Les divisions du Parti Socialiste : le PS officiel, le PS parlementaire, le PS des éléphants

Télévision · 2 juil. 2007 à 18:10

La rénovation du PS

Après les échecs du Parti socialiste aux élections de 2007, une rénovation du parti s'impose à la fois sur le fond et sur la forme. La clarification idéologique est nécessaire entre les partisans d'une social-démocratie à la française et ceux qui défendent l'union traditionnelle du PS avec les communistes et les Verts. Un renouvellement des cadres dirigeants et des méthodes de fonctionnement du PS apparaît également indispensable. Mais qui va mener cette rénovation ? Lors de l'émission C dans l'air du 27 juin, intitulée "Ségolène à la chasse aux éléphants", Eric Dupin, journaliste politique, a développé une analyse intéressante. Selon lui, il y a trois légitimités au sein du Parti socialiste : le PS officiel rue de Solférino, le PS parlementaire avec la constitution du contre-gouvernement et le PS des éléphants avec les stratégies solitaires de Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius et Ségolène Royal. Laquelle de ces trois légitimités va l'emporter pour rénover le PS ?

1. Le Parti socialiste officiel, rue de Soférino.

François Hollande a souhaité rester jusqu'au terme de son mandat de Premier secrétaire en 2008. Il a fait valider son calendrier au conseil national du PS : fin Août, l'université d'été de la Rochelle sera consacrée au diagnostic de la société française pour faire le point sur les problèmes à résoudre et les enjeux des années à venir. En septembre, trois forums auront lieu sur les questions économiques et fiscales, la question de la solidarité et de son financement, la citoyenneté dans la nation (sécurité, immigration...). Un congrès est prévu en juin 2008 pour renouveler l'équipe dirigeante sur la base d'un nouveau projet socialiste. En outre, François Hollande s'est prononcé pour une désignation du candidat à la présidentielle de 2012 en 2010 pour que le candidat puisse diriger le groupe de travail chargé d'élaborer le programme socialiste. Le Parti socialiste officiel pilote donc la refondation.

2. Le Parti Socialiste de l'Assemblée Nationale : le contre-gouvernement

Jean-Marc Ayrault, fraîchement réélu président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, a aussitôt annoncé après sa nomination la constitution d'un contre-gouvernement composé de députés socialistes pour coordonner l'opposition. Chacun de ces députés est en charge d'un domaine ministériel : l'intérieur, les affaires étrangères, le développement durable, etc. L'objectif est de mettre en place une opposition constructive qui critique et propose. Si le cabinet fantôme arrive à bien fonctionner, à critiquer le gouvernement tout en faisant des propositions alternatives crédibles, il prendrait un rôle très important, peut être encore plus important que le parti officiel, dans le processus de rénovation.
Ce travail d'opposition est aussi une manière de faire une révision en douceur de la doctrine du Parti Socialiste. Si le cabinet fantôme mène une opposition constructive, critique de façon précise en faisant des propositions concrètes, on va voir émerger un Parti socialiste plus pragmatique. C'est finalement une méthode pour rénover en profondeur mais progressivement le PS sans faire de grands congrès de rénovation qui remettrait en cause officiellement les grands fondements du PS.
A la fin de ce quinquennat, la doctrine socialiste pourrait être ainsi très sérieusement rénovée grâce à ce cabinet fantôme de l'Assemblée nationale.

3. Le Parti Socialiste des éléphants : Royal, Fabius, Strauss-Kahn

Ces trois ex-candidats à la primaire socialiste mènent des stratégies solitaires. A l'image de sa stratégie lors de la primaire socialiste de 2006, Ségolène Royal tente de s'emparer du Parti Socialiste par l'extérieur, en jouant l'opinion contre le Parti. Elle ne s'est pas rendue au bureau national du PS et ne veut pas s'afficher auprès des cadres du parti : elle cherche au contraire à opposer les éléphants aux militants. Loin des logiques d'appareil, elle veut rester proche des préoccupations des électeurs et espère remporter le congrès du PS en 2008 grâce à sa popularité.
Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn, ont, chacun de leur côté, adopté la même stratégie, celle du retrait pour mieux revenir. A 10 jours d'intervalle, ils ont tous deux annoncé leur départ du bureau politique du Parti Socialiste. Officiellement, ils souhaitent par leur départ laisser la place à une nouvelle génération au sein du PS. Officieusement, il s'agit de prendre du recul pour mieux revenir lors du congrès exceptionnel du PS en 2008. Par cette démission, ils cherchent comme Ségolène Royal à s'émanciper du PS pour aller à la rencontre directe des militants... pour préparer la prochaine primaire socialiste de la présidentielle prévue en 2010.

A qui profitera la rénovation du PS ?

Chaque mode de rénovation du Parti profitera à son auteur si c'est ce mode qui l'emporte sur un autre. Si François Hollande parvient à diriger activement la rénovation par l'organisation de forums et du congrès exceptionnel, il pourra se prévaloir d'être à l'origine de la rénovation. Si Ségolène Royal parvient à susciter un phénomène de masse avec la démocratie participative, le recours aux militants, elle pourra être considérée comme l'actrice principale de la rénovation.
Si le travail parlementaire est fait avec sérieux et aboutit à de multiples propositions novatrices, c'est la méthode du contre-gouvernement qui l'emporterait. De la même manière, Dominique Strauss-Kahn a toutes les qualités pour élaborer une refondation idéologique en faisant de nombreuses propositions concrètes qui pourraient trouver un écho favorable dans l'opinion. DSK pourrait incarner la figure du socialisme pragmatique.
Enfin, le dernier élément clé de rénovation qui pourrait l'emporter tout bouleverser est la référence à la politique locale. En 2008, des élections municipales ont lieu. A cette occasion, une victoire qui viendrait valider la gestion locale d'un homme politique permettrait au vainqueur d'être en position de force. Ainsi, en 2004, lorsque Ségolène Royal a remporté la présidence de la région Poitou-Charentes de Raffarin, sa victoire a constitué un formidable accélérateur médiatique et politique. De même, en 2008, une victoire écrasante de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris pourrait le lancer dans la course à la rénovation.

Au Parti Socialiste, la rénovation des méthodes et de la doctrine, les luttes de pouvoir, ne font que commencer.

*** Liens

Encyclopédie
- Histoire : la naissance du Parti Socialiste
- Les origines de l'expression : "Eléphants du PS"
- Biographie de Ségolène Royal
- Biographie de Laurent Fabius

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