Claude Guéant, un étudiant bien discret en 1968

Dans le portrait que lui consacrent les journalistes Christian Duplan et Bernard Pellegrin intitulé Claude Guéant, L'Homme qui murmurait à l'oreille de Sarkozy (aux éditions du Rocher), on apprend que le Secrétaire général de l'Elysée a choisi les chemins de traverse pour parvenir dans les hautes sphères du pouvoir. Retour sur la formation de Claude Guéant.

Série 2/8 : La jeunesse de Claude Guéant

Une enfance dans le Nord Pas-de-Calais

Claude Guéant est originaire du Nord. Il parle un peu le patois mais n'en fait pas une fierté car il le trouve sans charme. Il est né à Vimy, en 1945, entre Lens et Arras. Les hommes de sa famille sont mineurs tandis que les femmes sont institutrices. Quand il finit ses études à l'ENA, Claude Guéant décide de revenir sur les traces de son père en faisant un stage de deux mois comme minier.
« De son enfance, il garde un triptyque de valeurs qu'il n'abandonnera jamais : le respect, la solidarité, l'amour et la ferté du travail » (sic) qui selon lui reflétaient les principales qualités de la région du Nord. Côté éducation : ses parents lui transmettent « les valeurs chrétiennes, sans excès » et un goût certain pour le général de Gaulle.
Excellent élève, il poursuit son cursus au lycée d'Arras puis le baccalauréat en poche, il part un an aux Etats-Unis. Dès lors, il quitte définitivement le Nord.

Passage dans les grandes écoles

Après son séjour aux Etats-Unis, il s'installe à Paris pour commencer de brillantes études. Il intègre d'abord Sciences Po « sans passer le concours ». Alors que l'on est à la fin de la guerre d'Algérie et que mai 68 se prépare, les étudiants s'agitent, prennent position mais Claude Guéant préfère rester neutre : « je n'étais pas du tout intéressé par la vie politique. Par la vie publique, oui ».
Par la suite, il entre à l'ENA et croise un certain nombre d'étudiants qui joueront un rôle en politique : Jean-Louis Bianco, Jean-Paul Huchon, Alain Richard, etc. Il sort 17ème ce qui lui permet de choisir un corps de métier prestigieux mais il hésite entre trois voies : la diplomatie, le trésor et la préfectorale. Finalement, il opte pour la troisième au grand étonnement de ses camarades : « j'ai choisi le corps préfectoral. Sans doute par goût du concret, par goût de la province, aussi ».

Etudiant en mai 68

Le choix de la préfectorale étonne donc ses camarades à une époque où les étudiants sont dans la rue pour manifester. Choisir cette voie, c'est clairement se placer du côté des forces de l'ordre et par conséquent passer pour un « briseur de grèves » et pour « le bras armé d'un régime policier ». Cela ne semble guère déranger Claude Guéant qui s'est toujours tenu à l'écart des manifestations étudiantes. En mai 68, il fait son service militaire à Saumur et ne se tient pas au courant de l'agitation étudiante et se justifie ainsi : « nous vivions d'assez loin l'actualité, ces écoles étaient très exigeantes ». Le sérieux et l'ordre seront son credo depuis le début. Il n'a jamais participé à la moindre manifestation, n'a jamais pris parti au point que s'il n'était pas devenu le bras droit de Nicolas Sarkozy, ses camarades de promotion « l'auraient sans doute oublié ».


De sa jeunesse, Claude Guéant ne garde pas d'amis proches. Après avoir quitté sa région du Nord, il fait des études à Paris où il ne restera pas non plus, lui préférant la Province. En revanche, il conserve des valeurs qu'il a soufflées « à l'oreille de Nicolas Sarkozy » au cours de sa campagne présidentielle : l'ordre et le travail. Devenir préfet lui a ainsi permis d'appliquer ses valeurs et de se mettre au service de l'Etat selon les principes que lui ont transmis ses parents.



Christian Duplan et Bernard Pellegrin, Claude Guéant, l'homme qui murmure à l'oreille de Sarkozy, Editions du Rocher, 2008, 196 pages

*** Liens

Claude Guéant, l'homme qui murmure à l'oreille de Sarkozy
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