Biographie de Jean-Luc Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon est né au Maroc le 19 août 1951. Fils d'une institutrice et d'un télégraphiste pied-noir, il grandit en Normandie après le divorce de ses parents puis dans le Jura. Son militantisme commence dès l'adolescence quand lycéen, il participe à Mai 1968 à Lons-le-Saunier. L'année suivante, en faculté de lettres modernes, à Besançon, il adhère à l'Union nationale des étudiants de France et entre au bureau national de l'Unef-Unité syndicale en 1974. Il est également membre de l'Organisation Communiste Internationaliste (OCI). Il poursuit ses études en passant une maîtrise de philosophie. Après avoir enseigné le français quelque temps dans un lycée technique, il exerce différents petits boulots comme correcteur dans une imprimerie, ouvrier d'entretien, journaliste.
Sa véritable vocation demeure le militantisme. En 1977, il s'éloigne de ses idéaux communistes pour adhérer au PS, espérant trouver une alliance entre les deux partis. Dans le Jura, il occupe dès cette époque au Parti socialiste des responsabilités départementales. Il crée également un journal fédéral PS-PCF au moment même où les communistes rompent avec le parti socialiste.
Lors d'une fête du Poing et la Rose, il rencontre le maire de Massy (91), Claude Germon, qui lui propose de le rejoindre en Ile-de-France pour devenir son directeur de cabinet. Jean-Luc Mélenchon gravit alors les échelons du Parti socialiste au niveau départemental. Lors du Congrès de Valence en 1981, il est nommé premier secrétaire de la fédération d'Essonne. Il défend alors la politique menée par François Mitterrand. En 1986, il devient sénateur de l'Essonne.
Communiste dès le départ, Jean-Luc Mélenchon prend très vite des distances avec François Mitterrand et le Parti socialiste. Il crée en 1988, la Gauche socialiste avec Julien Dray, un proche qu'il a rencontré quelques années auparavant en Essonne, où ils mènent tous deux une carrière politique. Tous deux manifestent publiquement leur opposition à la participation de la France dans la guerre du Golfe.
En 1990, lors du Congrès de Rennes, Jean-Luc Mélenchon conduit sa propre motion, qui n'obtient que 1,35 % des suffrages. Au Congrès de Brest, en 1997, il se présente au poste de Premier secrétaire du PS face à François Hollande. Cette candidature se solde par un cuisant échec puisqu'il n'obtient que 8,81 % des voix. Cette même année, Lionel Jospin lui propose un secrétariat d'Etat au Logement. Mais Mélenchon veut plus : il veut être ministre. Jospin se passe de ses services. Rebelle, il s'oppose à son parti en 1998 : alors que le PS accepte le passage à la monnaie européenne, lui, la refuse, recevant un blâme de la part des dirigeants socialistes. Finalement, en mars 2000, Lionel Jospin le nomme ministre délégué à l'enseignement professionnel.
Après la défaite de la gauche à l'élection présidentielle de 2002, il crée un nouveau courant avec Henri Emmanuelli : le Nouveau Monde. En 2003, lors du Congrès de Dijon, les deux hommes présentent leur motion et parviennent à obtenir 16,3 % des voix.
Jean-Luc Mélenchon prend de nouvelles libertés avec le Parti socialiste en 2005 : alors que les socialistes ont voté en interne « oui » pour la Constitution européenne, lui, décide de militer pour le « non » et de faire campagne aux côtés de Marie-George Buffet (PCF), d'Olivier Besancenot (LCR) et de José Bové (Confédération paysanne). Avec la victoire du « non » au référendum, Henri Emmanuelli et Jean-Luc Mélenchon mettent fin au Nouveau Monde et chacun crée un nouveau courant. Henri Emmanuelli est à la tête d'Alternative socialiste et Jean-Luc Mélenchon fonde Trait d'union ainsi que l'association Pour la république sociale qui vise à faire de la gauche un camp clairement républicain et antilibéral.
Parce que Laurent Fabius est le candidat socialiste lors des primaires à l'élection présidentielle qui a milité pour le « non » à la Constitution européenne, Jean-Luc Mélenchon lui apporte son soutien. Après la désignation de Ségolène Royal aux primaires de 2006, Mélenchon encourage la gauche à s'unir autour de la candidate PS pour faire barrage à Nicolas Sarkozy.
En septembre 2008, lors du Congrès de Reims, Jean-Luc Mélenchon, à la tête de Trait d'Union, propose aux différents courants de la gauche socialiste de s'allier contre les principaux candidats que sont Ségolène Royal, Bertrand Delanoë et Martine Aubry qui incarnent un socialisme libéral. C'est Benoît Hamon (du Nouveau parti socialiste) qui présente la motion intitulée « Un monde d'avance » et qui réunit cette gauche socialiste. Mais les militants socialistes apportent majoritairement leur soutien à Ségolène Royal et la motion de Benoît Hamon n'arrive qu'en quatrième position avec moins de 19 % des suffrages.
