Les ennemis de Claude Guéant : déstabilisation et coups montés

Livres politiques · 19 nov. 2008 à 19:35

Claude Guéant et ses ennemis

Claude Guéant a beau être un personnage lisse, extrêmement discret et diplomate dans ses relations avec le gouvernement ou le président de la République, il n'en reste pas moins que son style dérange et plus encore depuis son arrivée au secrétariat général de l'Elysée. Certains attendent avec impatience le départ du collaborateur le plus proche de Nicolas Sarkozy. C'est ce que rapportent les journalistes Christian Duplan et Bernard Pellegrin dans Claude Guéant, L'Homme qui murmure à l'oreille de Sarkozy (aux éditions du Rocher).


Série 5/8 : Les Monte-Cristo contre Claude Guéant

Claude Guéant

Des tentatives de déstabilisation

Parce que Claude Guéant est parvenu à obtenir le poste le plus important auprès de Nicolas Sarkozy, les anciens favoris du président veulent sa tête. Ainsi, pour déstabiliser le secrétaire général de l'Elysée, un article paraît dans le Journal du Dimanche du 2 mars 2008, de Florence Muracciole, intitulé : « Bazire à la place de Guéant ? ». L'attaque proviendrait des ennemis du secrétaire général qui n'admettent pas son ascension politique, lui qui n'est qu'un simple préfet. Selon Christian Dumplan et Bernard Pellegrin, il s'agirait d' « une bagarre d'hommes et de femmes à l'intérieur de la Sarkozie divisée, où se mêlent jalousies personnelles, amitiés trahies, mais aussi divergences sur la manière de faire de la politique ».
Ce complot à l'égard de Claude Guéant proviendrait du fait que certains se sont sentis trahis d'avoir été écartés du gouvernement. Ils auraient ainsi profité du déclin de la popularité de Nicolas Sarkozy dans l'opinion publique pour pointer du doigt un bouc émissaire : Claude Guéant.
Pourquoi Nicolas Bazire ? Il a été directeur de cabinet du Premier ministre Edouard Balladur et a collaboré avec Nicolas Sarkozy. Des liens d'amitié se sont tissés entre eux au point que Nicolas Bazire fut le témoin du président lors de son mariage avec Carla Bruni. Enfin, on l'aurait vu plusieurs fois en rendez-vous avec Nicolas Sarkozy. Mais le principal intéressé, Nicolas Bazire, nie tout implication dans cette affaire : il ne souhaite pas prendre la place de Claude Guéant, expliquant : « Nicolas Sarkozy ne va pas prendre son témoin de mariage comme secrétaire général de l'Elysée ! Et pourquoi pas sa tante comme ministre de l'Agriculture ! »

Les Monte-Cristo contre Guéant

Les ennemis de Claude Guéant sont nombreux. Il les a identifiés. Il sait notamment qu'un groupe, les Monte Cristo, auraient passé un « contrat » qui viserait à anéantir trois personnalités politiques : David Martinon, Rachida Dati et Claude Guéant. Les Monte-Cristo chercheraient à se venger de ceux qui les ont écartés de Nicolas Sarkozy.
Les journalistes Christian Duplan et Bernard Pellegrin révèlent le nom de certains membres de Monte-Cristo. Feraient partie du groupe : le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, le conseiller de Nicolas Sarkozy, Pierre Charon, le conseiller en communication de l'Elysée, Franck Louvrier, le vice-président de TF1, Laurent Solly. Le chef du groupe serait Brice Hortefeux.
Les tensions se sont fait sentir au cours de la campagne de Sarkozy pour la présidentielle. Deux clans se sont formés : les technocrates, proches de Cécilia Sarkozy, comptant parmi eux, Claude Guéant et les politiques menés par Hortefeux et Lefebvre. Ces derniers ont suivi et soutenu de longue date la carrière du candidat.
Evidemment quand, après l'élection, Nicolas Sarkozy choisit Claude Guéant et non Brice Hortefeux au poste de secrétaire général de l'Elysée, cette nomination sonne comme un premier affront. Ensuite, les Monte-Cristo reprochent à Claude Guéant d'avoir orienté la politique de Nicolas Sarkozy vers l'ouverture. Il propose ainsi au candidat de délocaliser dans le XIXème arrondissement de Paris le Quartier général de campagne, provoquant ainsi la colère des Umpistes qui sont définitivement laissés de côté. Troisième affront : certains amis de Nicolas Sarkozy ont été refoulés lors de sa campagne le soir de l'élection à la fête donnée au Fouquet's. Ainsi Pierre Charon, Franck Louvrier et Laurent Solly ont été recalés. Quant à Frédéric Lefebvre, il n'a pas été invité à la remise de passation de pouvoir, affirmant : « c'est le moment que j'ai le plus mal vécu ».

