Jérôme Peyrat, portrait de l’ancien conseiller politique de Nicolas Sarkozy

Enquête · 25 mar. 2009 à 19:50

Jérôme Peyrat

Tous les matins, à 8h30, se tient une réunion dans le salon vert, à l'Elysée, autour de Nicolas Sarkozy. C'est la réunion la plus importante de la journée, là où se prennent toutes les décisions. Nicolas Sarkozy y définit la stratégie du pouvoir à l'aide de douze conseillers. C'est le gouvernement bis. Autour de la table, on trouve Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée, Henri Guaino, la plume du président, Catherine Pégard, l'ancienne rédactrice en chef du Point, conseillère politique, Emmanuelle Mignon, la conseillère spéciale, Jean-David Levitte, conseiller diplomatique, Cédric Goubet, chef de cabinet, Raymond Soubie, conseiller social, Jérôme Peyrat, conseiller politique, Patrick Ouart, conseiller à la justice et Franck Louvrier, conseiller en communication. Tous ont la confiance du président. Portraits de ce gouvernement de l'ombre.

Série 6/12 : Jérôme Peyrat, le chiraquien passé chez Sarkozy

Elysée, la réunion de 8h30

Origines et formation

Jérôme Peyrat est natif du Périgord. Il voit le jour le 28 novembre 1962 à La Roque-Gageac, la commune de ses parents et de ses grands-parents. Très attaché à sa terre et à ses valeurs, il revendique ses origines paysannes et modestes. Il est d'ailleurs, depuis 1995, maire de La Roque-Gageac et président de la Communauté de communes du Périgord Noir.
Il suit sa scolarité dans le public à La Roque-Gageac et à Sarlat, au collège public La Boétie et au lycée Pré de Cordy. Grâce à sa bourse d'étudiant, il peut faire des études de Droit à Bordeaux. Il sort major de sa promotion. Il monte ensuite à Paris pour intégrer l'Institut d'Etudes Politiques de Paris. Il choisit la filière « service public », voie royale pour entrer à l'ENA, concours qu'il réussit. Mais avant d'accéder à cette école, il doit faire son service militaire. Pour ce faire, Jérôme Peyrat suit un peloton préparatoire à Saint-Cyr pendant cinq semaines. Il intègre alors l'Ecole des Officiers de Réserve de Montpellier, est envoyé à Berlin et commande une quarantaine de soldats.
De retour en France, au début de l'année 1989, il entre à l'ENA. Le directeur des stages, Christian Frémont, est Périgourdin comme lui. En général, les énarques doivent faire un stage dans les Préfectures afin de connaître la province, mais Jérôme Peyrat qui en est originaire se voit envoyer en Turquie, à l'Ambassade de France d'Ankara. Son stage dure 9 mois pendant lesquels il se spécialise dans la question kurde. Suite à ce stage, il en fait un nouveau, cette fois en France, à Roubaix. L'opération est plus délicate : il doit effectuer son stage dans une industrie de textile qui s'apprête à faire un plan social. Jérôme Peyrat doit s'occuper du sort d'une cinquantaine d'employés. Dans une interview du 2 février 2007 pour Le Courrier français de Dordogne, il admet n'avoir pu recaser qu'une quinzaine de personnes dans la construction du tunnel sous la Manche, les autres restant sur le carreau.

Proche collaborateur de Jacques Chirac

Quand il sort de l'ENA en 1990, il décide d'entrer dans l'administration. Il entre dans la direction des Relations Internationales de la Mairie de Paris. Il est responsable des déplacements à l'étranger du Maire avec qui il voyage à travers le monde. Il reste à ce poste pendant quatre ans. A partir de 1992, Jérôme Peyrat suit Jacques Chirac dans le cadre de la campagne pour la ratification du traité de Maastricht. C'est lui qui s'occupe de rédiger ses notes de synthèse.
Quand Jacques Chirac est élu président de la République, Jérôme Peyrat est chargé dans un premier temps de la presse étrangère puis est nommé adjoint de Catherine Colonna, la porte-parole de l'Elysée. Il occupe ce poste pendant trois ans.
Mais en 1998, il décide de partir. Jacques Chirac lui propose le poste de directeur général de l'information de la mairie de Paris. Il s'occupe des ressources humaines. Quand en 2001, Jean Tiberi souhaite se représenter aux élections municipales, Jérôme Peyrat préfère quitter son poste.

Du RPR à l'UMP

Michèle Alliot-Marie, alors présidente du RPR, cherche un proche de Jacques Chirac pour diriger la communication et son cabinet. Elle choisit de nommer Jérôme Peyrat. Celui-ci a plusieurs missions : il doit notamment participer à la campagne présidentielle de 2002 et surtout permettre la fondation de l'UMP. En 2002, Alain Juppé est élu président du nouveau parti. Il nomme Jérôme Peyrat Délégué général de l'UMP. En 2004, Alain Juppé est condamné par la justice à une inéligibilité ce qui l'oblige à démissionner de toutes ses fonctions politiques y compris de la direction de l'UMP. Jérôme Peyrat est chargé de la préparation du congrès du Bourget pour élire un nouveau président. C'est Nicolas Sarkozy qui est élu. Il nomme Jérôme Peyrat directeur général de l'UMP. Quand le chef de l'UMP est nommé ministre de l'Intérieur, il propose à son collaborateur de le suivre et le nomme conseiller politique. Dès cette époque, Jérôme Peyrat s'occupe de la campagne du candidat Sarkozy à la présidentielle de 2007.

Conseiller Politique du Président de la République jusqu'en janvier 2009

Au lendemain de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy nomme Jérôme Peyrat conseiller politique, chargé des relations avec le Parlement et les élus de la majorité. Le 7 janvier 2009, il est nommé directeur de cabinet d'Alain Jouyandet, secrétaire d'Etat à la Coopération et à la Francophonie. Jusqu'au début de l'année, il assistait à la réunion de 8h30 à l'Elysée.

Commentaires