Eléphants du PS

Origines de l'expression : le congrès de 1973

Les éléphants du PS

Le Parti Socialiste est créé lors du congrès d'Epinay en 1971. François Mitterrand en prend la direction à cette époque. Deux ans plus tard, les cadres du PS se réunissent lors du congrès de Grenoble. Ce congrès s'est tenu du 22 au 24 juin 1973 et a confirmé la domination de François Mitterrand sur le PS. A cette époque, le PS est composé de plusieurs groupes : les anciens membres de la SFIO (les anciens socialistes de la Section Française de l'Internationale Ouvrière), les membres du CERES (groupe de Chevènement) mais aussi de tous nouveaux membres qui sont devenus socialistes avec la création du PS.
Lors de ce congrès, des cadres historiques du mouvement socialiste se sont réunis un soir pour négocier et constituer un courant majoritaire au sein du PS. Tous les hauts dirigeants du PS se trouvaient à cette réunion. Voyant ces cadres se diriger vers la salle de réunion, un militant de l'ancienne SFIO aurait déclaré : « voilà les éléphants qui vont se réunir ». Et celui-ci d'ajouter que « c'est l'heure où les éléphants vont boire ». En clair, les cadres du PS se réunissaient pour négocier des postes et se répartir les fonctions.

Une expression pour désigner les cadres du Parti socialiste

Depuis ce congrès de Grenoble de 1973, le terme « éléphants » désigne l'ensemble des cadres historiques du Parti socialiste. Aujourd'hui, sont désignés « éléphants » les personnalités politiques du PS qui occupent une place à part dans l'histoire du socialisme (les anciens Premiers ministres), celles qui sont à la tête des grosses fédérations ou qui siègent dans des instances emblématiques comme au bureau national du PS.
Ainsi, Laurent Fabius, Lionel Jospin, Pierre Mauroy, tous trois anciens Premiers ministres, sont considérés comme des éléphants. Jack Lang, Dominique Strauss-kahn sont également à ranger dans cette catégorie. Plus généralement, on appelle éléphant tout homme politique qui occupe un poste de responsable depuis de très nombreuses années.
Plus récemment, le terme « d'éléphanteau » est apparu dans le vocabulaire socialiste. Un éléphanteau serait un jeune responsable socialiste dont l'influence au sein du PS s'accroît et qui grimpe dans la hiérarchie du Parti. Arnaud Montebourg est parfois qualifié d'éléphanteau.

D'une expression péjorative à un terme utilisé par tous

L'expression d'éléphants du PS est toujours péjorative. C'est une manière de désigner ceux qui occupent, voire monopolisent, tous les postes au détriment d'une nouvelle génération qui aurait des idées moins archaïques. Un éléphant, c'est lourd, poussif. L'expression « mémoire d'éléphant » renvoie au passé. Par conséquent, c'est surtout la droite qui emploie cette expression pour railler les vieux personnages d'une gauche qui appartiendrait au passé.
Cependant, si cette expression garde encore cette connotation péjorative aujourd'hui, elle est de plus en plus utilisée par les médias, de tous bords. Ainsi, avec le retour de Jospin, Fabius et Strauss-kahn dans l'équipe de campagne de Royal, Le Figaro titre « Le retour des éléphants fait sourire la droite » (24.02.2007). Yann Arthus Bertrand, célèbre photographe qui soutient Ségolène Royal, a même déclaré : « Les troupeaux d'éléphants sont toujours dirigés par une femelle ». (NouvelObs). Le 2 février, le journal Le Monde n'hésite pas non plus à titrer « Ségolène Royal invite les "éléphants" du PS, y compris Lionel Jospin, à entrer dans la campagne ». Ce terme d'éléphants est donc entré dans le langage courant.

*** Sources

- « L'abécédaire du militant socialiste » sur le site de la section PS des Landes.
- Jean-Jacque Becker, Histoire des gauches en France, Paris, éditions La Découverte.