Au lieu de soutenir Martine Aubry comme le fait Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon jette l'éponge, pressentant une victoire de Ségolène Royal qui flirte avec le centre et les idées libérales. Il décide alors avec Marc Dolez de démissionner du Parti socialiste pour créer un nouveau mouvement : le Parti de gauche à l'image de « Die Linke » en Allemagne. L'objectif de ce nouveau parti est de mobiliser les forces de gauche contre le libéralisme en vue notamment des élections européennes de 2009.
Jean-Luc Mélenchon crée officiellement le 1er février 2009 le Parti de gauche lors du Congrès de Limeil-Brévannes. Il est élu président du bureau national. Un secrétariat national consacré à l'écologie est spécifiquement fondé afin de marquer une différence nette entre les préoccupations socialistes et celles du Parti de gauche. Martine Billard est nommée co-présidente.
Dans le cadre des élections européennes, le Parti communiste accepte de s'unir à Jean-Luc Mélenchon. L'alliance entre les communistes et le Parti de gauche donne naissance au « Front de gauche ».
En juin 2009, Mélenchon est en tête de liste du Front de gauche dans la circonscription Sud-Ouest lors des élections européennes. Il est élu député européen avec 8,15 % des suffrages. Déçu par cette expérience puisqu'il estime avoir moins de pouvoir encore qu'au Sénat en France, il décide de se présenter aux élections régionales de 2010.
Dans un premier temps, il se présente en tant que tête de liste dans la région Languedoc-Roussillon mais change d'avis lorsqu'il pressent que le fils de Nicolas Sarkozy, Jean, peut, grâce à l'intervention paternelle, prendre la tête de l'EPAD. Mélenchon, pour lutter contre ce népotisme, se porte candidat dans les Hauts-de-Seine, symbole du capitalisme européen selon lui. Mais les tractations avec ses alliés communistes n'aboutissent pas, et il accepte, in fine, de laisser la tête de liste au nouveau secrétaire national du parti, Pierre Laurent. La liste « Ensemble pour des régions solidaires, écologiques et citoyennes » réunissant Front de gauche, Alternative citoyenne, Alternatifs obtient 6,55 % des voix.
Concernant l'organisation du parti encore très jeune, Mélenchon et son équipe font avec les moyens du bord. Le parti ne reçoit pas encore de financement public et ne possède pas de permanent salarié. Francis Parny, en charge des relations avec ce parti pour le compte du PCF affirme que : « C'est une organisation fortement centralisée et très structurée, avec quatre, cinq dirigeants qui concentrent toutes les responsabilités. » Mais cette organisation n'est pas du goût de tous. Le 12 janvier 2011, l'économiste Christophe Ramaux, co-animateur de la commission économie du parti démissionne dénonçant l'orientation trop personnalisée et le fonctionnement interne. Dans sa lettre de démission, il explique : « Je m'imaginais un parti ouvert, où l'on réfléchit, discute, débat (...). Le PG fonctionne, au contraire, comme un petit groupe « discipliné ». » Surtout, Ramaux critique le manque d'idées et surtout de programme du parti.
Début 2011, Jean-Luc Mélenchon annonce qu'il se porte candidat à l'élection présidentielle. Depuis plusieurs mois, il est parvenu, grâce à sa véhémence et un talent d'orateur indéniable, à faire une percée significative dans les médias, dénonçant le système médiatique qui prendrait en otage lecteurs, téléspectateurs, auditeurs, obligés d'entendre et de voir le spectacle des journalistes et politiques. Pour se faire entendre et combattre la droite d'une part et les élites d'autre part, il adopte un discours « populiste ». Dans son livre «Qu'ils s'en aillent tous !» (Flammarion, octobre 2010), Mélenchon s'en prend aux élites qui profitent du système pour s'enrichir au détriment des travailleurs qui perdent peu à peu leurs acquis sociaux.
Si Mélenchon doit encore attendre l'investiture des communistes pour confirmer sa candidature à la présidentielle au nom du Front de gauche, l'horizon semble dégager, notamment après l'annonce du retrait d'Olivier Besancenot à la course à la présidentielle. Reste l'inconnue DSK : depuis des mois, le candidat virtuel était devenu la cible privilégiée de Mélenchon. Le leader du Front de gauche ayant perdu son meilleur ennemi à gauche - le patron du FMI était le symbole du capitalisme mondial - difficile de dire aujourd'hui quelle sera la stratégie de Mélenchon en 2012.
*** Sources
- Vanessa Schneider, « Jean-Luc Mélenchon, 48 ans, ex-grande gueule du PS, rentre dans le rang avec celui de ministre délégué. L'importuniste », Libération, 27 avril 2000.
- Philippe Cohen, « Mélenchon casse la baraque, mais il réfléchit aussi », Marianne du 13 Octobre 2010.
- Sylvie Zappi, « L'économiste Christophe Ramaux claque la porte du Parti de gauche », Le Monde, 18 janvier 2011.
- Pierre Haski, « Le Pen et Mélenchon, deux stratégies pour le même électorat », Rue89 du 14 février 2011.
- Arthur Nazaret, « Enquête dans les coulisses du système Mélenchon », Rue89 du 21 mars 2011.
- David Doucet : « 2012 : Besancenot relance Mélenchon », L'Express du 13 mai 2011.