Nicolas Sarkozy se donne deux ans pour remonter la pente

Revue de presse · 25 fév. 2008 à 18:39

Sarkozy dévisse dans les sondages

Incroyable scénario. Pendant cinq ans, Nicolas Sarkozy a maintenu une cote de popularité élevée malgré sa forte exposition en tant que ministre de l'Intérieur. C'est cette popularité qui lui avait permis de surmonter les obstacles au sein de son propre camp pour se porter candidat à la présidentielle de 2007. Elu avec près de 19 millions de voix, il avait débuté son mandat sur un rythme infernal. Mais en l'espace de trois mois, entre décembre et février, Nicolas Sarkozy a dévissé dans les sondages de manière spectaculaire et inattendue. L'Elysée prend conscience de l'ampleur de dégâts et parie désormais sur une remontée de sa cote de popularité... dans deux ans.

Revue de presse du lundi 25 février 2008

- Le Monde : Le charme ébréché du sarkozysme
- Le JDD : Sarkozy n'en rate pas une...
- Libération : Sarkozy victime de lui-même

Un dévissage d'une ampleur sans précédent

Le sondage publié par le Journal du Dimanche dans son édition du 24 février 2008 est historique: l'écart entre François Fillon et Nicolas Sarkozy est de 19 points, avec 57% d'opinions positives pour le Premier ministre et 38% pour le Président de la République. C'est du jamais vu, hors période de cohabitation. Les raisons de ce décrochage sont connues : affichage de la vie privée et du luxe, absence de résultats en matière de pouvoir d'achat, contestation de la manière dont Nicolas Sarkozy exerce la fonction de président et la désacralise. Le chef de l'Etat a rectifié le tir depuis maintenant presque un mois, mais la chute continue.

L'impopularité des présidents de la République

Les cotes de popularité du général De Gaulle et de Georges Pompidou n'étaient jamais descendues en dessous des 50% d'opinions positives. C'est Valéry Giscard d'Estaing, le premier à avoir connu une défiance de plus de la moitié des Français. Après lui, tous les présidents de la République ont connu des périodes de baisse dans les sondages. Mais Nicolas Sarkozy est celui qui subit un dévissage aussi rapide. Après 10 mois d'exercice du pouvoir, la cote de popularité de Giscard était de 56%, Mitterrand de 51% en 1982 et 48% en 1989, celle de Chirac de 36% en 1996 (mais son Premier ministre était encore plus impopulaire), et de 57% en 2003. Celle de Nicolas Sarkozy est donc de 38% alors que son Premier ministre bénéficie de 57% d'opinions favorables. Ces courbes inversées sont liées à la surexposition du président de la République et au retrait du Premier ministre. Nicolas Sarkozy a inversé les rôles de la Ve République.

Un début de mandat catastrophique en terme d'image

Le professionnel de la communication a donc désormais un problème d'image. Et tous les spécialistes s'accordent à dire qu'il n'y a pas de recette miracle pour redevenir populaire. Le porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez, a même confié à un journaliste du Monde que cela pouvait prendre "deux ans au moins". Nicolas Sarkozy n'est pas le premier chef d'Etat à avoir connu des débuts de mandat catastrophiques. Bill Clinton aux Etats-Unis et Gerhard Schröder en Allemagne ont eux aussi connu des débuts calamiteux avant de réussir à remonter la pente.
Mais les dégâts ces trois derniers mois dans l'opinion sont considérables et inattendus pour Nicolas Sarkozy. Et face à ce mouvement de fond, le président de la République avait reconnu son impuissance à ses proches "Il n'y pas de crise politique, pas de crise sociale, pas de juges aux portes de l'Elysée. Pourtant, on n'a jamais vu un lynchage de cette puissance." (Le Monde).


Bâtir une popularité demande du temps. C'est la condition indispensable pour être élu mais aussi pour gouverner. Pour Nicolas Sarkozy, ces trois mois de chute continue constituent donc un gâchis terrible et un handicap très lourd pour la suite de son mandat. La plupart de ses conseillers lui suggèrent de revenir au projet initial et d'arrêter de prendre des initiatives "hors programme" (rapport Attali, suppression de la publicité dans l'audiovisuel public, proposition improvisée sur le devoir de mémoire lié à la Shoah). En s'écartant de sa trajectoire, Nicolas Sarkozy a donc fait une sortie de piste spectaculaire. La stratégie de reconquête s'annonce longue.

*** Liens

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