Au Parti Socialiste, quelles alliances se dessinent après l'université d'été ?

Revue de presse · 1er sep. 2008 à 09:04

Alliances à la Rochelle

François Hollande a conclu son discours de clôture de l'université d'été La Rochelle par une pirouette : "Merci et à demain". Dans trois mois, il quittera la direction du Parti Socialiste après avoir passé 11 années au poste de Premier secrétaire. Pour autant, il compte bien rester bien actif au sein du parti pour rester dans la course à la présidentielle de 2012. Mais qui va lui succéder ? L'université d'été de la Rochelle a permis de jauger les forces des uns et des autres, et d'y voir un peu plus clair sur les alliances qui se dessinent. Entre conciliabules, coups de téléphone et trahisons, qui est avec qui au Parti Socialiste ?

Revue de presse du lundi 01 septembre 2008

- Rue89 : A quoi sert l'université d'été du Parti socialiste ?
- Le Figaro : Au PS, la guerre de succession s'intensifie
- Libération : A La Rochelle, François Hollande comme si de rien n'était

Les candidats à la succession de François Hollande pensent la même chose

Quatre candidats se détachent en vue du congrès du Parti socialiste en novembre prochain : Ségolène Royal, Bertrand Delanoë, Martine Aubry et Pierre Moscovici. Tous ces prétendants sont issus de l'ancienne majorité. Globalement, ils ont les mêmes positions politiques. Ce sont donc essentiellement des différences de personnalités et le choc des ambitions qui expliquent leur candidature. D'où le malentendu avec les militants ce week-end : des débats de fonds et des forums ont été organisés, mais l'enjeu n'était pas là. Ce sont les alliances des uns avec les autres qui permettront à l'un de ces quatre candidats à l'emporter. Certains militants ont donc été particulièrement dépités en voyant que les conciliabules se faisaient sans eux, sans réel débat sur le fond.

Ségolène Royal : un isolement qui commence à inquiéter ses proches

Parmi les quatre candidats, Ségolène Royal est celle qui est restée le moins longtemps à La Rochelle. Arrivée vendredi, elle n'est restée que 24 heures. Sa reprise de Juliette Gréco "Aimez-vous les uns les autres ou bien disparaissez" en dit long sur la situation du PS : tous parlent d'union, mais tous souhaitent la défaite de l'autre. Ségolène Royal n'a fait qu'un passage express à l'université d'été car elle ne souhaitait pas se mêler aux tractations secrètes entre courants en estimant que les militants en ont assez des alliances contre-natures qui se forment sans eux. Mais son pari est risqué, de l'avis même de ses proches : car en la jouant perso, Ségolène Royal risque de ne pas réussir à construire une coalition majoritaire. Peu de commentateurs pensent qu'elle puisse réunir sous son nom une majorité au PS, malgré ses 17 millions de voix obtenus à la présidentielle. Il lui faudra donc s'allier. Or, pour l'instant, elle s'isole.

Bertrand Delanoë : une motion Jospin-Rocard-Hollande ?

Depuis le début, le maire de Paris est soutenu par le courant Jospin-Rocard pour prendre la tête du PS. Fort d'une popularité construite sur son bilan politique à la tête de la capitale, Bertrand Delanoë incarne la ligne social-démocrate. Sur la plupart des orientations politiques, il y a une convergence de vues entre lui et Ségolène Royal. C'est davantage une différence de style ou une manière d'exercer le pouvoir qui les distingue. Malgré le soutien du courant Jospin-Rocard, ce ne sera pas suffisant pour que Bertrand Delanoë obtienne la majorité au PS. Mai les déclarations de ce week-end indiquent qu'un rapprochement est possible avec François Hollande. Même si le poids politique du Premier secrétaire sortant est inconnu au sein du PS, nul doute qu'une alliance entre les deux hommes permettrait à Bertrand Delanoë de bâtir une majorité. Dans l'hypothèse d'un ralliement de François Hollande, le maire de Paris apparaît donc aujourd'hui comme le mieux placé des quatre prétendants.

