François Bayrou a perdu une grande partie de ses soutiens. Les principaux cadres de l'UDF ont rejoint Hervé Morin et ont fondé le Nouveau Centre.
Au lendemain de la victoire de Jacques Chirac, l'UDF de Bayrou avait tenu face à la création de l'UMP. Les fidèles de François Bayrou étaient restés et l'UDF avait réussi à maintenir 29 députés sur les 113 députés sortants aux législatives. En 2007, sur ces 29 députés, 24 ont rejoint l'UMP. Malgré la création du Mouvement Démocrate, François Bayrou apparaît encore plus isolé qu'en 2002. Beaucoup de députés ont cru à sa victoire à l'élection présidentielle. Mais face à la réalité du paysage politique au lendemain du premier tour, la plupart des derniers fidèles l'ont lâché. Il entame donc une nouvelle traversée du désert, en attendant la présidentielle de 2012.