Course à l'image : Nicolas Sarkozy dépassé par François Fillon

Revue de presse · 1er fév. 2008 à 20:47

Course à l'image Sarkozy/Fillon

Dans l'histoire de la Vème République, le Premier ministre a toujours été en première ligne pour jouer le rôle de fusible et protéger ainsi le Président de la République. Il lui incombe d'essuyer les crises, de s'adresser au peuple pour le tenir au courant des avancées des projets mis en oeuvre par son gouvernement. Il est donc au premier plan dans la direction de l'Etat, le Président n'intervenant qu'à de rares occasions. Mais, avec Nicolas Sarkozy, changement de style. C'est lui qui prend en charge toute la communication, qui informe les Français de toutes les décisions ministérielles après avoir donné son avaloir. François Fillon, à côté, n'est qu'un simple « collaborateur ». Pourtant, depuis quelques semaines, le Premier ministre semble acquérir une certaine popularité tandis que Nicolas Sarkozy ne cesse de chuter dans les sondages.

Revue de presse du vendredi 01 février 2008

- Le Figaro : L'érosion de la popularité de Sarkozy se poursuit
- Les Echos : La chute de popularité de Sarkozy politise les élections municipales
- Le Monde : Comment les dirigeants européens gèrent l'impopularité

Un président surexposé qui déçoit, un Premier ministre discret et mesuré

La cote de popularité de Nicolas Sarkozy ne cesse de décliner. En effet, le Président déçoit un certain nombre de son électorat. Il semblerait d'abord que les personnes âgées soient choquées du comportement désinvolte d'un Président de la République qui s'affiche librement dans les bras d'une top modèle après que les médias se soient attardés à lister tous les amants de la belle. L'annonce du divorce de Nicolas Sarkozy a également fait grand bruit. Cette génération n'est guère tolérante envers cette évolution des moeurs. L'électorat du Front national et de gauche n'apprécient guère de voir le Président en vacances à travers le monde, voyageant à bord de yachts ou de jets privés tout en assurant aux Français qu'il n'est guère un magicien pour renflouer les caisses vides de l'Etat.
Si certains sont déçus par le fêtard, dépensier et exubérant président de la République, ils sont de plus en plus nombreux à faire confiance à François Fillon qui présente des caractéristiques radicalement opposées. Le Premier ministre n'évoque jamais sa vie privée, ne se montre guère en vacances, ne pose pas dans la presse people et n'apparaît que très rarement dans les médias. Aussi, les Français, lassés de voir un Président omnipotent et omniprésent, commencent à accorder davantage de crédit à un Premier ministre plus discret et mesuré.

Le Premier ministre dépasse le Président de la République dans les sondages

Tandis que François Fillon n'est guère un homme charismatique, il acquiert, au fil des mois, une certaine confiance auprès des Français. Selon un sondage IFOP pour Paris Match, la cote de popularité de Nicolas Sarkozy a dégringolé de 10 points en deux mois alors que celle de François Fillon se maintient. Les deux hommes sont au coude à coude avec 53 % de satisfaction pour Nicolas Sarkozy et 52 % pour François Fillon. Un autre sondage, BVA-Orange-Express publié le 31 janvier, montre que 48% des personnes interrogées disent avoir une mauvaise opinion de Nicolas Sarkozy alors qu'ils ne sont que 42% à avoir cette opinion à l'égard de François Fillon. En fait, les sondés appartenant à l'électorat de gauche se montrent moins hostiles envers le Premier ministre que Nicolas Sarkozy alors que l'électorat de droite continue de faire confiance au Président.

Première passe d'arme entre les deux hommes sur la politique économique

Face à un Président omniprésent, François Fillon tente d'imposer son autorité, trouver sa légitimité. En septembre dernier, les deux hommes se sont fortement opposés au sujet de la dette française. Le Premier ministre se montrait particulièrement pessimiste quant à l'avenir économique du pays, parlant même de faillite. Nicolas Sarkozy n'a guère apprécié sa remarque et l'a fait savoir publiquement. Tandis que l'un aimerait plus de rigueur en ce qui concerne la gestion du budget de l'Etat, l'autre affiche une certaine désinvolture. Pourtant, les Français ont fini par donner raison au Premier ministre en s'apercevant que les promesses faites lors de la campagne en ce qui concerne leur pouvoir d'achat ne se concrétisent guère. Leurs ressentiments à l'égard de Nicolas Sarkozy s'en font ressentir dans les sondages.

La revanche du collaborateur sur le président « bling bling »

Jusqu'à présent, le Président était à la fois très populaire et omniprésent dans les médias, refusant de déléguer certaines missions à son Premier ministre, le considérant comme un « collaborateur ». A l'automne dernier, François Fillon s'était d'ailleurs emporté, ne supportant plus d'être mis de côté. Grâce au succès des négociations sur les régimes des retraites, les deux hommes ont trouvé une méthode de travail semblant leur convenir, assurant travailler de concert. Pourtant, une rivalité entre les deux hommes est à prévoir et certains signes sont déjà perceptibles. Ainsi, dimanche 13 janvier au Grand jury RTL-LCI-Le Figaro, François Fillon, après avoir pris la précaution de dire que les Français savent faire le tri entre les informations privées du Président et la politique, n'a pu s'empêcher d'affirmer qu'il s'est toujours interdit de parler dans les médias de son intimité. Contrairement à Nicolas Sarkozy, il refuse de prêter son image aux journaux people ou de mêler vie privée et vie publique. Au président « bling bling », strass, paillette et montre de luxe, François Fillon joue sur la sobriété et le sérieux.


François Fillon semble avoir donc imposé son style, un style en opposition à celui du Président. Sa cote de popularité monte d'autant plus que celle de Nicolas Sarkozy chute. Parce que celui-ci endosse toutes les responsabilités et veut être en première ligne, c'est lui qui prend tous les coups, tandis que son Premier ministre demeure à l'abri des critiques. Mais dans les prochaines semaines, Nicolas Sarkozy va certainement essayer de reprendre la main, par exemple en confiant des dossiers « impopulaires » au Premier ministre et en se réservant, à lui, les annonces susceptibles de plaire à la population.

*** Liens

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