Sarkozy / Royal : le rôle des médias et des sondages dans la perception du débat

Télévision · 5 mai 2007 à 14:01

Le débat

Le débat entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy a été suivi par plus de 20 millions de téléspectateurs. Y'a-t-il un gagnant ? Quel est le rôle des médias et des sondages dans la perception du débat ? Quelle sera la petite phrase que l'on retiendra dans 20 ans ?
Les invités d'Yves Calvi ont répondu à ces questions sur France 5.

Débat Sarkozy/Royal : y'a-t-il un gagnant ?

Christophe Barbier, directeur de L'Express, a expliqué qu'à chaud, Ségolène Royal apparaît la gagnante du débat. Elle s'est montrée plus offensive, plus dynamique. Elle a assumé son rôle de challenger et est passée à l'attaque tout de suite. Sur la forme, c'est elle qui menait le débat.
Une fois l'émotion du débat passée, selon Christophe Barbier, il faut analyser à froid les idées qui ont été échangées, les signes favorables qui montrent qu'on peut diriger un pays, la présidentiabilité du candidat. A froid, ce serait plutôt Nicolas Sarkozy qui emporterait le débat : sur toute une série de sujets, il a articulé une pensée plus construite, il a fait une démonstration en se montrant plus précis alors que Ségolène Royal était davantage dans l'affirmation.

Un match nul profitable à Nicolas Sarkozy ?

Après toutes ces analyses, il apparaît que les deux candidats sortent gagnants. En se montrant pugnace, Ségolène Royal a pu remobiliser son camp, ceux qui pensaient que c'était perdu. La candidate socialiste a eu une bonne semaine : un débat réussi avec Bayrou, une grande manifestation au stade Charletty, et un débat plutôt réussi avec Nicolas Sarkozy. Elle peut donc espérer mobiliser ses électeurs.
De son côté, Nicolas Sarkozy a pu reprendre les thèmes de son programme et montré ainsi ses différences avec la candidate socialiste afin de mobiliser son camp. Il n'a pas été agressif, énervé, il a donc fait mentir ceux qui pouvaient être tentés par le "Tout Sauf Sarkozy". Il n'est pas apparu comme un homme dangereux du point de vue de son caractère. Il n'a donc pas perdu son temps.
Par conséquent, si c'est un match nul, s'il n'y a pas de gagnant, alors c'est lui qui en sort plutôt vainqueur étant donné qu'il avait déjà dans les sondages plusieurs longueurs d'avance sur sa rivale.

La réinterprétation du débat par les médias

Les électeurs se font une opinion en regardant le débat, mais également en écoutant les commentaires sur le débat. Ce n'est pas seulement le débat qui désigne un vainqueur, c'est aussi la perception de celui-ci, les avis des commentateurs dans les journaux, à la radio, à la télévision, et les sondages qui sont publiés.
Les supporters de chaque camp estiment que leur candidat à gagner. Pour savoir qui a gagné ce débat, il faut donc voir comment réagissent les centristes, les indécis. De ce point de vue, les sondages peuvent désigner un vainqueur. Or, de ce point de vue, Nicolas Sarkozy a creusé l'écart selon les derniers sondages.

L'enjeu du débat : un enjeu d'image

Selon Pierre Giacometti, directeur de l'institut IPSOS, s'agissant de la crédibilité présidentielle, de la capacité à diriger le pays, l'opinion a déjà tranché. Dans toutes les enquêtes d'opinion depuis 3 mois, Nicolas Sarkozy est considéré comme plus crédible sur les principales questions, notamment l'économique et le social.
L'enjeu n'était donc pas le même pour l'un et l'autre dans ce débat : Nicolas Sarkozy devait donner une image sereine et Ségolène Royal devait montrer qu'elle avait la carrure. Or, Ségolène Royal, en étant offensive, pugnace, a en contraste permis à Nicolas Sarkozy d'apparaître plus calme. Le candidat de droite défendait en début de campagne la notion de "rupture tranquille". Lors de ce débat, il a voulu montrer le côté tranquille de la rupture.
En tout état de cause, en abordant le débat en position de favori, Nicolas Sarkozy n'avait pas à prendre de risque alors que Ségolène Royal se devait d'être offensive.

Quelle sera la petite phrase qu'on retiendra de ce débat ?

A chaque débat, on retient des moments forts : "le monopole du coeur" en 1974, "l'homme du passif" en 1981, les joutes verbales Chirac/Mitterrand, le président sortant appelant Jacques Chirac "Monsieur le Premier ministre".

Dans ce débat de 2007, on peut supposer que c'est l'échange sur les handicapés qui restera. Mais on ne retiendra pas la même chose selon la victoire de l'un ou de l'autre selon Christophe Barbier. Si Ségolène Royal gagne, on se souviendra de son accusation "d'immoralité politique". Si Nicolas Sarkozy gagne, on se souviendra du "Vous vous êtes énervé, ça arrive à tout le monde".

Pour Pierre Giacometti, la petite phrase à retenir, ce serait celle de Ségolène Royal : "Je ne m'énerve pas, je suis en colère" car c'est une formule qui renvoie au comportement que les Français peuvent avoir lorsqu'ils parlent de politique. Les échanges sont souvent vifs.

Pour Roland Cayrol, on ne peut pas se souvenir du "ne vous énervez pas" car il faudrait se rappeler de toute la séquence. Il pense que la réplique qui restera sera celle de Nicolas Sarkozy : "Il faut rester calme pour être président de la République" car on aura l'occasion de rappeler cette phrase plus tard à Nicolas Sarkozy.

*** Liens

Articles de Politique.net
- Les débats présidentiels depuis 1974
- Le rôle des instituts de sondage dans la campagne électorale
- Royal/Sarkozy : comment se sont-ils préparés ?
- Sarkozy/Royal, le choc du débat
- Vidéo : le clash sur le handicap


Sur le web
- C dans l'air sur France 5

Commentaires