Martine Aubry : une motion Fabius-Strauss-Kahn ?

Martine Aubry est la surprise de ces derniers mois. Ecartée de la scène nationale depuis 2002, elle s'était réfugiée dans sa mairie de Lille pendant toutes ces années. Sa large victoire aux municipales de mars dernier l'a remis en scelle. Son retour sur la scène nationale s'inscrit dans la démarche des "reconstructeurs", groupe hétéroclite qui refuse le duel Royal/Delanoë. Composée de fabiusiens et de Strauss-khaniens, cette troisième voie, à défaut d'une réelle cohérence politique, entend barrer la route des présidentiables pour éviter les guerres intestines au PS. En réalité, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius préféreraient un Premier secrétaire de transition pour garder toutes leurs chances pour la présidentielle 2012. C'est donc dans ce contexte que Martine Aubry a rejoint ce courant pour en prendre la tête. Elle constitue la troisième candidate sérieuse au poste de Premier secrétaire même si l'hétérogénéité d'un courant mêlant des militants du oui et du non à la constitution européenne l'handicape.

Pierre Moscovici : une motion de grands élus et de quelques Strauss-khaniens

De la génération montante, Pierre Moscovici, ancien bras droit de Dominique Strauss-Kahn, est le seul à être en mesure de rivaliser avec les trois autres candidats. A la différence de Julien Dray par exemple, il peut compter sur le soutien d'un réseau d'élus, à commencer par une partie des Strauss-Khaniens qui rejettent la candidature de Martine Aubry. Mais il sort un peu affaibli de l'université d'été du PS depuis qu'une grande partie des Strauss-khaniens ont apporté leur soutien à Martine Aubry dès le vendredi.
Le lendemain, il a tout de même réussi à rebondir grâce au ralliement des grands élus locaux, unis sous la bannière "la ligne claire". Ces grands élus hésitaient depuis le début entre Martine Aubry et Pierre Moscovici. Partisan d'un socialisme réformiste, ils ne veulent pas d'un présidentiable à la tête du parti pour que le PS se concentre sur les questions de fond. Pierre Moscovici apparaît donc pour eux le candidat idéal depuis que Martine Aubry s'est rapprochée des fabiusiens au détriment de la cohérence politique. Malgré tout, ce ne sera pas suffisant pour Pierre Moscovici dans l'état actuel des choses pour espérer l'emporter en novembre prochain. Il faudrait pour cela que sa motion fusionne avec celle de Martine Aubry. Et ce n'est pas gagné.



L'université d'été s'achève donc sur un bilan mitigé : les militants ont eu le sentiment d'être tenu à l'écart de la construction des alliances qui s'apparente avant tout à un jeu de rôles entre quatre prétendants. A ce jour, Bertrand Delanoë apparaît comme le mieux placé pour succéder à François Hollande. Mais si Pierre Moscovici et Martine Aubry parviennent à s'entendre, ils pourraient écarter les deux présidentiables du parti, Ségolène Royal et Bertrand Delanoë.

*** Liens

Le congrès de novembre 2008
- Congrès du Parti Socialiste : le choix de la ville de Reims
- Quelles sont les différences entre Ségolène Royal et Bertrand Delanoë ?
- Bertrand Delanoë se prépare secrètement pour prendre la tête du Parti Socialiste
- "Utile et serein .com" : la stratégie internet de Ségolène Royal
- Martine Aubry, la 3ème candidate du congrès face à Royal et Delanoë
- François Hollande, l'arbitre discret du congrès du PS

La crise du Parti Socialiste
- Qui sont les éléphants du PS ?
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- Le Parti socialiste, un parti d'élus locaux sans ambition nationale ?
- Le Parti Socialiste voit ses effectifs baisser de 40% dans certaines fédérations
- Les divisions du Parti Socialiste
- Les différences idéologiques au sein du PS

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Politique.net : Qu'est-ce qu'une université d'été ?

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