Arnaud MONTEBOURG

Arnaud MONTEBOURG

Biographie d'Arnaud Montebourg.

Origines et formation

Arnaud Montebourg est né le 30 octobre 1962 à Clamecy dans la Nièvre. Il grandit, enfant unique, auprès d'un père fonctionnaire dans l'administration fiscale et d'une mère professeur d'espagnol et essayiste. Il passe un bac philo. En 1980, il entre à l'Université de Droit de Dijon, prend sa carte au syndicat étudiant de gauche, l'UNEF, puis rejoint le Parti Socialiste. C'est à Paris I - Panthéon-Sorbonne qu'il valide sa licence de droit avant d'entrer à l'Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po). Il ressort diplômé mais échoue au concours d'entrée à l'ENA.
En 1989, il obtient le CAPA pour exercer la profession d'avocat. Il remporte la Coupe Liebersa, un concours d'éloquence pour stagiaires, en défendant Cauchon, l'évêque qui brûla Jeanne d'Arc. Avocat commis d'office, c'est lui notamment qui va défendre, en 1995, Christian Didier, assassin de l'ancien chef de la police de Vichy, René Bousquet.

Ses premiers pas en politique : des combats solitaires

Aux législatives de 1986, Montebourg colle des affiches pour son ami de Sciences po Thierry Mandon, qui va devenir le plus jeune député de France. Pendant quelques années, Arnaud Montebourg exerce la profession d'avocat mais très vite, il s'oriente vers la vie politique. Il entre au Parti socialiste, défend les idées de Laurent Fabius, et rejoint Objectifs 89, l'association de l'épouse de ce dernier, Françoise Castro. Mais très critique à l'égard de l'appareil politique, Arnaud Montebourg préfère faire cavalier seul dans sa quête du pouvoir : il démissionne après le congrès de Rennes.
En 1992, il crée l'association TV-Carton jaune pour dénoncer notamment la fausse interview de Patrick Poivre d'Arvor avec Fidel Castro.
Elu député de Saône et Loire en 1997 à 35 ans, Arnaud Montebourg fait figure de trublion au sein du Parti Socialiste. Il se fait très vite remarquer par son culot et par sa verve même s'il mène souvent des combats solitaires. Avec Vincent Peillon, il anime la mission parlementaire d'information sur le blanchiment d'argent en Europe sans obtenir le réel soutien des députés. De même, à partir de 2001, il multiplie les attaques contre Jacques Chirac. Il veut traduire le président de la République devant la commission d'instruction de la Haute Cour de Justice pour toutes ses affaires judiciaires. Mais il n'est pas suivi par Lionel Jospin et le PS.

Son obsession : la VIe République

Après ses attaques manquées contre Jacques Chirac, Arnaud Montebourg se consacre à une autre cause : la rénovation des institutions de la Ve République. Il souhaite un changement de régime avec le passage à la VIe République. En mai 2001, il crée l'association "Convention pour la sixième République" (C6R). Il veut limiter les pouvoirs du président de la République et renforcer ceux d'un Premier ministre mieux contrôlé par un parlement qui serait l'acteur central de la vie politique. Autrement dit, il souhaite que la France passe à un régime purement parlementaire. La VIe République devient l'obsession d'Arnaud Montebourg au point que ce dernier refuse la synthèse de 2005 lors du congrès socialiste, sous prétexte que la proposition de VIe République n'a pas été retenue.

Le co-fondateur du NPS

Après la défaite cinglante de Lionel Jospin à la présidentielle de 2002, Arnaud Montebourg tente de peser sur la rénovation du Parti Socialiste. Avec Benoit Hamon, Julien Dray et Vincent Peillon, il crée un courant, le NPS, Nouveau Parti Socialiste.
L'objectif affiché est de créer un courant majoritaire pour prendre le parti et contourner les écuries des éléphants socialistes (Hollande, Strauss-Kahn, Fabius). Le NPS se situe plutôt à la gauche du PS mais ne parvient pas à s'imposer, faute d'unité. En 2005, lors des négociations au congrès du Mans pour la rédaction du texte de synthèse qui arrête la position du PS pour la présidentielle, il quitte la réunion en désaccord total avec ses amis du NPS, notamment Vincent Peillon et Henri Emmanuelli. Il leur reproche d'avoir bradé les idées du mouvement en ayant accepté la synthèse alors que l'instauration de la VIe République ne figure même pas dans le texte. Quelques semaines plus tard, après avoir quitté le NPS, il fonde avec ses amis un autre courant, "Rénover maintenant".

