Emmanuelle Mignon, portrait de la conseillère de Nicolas Sarkozy

Enquête · 18 mar. 2009 à 20:47

Emmanuelle Mignon

Tous les matins, à 8h30, se tient une réunion dans le salon vert, à l'Elysée, autour de Nicolas Sarkozy. C'est la réunion la plus importante de la journée, là où se prennent toutes les décisions. Nicolas Sarkozy y définit la stratégie du pouvoir à l'aide de douze conseillers. C'est le gouvernement bis. Autour de la table, on trouve Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée, Henri Guaino, la plume du président, Catherine Pégard, l'ancienne rédactrice en chef du Point, conseillère politique, Emmanuelle Mignon, la conseillère spéciale, Jean-David Levitte, conseiller diplomatique, Cédric Goubet, chef de cabinet, Raymond Soubie, conseiller social, Jérôme Peyrat, conseiller politique, Patrick Ouart, conseiller à la justice et Franck Louvrier, conseiller en communication. Il y avait également François Pérol, remplacé depuis deux semaines par Xavier Musca. Certains s'expriment dans les médias, d'autres restent dans l'ombre. Tous ont la confiance du président. Portraits de ce gouvernement de l'ombre.

Série 3/12 : Emmanuelle Mignon, l'un des cerveaux du président

Elysée, la réunion de 8h30

Origines et formation

Emmanuelle Mignon est née à Paris en 1968. Ses parents sont tous deux médecins. Ils ont quatre enfants à qui ils donnent une éducation catholique en les inscrivant au collège Saint-Marie de Neuilly-sur-Seine et au lycée Sainte-Geneviève de Versailles. Dans cette tradition chrétienne, Emmanuelle Mignon fait partie également des scouts unitaires de France.
Brillante élève, elle fait des études commerciales et sort diplômée de l'Essec et de Sciences Po puis intègre l'ENA. Elle est major de la promotion René Clair en 1995. Elle entame une licence de théologie qu'elle n'achève pas. Mais de son éducation religieuse, elle garde de nombreuses valeurs et amitiés. Elle est amie avec le frère dominicain Philippe Verdin et certaines de ses proches sont devenues soeurs à Paray-le-Monial. Quant aux valeurs, elle assure être ouverte aux questions portant sur le mariage des prêtres ou les remariages...
Après l'ENA, elle commence à enseigner dans différentes grandes écoles le droit public ainsi que la fiscalité. En 1998, elle entre au Conseil d'Etat où elle est maître de requêtes, rapporteur à la section du contentieux, responsable du centre de documentation et commissaire du gouvernement.

2002 : conseillère au cabinet du ministère de l'Intérieur

Très vite, Emmanuelle Mignon se forge une réputation de jeune femme particulièrement brillante. Renaud Denoix de Saint Marc, le vice-président du Conseil d'État, pense aussitôt à elle quand Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, lui demande : « Je veux le plus beau cerveau de tes services ». Emmanuelle Mignon entre alors dans son cabinet ministériel. Rigide voire austère, elle tranche par son look comme par son comportement avec l'équipe de Sarkozy. C'est elle qui s'occupe des questions juridiques et des libertés publiques. Elle est notamment responsable du dossier concernant l'abolition de la loi sur la double peine.

2004 : Directrice des études de l'UMP

En novembre 2004, Nicolas Sarkozy quitte le ministère de l'Economie pour prendre la présidence de l'UMP. Il demande à Emmanuelle Mignon de le suivre et la nomme directrice des études du parti. Dès son arrivée, elle se débarrasse de la moitié de l'équipe précédente pour apporter du sang neuf. L'objectif est dores et déjà de préparer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Elle s'occupe à la fois des différents congrès du parti comme de l'élaboration du programme présidentiel. Même si elle s'est montrée fidèle à Nicolas Sarkozy depuis 2002, quand sonne l'heure de la victoire, le président fraîchement élu lui confie la direction de son cabinet à l'Elysée.

2007 : directrice de cabinet de l'Elysée

Directrice de cabinet, elle est responsable du budget de l'Elysée. Ses débuts sont particulièrement remarqués et soulève la polémique puisqu'elle se montre économe, à la limite de la pingrerie quant aux dépenses de l'Etat. On lui reproche en effet ses différentes mesures économiques : les permanences de nuit lui semblent trop coûteuses et inefficaces, les cartes de voeux que l'on s'envoie d'administration à administration inutiles... Elle revient également sur les avantages des collaborateurs de Nicolas Sarkozy qui bénéficient au palais de l'Alma de logements tous frais payés... A présent, ils doivent régler leur loyer... Au-delà de ces questions d'intendance, Emmanuelle Mignon est chargée du grand projet du président sur le paquet fiscal, estimant cependant qu'elle aurait pu aller plus loin.
Selon Le Figaro, Claude Guéant et Emmanuelle Mignon ont des rapports difficiles. Pendant un temps, elle hésite à quitter l'Elysée pour Matignon mais Nicolas Sarkozy veut la garder près de lui. Il lui confie alors deux nouveaux domaines : l'audiovisuel et les cultes. Concernant les dossiers religieux, elle suscite la controverse : Nicolas Sarkozy est ainsi accusé de ne pas séparer distinctement Etat et religion et de ne pas respecter la laïcité. C'est à Emmanuelle Mignon que l'on doit les discours de Saint-Jean-de-Latran, de Riyad en Arabie saoudite ou devant le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Aucun n'est passé inaperçu.
D'autres propositions suscitent le débat : en février 2008, Nicolas Sarkozy lance l'idée de faire « porter par des élèves de CM2 la mémoire » des onze mille enfants juifs français morts dans les camps de concentration nazis. Encore une idée d'Emmanuelle Mignon... Dans une interview accordée au magazine VSD, quelque temps plus tard, elle aurait affirmé qu'elle considère que l'église de Scientologie n'est pas obligatoirement une secte... Les sectes seraient d'ailleurs pour elle « un non problème » en France. Face à la polémique, Emmanuelle Mignon se rétracte et nie avoir tenu de tels propos.

2008 : Conseillère de Nicolas Sarkozy

Un an après être entrée à l'Elysée, Emmanuelle Mignon change d'affectation. Depuis juillet 2008, Emmanuelle Mignon est devenue conseillère à l'Elysée. C'est elle qui a notamment préparé les Etats généraux de la presse. Elle assiste tous les matins à la réunion de 8h30 à l'Elysée.

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