Claude Guéant, un homme trop lisse pour une biographie

Livres politiques · 10 nov. 2008 à 23:16

Claude Guéant

Le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant aura donné du fil à retordre aux deux journalistes de Marianne et de l'AFP, respectivement, Christian Duplan et Bernard Pellegrin qui ont tenté de dresser son portrait dans un ouvrage intitulé Claude Guéant, L'Homme qui murmurait à l'oreille de Sarkozy (aux éditions du Rocher). L'homme est lisse, d'une très grande discrétion : il ne fait aucune confidence, pas plus à ses collaborateurs qu'aux journalistes, si bien que ces derniers ont peu de révélations à faire et pas grand-chose à raconter. Ils devront se contenter de ce que voudra bien leur dire Claude Guéant quitte à délayer, gloser ou se lamenter du manque de spontanéité du personnage.


Série 1/8 : Claude Guéant, la biographie impossible

Un sujet trop lisse, sans aucune aspérité...

Le travail d'investigation semble avoir été difficile pour ces journalistes qui espéraient trouver quelques révélations en enquêtant sur un personnage aussi mystérieux que Claude Guéant mais dès le premier chapitre, force est de constater que le Secrétaire général de l'Elysée est « Monsieur zéro défaut ». Les journalistes ont interviewé aussi bien des politiques de la majorité comme de l'opposition : personne n'a trouvé rien à dire de concret contre ce personnage d'une telle discrétion qu'il ne traîne aucune casserole. Certains lui reprocheront son manque de fantaisie, mais guère plus. Claude Guéant est un homme calme, posé et réfléchi faisant passer le bien national avant ses propres intérêts. Il a collaboré, en tant que préfet, aussi bien avec des élus de droite que de gauche et s'est toujours parfaitement adapté à la situation politique si bien que ceux qui l'ont croisé, comme Jean-Pierre Chevènement, n'ont pas eu à le regretter.
Bref, après plusieurs mois d'enquête, les journalistes Christian Dumplan et Bernard Pellegrin ont dû se rendre à l'évidence que Claude Guéant serait un sujet difficile à traiter car trop lisse.

S'énerver pour faire parler ! En vain...

Chaque samedi matin, les deux journalistes se sont rendus auprès du Secrétaire général de l'Elysée pour l'interviewer. Ils évoquent ainsi sa jeunesse : après son baccalauréat, il part faire un stage d'un an aux Etats-Unis. Les journalistes, persuadés qu'il mettrait un peu d'entrain dans son récit, sont déçus en se rendant compte que Claude Guéant n'est pas particulièrement ému en se remémorant cette époque : « nous avions évidemment été surpris, voire déçus par la banalité de ses réponses. Qu'il adopte une prudente réserve sur les coulisses du pouvoir, l'objet central de ce livre, nous le comprenions. Mais qu'il garde cette même distance, cette même réserve, sur un sujet léger et qui devait avoir marqué son adolescence, nous avait laissé pantois : cet homme serait-il imperméable à tout enthousiasme, à toute fantaisie, à tout regard décalé ? »
Quand les journalistes l'interrogent sur ses goûts culturels, les réponses de Claude Guéant, encore une fois, agacent car, sans surprise : il aime Mozart, les impressionnistes et Albert Camus. Les journalistes désespèrent : « puis soudain agacé par tant de prudence et d'équilibre tactique, vous décidez de jouer un coup. Puisque votre homme est conservateur, il a sûrement quelques faiblesses pour de grands esprits solidement marqués à droite. Alors Maurras ? Alors Barrès ? » Claude Guéant répond que ces personnages ne font pas partie de son panthéon. Et les journalistes de conclure : « quand il arrête de planter des évidences, votre interlocuteur sait poser des lapins au pauvre interlocuteur que vous vouliez être. Non, il n'est ni nationaliste, ni revanchard (...). Vous lui en voulez maintenant. Pourquoi tant de conformisme en si peu de temps ». Pendant trois paragraphes encore, les journalistes vont se plaindre de n'obtenir aucune information sur ce qui fait la personnalité de Claude Guéant avant d'en déduire avec philosophie que l'homme refuse les poses que prennent souvent les politiques en citant des auteurs ou en étalant leur culture.

Il sera donc très difficile à Christian Dumplan et Bernard Pellegrin de mener une enquête très approfondie sur un homme sans histoire qui refuse de mettre en scène sa vie privée voire simplement de se raconter. Il se montrera plus loquace en parlant de sa région du Nord Pas-de-Calais tout en restant très mesuré. Pour délayer un portrait un peu maigre, les journalistes décriront avec force détails et témoignages à l'appui des souvenirs de la Seconde guerre mondiale qui ravagea le village de Valmy, où naquit Claude Guéant, né en 1945...



Christian Duplan et Bernard Pellegrin, Claude Guéant, l'homme qui murmure à l'oreille de Sarkozy, Editions du Rocher, 2008, 196 pages

*** Liens

Claude Guéant, l'homme qui murmure à l'oreille de Sarkozy
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- De la direction de la police nationale au palais de l'Elysée
- Claude Guéant / Nicolas Sarkozy : un couple improbable
- Les ennemis de Claude Guéant : déstabilisation et coups montés
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- Bilan d'une biographie impossible

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