Soutien de Ségolène Royal à la présidentielle de 2007

S'étant abstenu lors de l'adoption en bureau national du projet des socialistes pour 2007, il renonce le 13 juillet 2006 à présenter sa candidature à l'investiture socialiste pour la candidature à l'élection présidentielle de 2007, faute d'obtenir les trente signatures nécessaires de membres du conseil national du PS. Le 24 juillet 2006, il apporte officiellement son soutien à la candidature de Ségolène Royal.
C'est le premier vrai soutien de la candidate au sein du parti. L'ayant rejointe assez tôt, il est récompensé par son ralliement en étant propulsé porte-parole de la candidate pendant la campagne présidentielle. Provocateur, amateur de bons mots, Arnaud Montebourg s'avère être un porte-parole incontrôlable. En janvier 2007, alors que la campagne n'a à peine commencer, il commet une maladresse lors de l'émission "Le grand journal de Canal +". A la question de Michel Denizot, "quel est le défaut de Ségolène Royal ?", Montebourg a cru bon de faire un trait d'humour en déclarant que le principal défaut de la candidate était son compagnon, François Hollande. Résultat : il a été suspendu par Ségolène Royal de ses fonctions de porte-parole pour une durée d'un mois. Du jamais vu.

Député, Montebourg cède au cumul des mandats sous Sarkozy

Aux élections législatives de 2007, il est de nouveau élu député en Saône-et-Loire. Reprenant ses distances avec Ségolène Royal, il veut participer à la rénovation d'un parti politique dirigé pendant près de dix ans par François Hollande. Lors du Congrès de Reims en novembre 2008, Arnaud Montebourg apporte son soutien à Martine Aubry.
Vice-président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Arnaud Montebourg est très actif lors des deux premières années du mandat de Nicolas Sarkozy. A plusieurs reprises, lors des questions à l'Assemblée nationale, il met en difficulté la ministre de la Justice, Rachida Dati notamment à propos de la réforme si contestée de la carte judiciaire. Il est également en première ligne lors du débat sur la réforme de la constitution en 2008. C'est aussi cette année-là qu'il décide de se présenter aux élections cantonales, contrairement à son engagement de ne pas cumuler les mandats. Il devient même président du conseil général de Saône-et-Loire, poste qu'il finir par quitter au nom du principe du non-cumul. Autant de tergiversations qui s'accompagnent d'un éloignement de l'Assemblée nationale en 2009 et 2010. A cette époque, Montebourg écope de sanctions financières car il est l'un des députés les moins assidus de l'assemblée. En réalité, il prépare sa candidature à la primaire socialiste pour la présidentielle de 2012.

Candidat à la primaire socialiste de 2011

C'est le 20 novembre 2010 qu'il déclare sa candidature à la primaire socialiste. Face à Ségolène Royal, François Hollande, Martine Aubry, Manuel Valls, Montebourg mène une campagne très à gauche pendant près d'un an. Ses thèmes de prédilection ? Le renforcement du protectionnisme, ce qu'il nomme la « démondialisation », et la mise sous tutelle des banques. Il parvient à mener une campagne offensive et crée la surprise en arrivant en troisième position, avec 17% des suffrages. Avant de rallier l'un des deux finalistes à la primaire, Martine Aubry ou François Hollande, le député de Saône-et-Loire pose des conditions : dans le campagne présidentielle, il souhaite que le candidat socialiste défende ses idées. Finalement, deux jours avant le second tour, il déclare qu'il votera pour François Hollande sans pour autant donner de consigne de vote.

Ministre du Redressement productif

Au lendemain de l'élection présidentielle, Arnaud Montebourg prend le portefeuille de l'industrie et devient ministre du Redressement productif dans le gouvernement Ayrault. Sa mission : mettre un terme à la fermeture d'usines et au déclin industriel. Sa stratégie : médiatiser au maximum les dossiers pour mettre en scène les sauvetages d'usines. Avec cette communication à outrance, il espère faire tourner le rapport de force en sa faveur face aux grands groupes qui multiplient les plans de licenciement. C'est ce qu'il fera par exemple lors du plan social du groupe automobile PSA. Défenseur du "made in France", Montebourg fait également le tour des usines accompagné de caméras.
En couple avec la journaliste Audrey Pulvar (ils sont séparés depuis), il est confronté à plusieurs polémiques en raison de ce mélange des genres. Il est par exemple soupçonné, à tort, d'avoir facilité l'arrivée de la journaliste à la tête du magazine des Inrocks, détenu par le banquier Matthieu Pigasse.
Mais c'est surtout le dossier Florange qui marque un coup d'arrêt à son ascension politique et médiatique. Face à la fermeture des hauts fourneaux de ce site sidérurgique détenu par ArcelorMittal, Arnaud Montebourg brandit la menace d'une nationalisation temporaire du site. Une option finalement abandonnée par Jean-Marc Ayrault après négociations avec Mittal. Publiquement désavoué sur ce dossier, Montebourg en sort affaibli. Mais bien décidé à ne pas abandonner la menace de nationalisation sur d'autres dossiers.


*** Sources
- C. Guélaud, "Les difficultés de Montebourg affaiblissent Bercy", Le Monde, 10.12.2012
- C. Bys et SS Davesne, Qui est vraiment Arnaud Montebourg, L'Usine Nouvelle, 25.10.2012
- B. Cassel et N. Segaunes, "Montebourg : des paroles... et des actes ?", Le Parisien, 29.07.2012
- N. Barotte et F. Bourmaud, "Montebourg, le nouvel homme fort", Le Figaro, 10.10.2011
- A. Couppey, "Montebourg, lion sans cage", France Soir, 28.06.2011
- P. Lançon, "Montebourg, l'avocat qui monte", Libération, 14.11.1995