Enquête · 30 mar. 2009 à 21:07
Tous les matins, à 8h30, se tient une réunion dans le salon vert, à l'Elysée, autour de Nicolas Sarkozy. C'est la réunion la plus importante de la journée, là où se prennent toutes les décisions. Nicolas Sarkozy y définit la stratégie du pouvoir à l'aide de douze conseillers. C'est le gouvernement bis. Autour de la table, on trouve Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée, Henri Guaino, la plume du président, Catherine Pégard, l'ancienne rédactrice en chef du Point, conseillère politique, Emmanuelle Mignon, la conseillère spéciale, Jean-David Levitte, conseiller diplomatique, Cédric Goubet, chef de cabinet, Raymond Soubie, conseiller social, Jérôme Peyrat, conseiller politique, Patrick Ouart, conseiller à la justice et Franck Louvrier, conseiller en communication, Xavier Musca, secrétaire général adjoint. Tous ont la confiance du président. Portraits de ce gouvernement de l'ombre.
Série 8/12 : Catherine Pégard, du Point à l'Elysée
Catherine Pégard est née le 5 août 1954 au Havre. Très jeune, elle sait précisément ce qu'elle veut faire : devenir journaliste. Quand elle est lycéenne, elle propose ses premiers papiers au journal local. C'est grâce à son amie, la fille de Roger Campion, alors rédacteur en chef, qu'elle obtient cette opportunité.
Son baccalauréat en poche, elle commence des études d'Histoire et de Sciences politiques, sans oublier son projet : devenir journaliste. C'est ainsi qu'elle commence sa carrière de journaliste en 1977, au quotidien J'informe. Mais le journal ne connaît pas le succès escompté, il s'arrête après 77 numéros, au bout de trois mois seulement. Catherine Pégard rebondit et entre au Quotidien de Paris, dirigé alors par Philippe Tesson.
Elle entre au Point en 1982 comme journaliste au service politique. Sa spécialité est la droite parlementaire. En 1983, quand Nicolas Sarkozy est élu maire de Neuilly-sur-Seine, elle publie un article fort flatteur qu'elle définit comme « un guépard plein de ressources ». (Nouvel Obs).
Elle devient ensuite rédactrice en chef et rédige chaque semaine un bloc-notes politique intitulé « Les carnets de Catherine Pégard » dans lesquels elle raconte les coulisses de la politique. À partir d'octobre 2004, elle anime avec Alexandra Golovanoff une émission, Les Femmes et Les Patrons d'abord, sur Paris Première. Durant la campagne présidentielle de 2007, les articles politiques élogieux dans Le Point à l'égard de Nicolas Sarkozy sont légion. Aussi, quand Nicolas Sarkozy offre un poste de conseillère à Catherine Pégard, les langues se délient et la presse se montre suspicieuse à l'égard de la journaliste, proche des politiques depuis trente ans.
Finalement, Catherine Pégard accepte, déclinant l'offre du Premier ministre qui aurait souhaité la voir à Matignon. C'est modestement qu'elle se présente comme le rappelle L'Express devant les membres du cabinet du Président réunis : « Je ne suis pas énarque ni haut fonctionnaire. Je suis journaliste à usage particulier du président. »
Son rôle est dès lors de prendre note de tout ce qui concerne Nicolas Sarkozy, ses faits et gestes afin de transmettre à la postérité une image qu'elle veut fidèle de son quinquennat. Elle suit le Président dans ses déplacements, participe à ses différents voyages officiels... L'Express rapporte encore qu'elle aurait souhaité insuffler à Nicolas Sarkozy le goût pour la culture et l'entraîner dans les musées et expositions, mais il semble que dans ce domaine elle ait échoué.
Dans Le Figaro, elle serait même allée jusqu'à affirmer que Nicolas Sarkozy aurait fortement apprécié le livre de Tahar Ben Jelloun, Sur ma mère.
Son rôle est encore mal défini et suscite de nombreuses questions.
Mais en mars 2008, Nicolas Sarkozy la promeut chef du pôle politique. Désormais, elle doit s'occuper des relations avec les élus assistée par Jérôme Peyrat et Olivier Biancarelli.
Elle assiste également chaque mardi matin aux réunions de la majorité à Matignon, un carnet à la main. C'est elle qui permet de dénouer des tensions entre le président de la République et François Fillon. Elle joue un rôle de médiatrice.