Sarkozy à Malte : les coulisses d'un fiasco médiatique

Enquête · 11 mai 2007 à 10:15

Sarkozy à Malte

Nicolas Sarkozy devait partir 10 jours dans un lieu isolé pour méditer et "habiter" la fonction de président. Il est finalement parti 2 jours et demi sur un yacht de milliardaire sous les objectifs des photographes survolant les côtes de Malte en hélicoptère. Suite à la polémique, il est rentré précipitamment pour assister au côté de Jacques Chirac à une cérémonie commémorant l'abolition de l'esclavage, lui qui voulait en finir avec la repentance. Comment Nicolas Sarkozy, spécialiste de la communication politique, a-t-il pu se tromper à ce point pour ses premiers pas en tant que président de la République ?

Le soir de la victoire, le plan de communication est arrêté

Nicolas Sarkozy doit partir se reposer en Corse. Contrairement à Chirac et Mitterrand en 1995, il ne veut pas assister aux cérémonies du 8 mai avec Jacques Chirac pour ne pas donner l'impression d'une présidence à deux têtes. Il souhaite que Jacques Chirac exerce ses fonctions jusqu'au 16 mai et ne compte pas s'afficher auprès de lui avant la passation des pouvoirs.
Finalement, au lendemain de la victoire, Nicolas Sarkozy change de destination. Après une nuit dans un palace parisien, il décide de prendre quelques jours de vacances sur le yacht d'un de ses amis, Vincent Bolloré, avec sa femme et son fils.

Un retour précipité pour commémorer l'abolition de l'esclavage

Comment se fait-il que Nicolas Sarkozy soit réapparu pour les commémorations de l'esclavage du 10 mai alors qu'il était absent aux commémorations du 8 mai et qu'il a avait déclaré vouloir en finir avec la repentance ?
D'un point de vue symbolique, il aurait mieux fallu qu'il soit à Paris pour commémorer la victoire plutôt que l'abolition de l'esclavage par rapport à son discours de campagne. Tout ceci s'explique par le timing de son escapade maltaise. Il n'avait pas pris conscience de la polémique que susciteraient ses vacances luxueuses auprès de l'opinion mais aussi de ses militants. Au dernier moment, il a décidé de revenir beaucoup plus tôt.
A l'origine, il devait partir 10 jours pour "habiter" la fonction présidentielle, c'est-à-dire pour prendre du recul. Mais cette retraite est devenue une escapade luxueuse sur un yacht de milliardaire. Il est revenu précipitamment à Paris.

Un retour orchestré par ses proches et Jacques Chirac

Selon Raphaëlle Bacqué, journaliste politique au Monde, il a pris conscience sur le tard de l'émotion que suscitait sa croisière maltaise. Ses proches lui ont conseillé de rentrer plus tôt et d'y mettre fin. L'Elysée est également intervenu, Jacques Chirac proposant à Nicolas Sarkozy une porte de sortie en l'invitant aux commémorations de l'abolition de l'esclavage. Nicolas Sarkozy s'est retrouvé coincé et contraint d'accepter la proposition de Jacques Chirac qui, en s'affichant au côté du nouvel élu, voulait montrer qu'il y avait une continuité de l'Etat et qu'il n'y avait pas rupture.

Sarkozy, un rapport décomplexé à l'argent

Il n'a pas perçu tout de suite le risque de polémique de sa croisière à Malte car il a toujours eu un rapport très décomplexé à l'argent. Il n'a donc pas mesuré tout de suite les conséquences de son voyage à Malte et a donc été contraint de rectifier le tir dans la précipitation. Et voilà comment la bonne idée d'une retraite pour prendre du recul se termine en fiasco médiatique par un retour fait dans la précipitation.

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