Cote de popularité en baisse : les 3 erreurs de Nicolas Sarkozy

Revue de presse · 16 jan. 2008 à 19:24

Cote de popularite de Sarkozy

La machine Sarkozy est-elle en train de se gripper ? Au lendemain d'une conférence de presse jugée réussie par l'ensemble de la presse, les sondages sont sans appel : la cote de popularité du chef de l'Etat est en baisse de 6 points par rapport au mois de décembre. L'omniprésence médiatique de Nicolas Sarkozy a été poussée à son paroxysme depuis un mois. Toutes les semaines, la totalité des Newsmagazines consacrent leur Une au chef de l'Etat, surtout depuis que sa romance avec Carla Bruni a été dévoilée. Mais la mise en scène de la vie privée du président de la République n'est pas le seul élément qui explique sa baisse de popularité. Explications.

Revue de presse du mercredi 16 janvier 2008

- Le Figaro : Sarkozy dans le rouge
- Europe 1 : Nicolas Sarkozy dégringole, l'UMP s'inquiète
- Le Monde : Le chef de l'Etat paye en popularité l'affichage permanent de sa vie privée

Une baisse dans les sondages qui s'accélère

La côte de popularité de Nicolas Sarkozy était sur la pente descendante depuis septembre. Mais cette baisse s'est accélérée au cours du dernier mois. Selon un sondage BVA du 15 janvier, la cote de popularité de Nicolas Sarkozy est passée dans le rouge : il recueille 48% d'opinions défavorables contre 45% d'opinions favorables. La baisse est de 6 points par rapport au mois de décembre. Même tendance chez Ipsos. Si les sympathisants de droite sont encore 80% à avoir une opinion favorable du chef de l'Etat, ils ne sont que 16% parmi les sympathisants de gauche. Mais la dégringolade du président de la République s'explique par le retournement de l'opinion des catégories populaires, déçues par l'absence de résultats sur le pouvoir d'achat, et les personnes âgées, sans doute troublées par les frasques très jet set d'un président ayant trop le goût du luxe.

1ère erreur : le candidat du pouvoir d'achat

Pendant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy s'était présenté comme le candidat du pouvoir d'achat. Première préoccupation des Français, le pouvoir d'achat est aussi un sujet sur lequel un président de la République a le moins d'influences. Dans un contexte de déficit budgétaire chronique, l'Etat poursuit la baisse de ses nombres de fonctionnaires. Le "travailler plus pour gagner plus" ne s'est toujours pas traduit dans les faits. Nicolas Sarkozy a beau annoncer la fin des 35 heures, encourager les heures supplémentaires, à l'arrivée, ce sont bien les entreprises qui décident. Le chef de l'Etat a d'ailleurs du l'admettre lors de ses voeux "Tout ne peut être résolu en un jour". Le pouvoir d'achat était d'ailleurs le grand absent de sa conférence de presse, le chef de l'Etat évoquant plutôt le long terme avec la politique de civilisation, faute de résultats sur le court terme.

2ème erreur : une politique économique illisible

Sous couvert de pragmatisme, la politique économique de la France est incohérente. Le gouvernement multiplie les mesures pour soutenir la demande, notamment en incitant les salariés à travailler davantage pour consommer davantage. Or, s'il y a bien un problème de pouvoir d'achat, il n'y a pas, paradoxalement, de problème de demande. La croissance économique de la France repose essentiellement sur la consommation intérieure. En revanche, il y a un vrai problème de l'offre. Les entreprises françaises ne sont pas compétitives. L'année dernière, le déficit extérieur a atteint un niveau record de 40 milliards d'euros. Autrement dit, la France importe 40 milliards d'euros de marchandises en plus par rapport à ce qu'elle exporte. Lorsque le gouvernement veut relancer la demande, il relance de fait la demande de produits importés. C'est cette incohérence que le chef de l'Etat n'a toujours pas résolu.

3ème erreur : la mise en scène sans retenue de la vie privée

Hormis la parenthèse de son idylle avec une journaliste du Figaro en 2005, Nicolas Sarkozy a toujours mis en scène sa vie privée. Mais ces derniers mois, entre son divorce et sa nouvelle relation avec une ex-mannequin, l'overdose de politique people se fait sentir dans l'opinion. Les frasques de milliardaire, du yacht de Bolloré aux villas luxueuses d'Egypte, en passant par une double augmentation de salaire (augmentation en janvier 2008 après l'augmentation plus discrète du mois de mai 2007), finissent par agacer. Nul doute que Nicolas Sarkozy va continuer et la presse également, qui a beau jeu de plus ou moins dénoncer cette peoplisation alors qu'elle n'a aucunement l'intention de lever le pied dans un registre qui fait décoller les ventes en kiosque. Mais l'effet d'érosion dans l'opinion sera d'autant plus rapide que l'exposition sera maximale.

A deux mois des élections municipales, ces premiers signes d'essoufflement inquiètent de plus en plus les élus UMP qui craignent de payer au prix fort les premiers ratés de Nicolas Sarkozy.

*** Liens

- Opinion Way : les internautes sondés sont-ils tous de droite ?
- Sondages contradictoires sur Sarkozy : les médias choisissent leurs chiffres
- Municipales à Paris : l'interprétation des sondages varie d'un média à l'autre
- Sarkozy / Royal : le rôle des médias et des sondages dans la perception du débat
- Le français des sondages : l'abonné au téléphone fixe de plus de 34 ans
- Le rôle des instituts de sondage pendant la campagne présidentielle

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