Une tête tombe : celle de David Martinon

Comme promis, les Monte-Cristo qui ont juré de se venger et de couper trois têtes ont mis en action leur plan en s'attaquant d'abord à David Martinon. Au cours de l'enquête menée par Christian Duplan et Bernard Pellegrin, ils ont bien essayé de discréditer le fils de Claude Guéant, François, qui après avoir fait du droit, a décidé de faire de la politique. Il travaille donc dans différents cabinets ministériels. Et les ennemis de Guéant d'affirmer que le fils est surprotégé par un père qui abuse de sa position. Après vérification, les journalistes estiment qu'il n'y a rien de spécial à relever du côté de François Guéant...
En revanche, les Monte-Cristo sont parvenus à leur fin avec le candidat UMP, David Martinon, à la mairie de Neuilly. Comme Claude Guéant et surtout Rachida Dati, David Martinon est un protégé de Cécilia Sarkozy. L'ancien maire de Neuilly soutient le candidat dans un premier temps aux élections municipales de 2008. Contre toute attente, les militants locaux s'insurgent contre ce parachutage. Les Monte-Cristo s'engouffrent dans la brèche et profitent de la discorde entre les deux candidats umpistes, David Martinon et Arnaud Teullé puis Jean Sarkozy, pour agir.
Face à la crise neuilléenne, Claude Guéant aurait été chargé, par le président de la République venu au secours de son fils, de téléphoner à David Martinon pour le sommer d'arrêter de faire campagne. Mais le candidat a passé outre l'ordre, preuve pour les ennemis de Guéant que celui-ci est un incapable. L'un d'eux affirme : « Moi, je chasse le sanglier. Le sanglier, on ne le blesse pas, on le tue. Un sanglier blessé, livré à lui-même dans les bois, il fait des dégâts. Bah oui, c'est ça la politique... Si on ne veut pas se mouiller, se salir les mains, mieux vaut faire autre chose... préfet, par exemple ! »



Malgré les différentes tentatives d'intimidation, les ennemis de Claude Guéant ne sont pas parvenus à le faire tomber. A présent, le secrétaire général de l'Elysée connaît ses ennemis mais ne veut pas entrer dans leur jeu : « On répète que je ne suis pas assez politique. Mais il faut s'entendre sur le mot politique. C'est vrai que je n'ai pas - peut-être que je m'améliore ! - la rouerie, le sens de la manoeuvre, la capacité spontanée à monter des coups à plusieurs bandes, etc. ».
Il sait qu'il est menacé d'autant que les Monte-Cristo ont tous un poste stratégique à l'UMP ou dans le gouvernement. Il doit donc composer avec eux et se tenir sur ses gardes.




Christian Duplan et Bernard Pellegrin, Claude Guéant, l'homme qui murmure à l'oreille de Sarkozy, Editions du Rocher, 2008, 196 pages

*** Liens

Claude Guéant, l'homme qui murmure à l'oreille de Sarkozy
- Un homme trop lisse pour une biographie
- Un étudiant bien discret en 1968
- De la direction de la police nationale au palais de l'Elysée
- Claude Guéant / Nicolas Sarkozy : un couple improbable
- Les ennemis de Claude Guéant : déstabilisation et coups montés
- Claude Guéant, chef du gouvernement bis de Nicolas Sarkozy
- Est-il le vrai Premier ministre ?
- Bilan d'une biographie impossible

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