Pendant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait eu un slogan accrocheur "travailler plus pour gagner plus". Ségolène Royal préférait parler de "la vie chère". La question du pouvoir d'achat était donc centrale pendant la campagne et constitue encore aujourd'hui une des principales préoccupations de l'opinion. Mais concrètement, qu'est-ce que le pouvoir d'achat ?
Le pouvoir d'achat est la capacité d'un individu à acquérir des biens et des services grâce à son revenu, c'est-à-dire grâce à toutes les ressources dont il dispose (travail, capital, prestations familiales et sociales). L'évolution du pouvoir d'achat dépend donc du revenu et des prix. Si les prix augmentent alors que les revenus restent stables, le pouvoir d'achat baisse. En revanche, si la hausse des revenus est supérieure à celle des prix le pouvoir d'achat augmente.
Que ce soit dans la fonction publique ou le secteur privé, les revenus
stagnent depuis quelques années. Dans le secteur public, les revenus stagnent
car les gouvernements successifs de ces dernières années ont refusé
d'organiser de larges de négociations avec les syndicats pour procéder
à une hausse générale des traitements des fonctionnaires.
Face à une dette colossale et un déficit qui se creuse chaque année,
l'Etat n'a pas les moyens financiers de procéder à ces hausses généralisées.
Les syndicats ne sont pas de cet avis et considèrent que c'est une question
de hiérarchisation des priorités.
Dans le secteur privé, la hausse des salaires est également relativement
faible. Plusieurs raisons peuvent être avancées : un contexte économique
morose, des charges sociales trop élevées pour les PME, une répartition
capital/travail qui bascule au profit des premiers avec des actionnaires qui réclament
toujours plus de profits et une minimisation des coûts. Enfin, la mondialisation
et la concurrence des pays émergents dans certains secteurs d'activité
poussent les entreprises à licencier. Dans ce contexte parfois hostile,
les dirigeants d’entreprise sont souvent en position de force pour limiter
les hausses de salaire, voire pour augmenter la durée du travail sans augmentation
de salaire.
Parallèlement à cette stagnation des revenus, la hausse des prix
est constante. Les biens de consommation courante ont augmenté, notamment
en raison du passage à l'Euro. Mais la conversation franc/euro n'explique
pas tout. S'agissant des biens de consommation, certaines hausses de matières
premières sont directement répercutées sur le prix des produits.
C'est le cas du prix du blé cet été, car les stocks mondiaux
sont au plus bas. C'est également le cas du prix du lait. Les stocks de
lait sont insuffisants par rapport à la demande mondiale qui s'est considérablement
accrue, notamment en raison de la hausse de la demande de certains pays comme
l'Inde ou la Chine. Cependant, toutes ces explications sont parfois utilisées
par certains industriels pour répercuter des hausses de prix plus importantes
que la hausse des coûts des matières premières afin d'augmenter
leurs marges.
Enfin, deux secteurs de dépense ont considérablement augmenté
ces dernières années : l'énergie et le logement. En 10 années,
les prix de l'immobilier se sont envolés, les valeurs ont parfois doublé.
Parallèlement à cette hausse du prix au m², les loyers ont
aussi fortement augmenté. Se loger devient difficile et acquérir
un bien immobilier pour la première fois relève de la mission impossible
dans certaines régions, à commencer par Paris et sa périphérie,
pour la classe moyenne.
S'agissant de l'énergie, les prix du gaz et de l'électricité
augmentent, mais c'est surtout le prix des carburants qui a fortement progressé
ces derniers mois. A chaque fois, toutes ces hausses de prix contribuent à
baisser le pouvoir d'achat des salariés car ces hausses ne sont pas compensées
par des augmentations de salaire.
Par conséquent, le pouvoir d'achat baisse car les salaires augmentent moins
vite que les prix des biens de consommation.