Le gouvernement va faire des économies sur le social, le logement et la justice

Revue de presse · 3 avr. 2008 à 21:06

Plan de rigueur

Lundi 31 mars, François Fillon a réuni un séminaire gouvernemental sur la politique économique, sociale et financière. Face au ralentissement de la croissance économique, le gouvernement doit trouver une ligne de conduite, adopter une stratégie pour appliquer comme convenu le programme présidentiel tout en faisant des économies. C'est un véritable exercice d'équilibriste auquel le premier ministre et son équipe sont confrontés. Pour le moment, il n'est guère question de parler de « plan de rigueur », simplement d'économie. Aussi, les ministres ont-ils dû débattre sur les choix que l'Etat doit faire en matière de réforme puisque le budget 2008 ne permettra pas de mettre en oeuvre tous les projets annoncés en début d'année. Si certaines réformes peuvent être appliquées, ce sera au détriment d'autres.

A l'issue du séminaire, trois projets ont été définitivement écartés pour l'heure : le revenu de solidarité active, l'aide au logement et la loi pénitentiaire, trois domaines pourtant particulièrement sensibles.

Revue de presse du jeudi 3 avril 2008

- L'Express : L'Etat planche sur sa modernisation pour trouver des milliards d'économies
- Nouvelobs : Fillon annonce des "mesures d'économies" au budget 2009
- La Tribune : "La rigueur est au pouvoir", estime François Hollande

Le revenu de solidarité active (RSA)

Quand Martin Hirsch a été nommé haut-commissaire aux solidarités actives par François Fillon, c'était dans l'objectif d'apporter de l'aide aux plus nécessiteux et de réduire sensiblement le taux de pauvreté en France. Dès son arrivée, il a proposé une réforme sociale allant dans ce sens : le RSA, qui est une somme complémentaire reversée aux travailleurs pauvres et aux RMIstes. Il vise non seulement à faire baisser le taux de pauvreté en aidant les personnes les moins avantagées mais également à inciter à l'activité professionnelle. Ainsi, il garantit un revenu décent.
Le problème c'est que ce plan coûte très cher. Actuellement, il n'est mis en place que dans une trentaine de départements. A cause de la crise économique actuelle, il semblerait que le projet dont le budget s'élève à 2 ou 3 milliards d'euros pour l'année 2008, ne fasse pas partie, comme prévu, des priorités gouvernementales. Le projet, au lieu de se généraliser d'ici à la fin 2009 risque de s'étendre sur plusieurs années.

La loi sur le logement

Il semblait au cours de ces derniers mois que le logement était une priorité pour le gouvernement. La crise du logement est entièrement liée au problème du pouvoir d'achat, thème central dans la campagne de Nicolas Sarkozy. Le candidat UMP voulait mener une politique du logement ambitieuse en investissant dans le foncier et en permettant à chacun de devenir propriétaire.
Mais aujourd'hui, la priorité ne va plus au logement. La ministre Christine Boutin souhaitait faire voter une loi sur la mobilisation pour le logement et faire appliquer la loi Dalo sur le droit au logement opposable. Or si certains points dans cette loi ne coûtent pas un centime, d'autres en revanche risquent de creuser encore plus le déficit de l'Etat. Par conséquent, le président de la République a rejeté cette réforme pour le moment, estimant qu'elle n'est plus une priorité pour 2008.

La loi pénitentiaire de Rachida Dati

La loi pénitentiaire s'inscrit à l'exact opposé des textes répressifs présentés par Rachida Dati depuis le début de son mandat. Cette loi prévoit en effet de garantir aux détenus les droits fondamentaux en prenant davantage en compte leurs conditions de vie indignes. Pour mettre en oeuvre une telle réforme, Rachida Dati doit se mettre en relations avec d'autres ministères comme la santé, le budget... L'organisation d'un tel projet est assez complexe et son application risque de coûter également très cher. Puisque le texte de loi n'est pas finalisé, le président de la République a prévu de retarder son application.


Officiellement, le gouvernement ne prépare pas de plan de rigueur, il n'y aura pas de hausse d'impôts. Il fait simplement des économies en différant des réformes sociales. En réalité, tout ceci n'est une question de sémantique, le résultat est exactement le même.

*** Liens

- Fonction publique : un plan de rigueur qui ne dit pas son nom
- Plan de rigueur ou plan d'économies : une simple question de vocabulaire
- Déficit public : le débat Jacques Attali / Olivier Besancenot
- Christine Lagarde, portrait de la première femme ministre de l'économie
- Rachida Dati a fait exploser le budget de fonctionnement de son ministère
- Le coût exorbitant du nouveau bâtiment des services de renseignement

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