Biographie de François Hollande.
François Hollande est né à Rouen, le 12 août 1954 au sein d'une famille bourgeoise et catholique. Sa mère est assistante sociale, tandis que son père est médecin ORL. Il défend l'Algérie française avec ardeur. François Hollande découvre très jeune la passion du football et joue au FC Rouen, avant de déménager, à 14 ans, à Neuilly-sur-Seine, où au lycée Pasteur, il fait la connaissance de Christian Clavier, Thierry Lhermitte. Après avoir passé une licence de droit où il est à la tête de l'Union nationale des étudiants de France, il intègre Sciences Po à Paris. Enfin, il entre à HEC en 1974. Il fait son service militaire et se lie d'amitié avec Michel Sapin. A l'Ena, il fait la connaissance de Ségolène Royal. Ensemble, ils entrent au cabinet de Jacques Attali qui les introduit à l'Elysée, auprès du président François Mitterrand. Ils deviennent alors ses conseillers. En 1983, il est promu directeur de Cabinet de deux Porte-parole du Gouvernement : Max Gallo et Roland Dumas. Parallèlement, François Hollande, qui au départ se destinait à une carrière dans le privé, enseigne l'économie à Sciences politiques entre 1988 et 1992.
En 1981, alors qu'il n'a que 27 ans, François Hollande, auditeur à la Cour des comptes, se lance en politique. Sur les conseils de Jacques Delors, il se présente aux élections législatives en Corrèze dans le fief de Jacques Chirac. Il échoue de peu mais n'abandonne pas. En 1988, il est candidat à Ussel et est élu député. En 2001, il parvient à gagner la mairie de Tulle. Il est arrivé à faire sa place en Corrèze en suivant précisément la même stratégie de son adversaire Jacques Chirac : il mène une politique de terrain. Il se rend sur les marchés, rencontre les habitants. Pourtant, il ne se met pas en avant dans les médias, se tient à l'écart des émissions télévisées. Durant quelques mois (entre juin et décembre 1999), il siège au Parlement européen mais décide de démissionner, contrairement à ce qu'il avait promis de faire durant la campagne, pour rester député en Corrèze. En mars 2008, il est élu Président du Conseil général de la Corrèze avec 55 % des voix aux élections cantonales.
François Hollande, malgré sa bonhomie, nourrit de grandes ambitions, mais ne les montre pas ouvertement et par conséquent, n'est pas craint par les autres membres du parti qui ne se méfient pas. En 1990, au Congrès de Rennes, il prend la parole pour mettre en cause les conflits au sein du PS. Cette intervention lui vaut ainsi d'entrer au bureau du parti.
En 1993, il perd les élections législatives et commence alors une traversée du désert qui le tient à l'écart de la politique. Deux ans plus tard, le Premier secrétaire, Lionel Jospin lui propose de devenir son porte-parole. A ce poste non plus, il n'inquiète pas : il se contente d'endosser un rôle d'arbitre entre les différents membres du parti. Il ne revendique pas de clan, faisant précisément partie des « Transcourants ». En effet, au lieu de se rallier à un éléphant, il préfère mettre en place ce parti des « Transcourants » qui deviendra « Démocratie 2000 », puis « club Témoin », sous la protection de Jacques Delors - parti qui lui permet de ne pas se faire d'ennemis. En 1997, Lionel Jospin, devenu Premier ministre, le promeut premier secrétaire du parti. Malgré l'échec du candidat socialiste à l'élection présidentielle en 2002 accompagné de son retrait de la vie politique, François Hollande reste aux commandes du parti. En 2005, seul candidat, il est réélu Premier secrétaire au PS avec 80% des suffrages lors du Congrès du Mans en obtenant une synthèse de la majorité des courants. Toutefois, au-delà des apparences, le parti est divisé et les candidats aux primaires en vue de l'élection présidentielle se multiplient. François Hollande est rapidement mis hors-jeu.
Pour l'opinion publique, François Hollande et Ségolène Royal forment un couple modèle, unis par quatre enfants. Alors que François Hollande est secrétaire d'Etat du Parti socialiste, il accepte de céder sa place de candidat à l'élection présidentielle à sa compagne prétextant qu'elle est bien plus populaire que lui dans les médias comme dans l'opinion. Il n'a jamais soigné son image dans les médias parce que cela ne l'a jamais intéressé. Il préfère mener une politique de terrain, loin des caméras. Pendant la campagne, Ségolène Royal fait de nombreuses bourdes, reprises par la presse et se tient à l'écart des éléphants qui refusent de la soutenir. Pour sauver les apparences et surtout la candidate PS, François Hollande décide de lui venir en aide et de défendre son projet qui s'éloigne pourtant de celui composé par le parti. Malgré ses efforts, il ne parvient pas à souder le parti et se montre de plus en plus distant vis-à-vis de l'élection. Au soir du second tour des législatives, marqué par un nouvel échec de la gauche, une dépêche annonce la rupture officielle du couple socialiste.
En décembre 2008, lorsque François Hollande cède sa place de premier secrétaire du Parti Socialiste à Martine Aubry, il est bien seul. Ses onze années passées rue de Solférino (un record) ont été critiquées par tous les candidats à sa succession. Redevenu simple député et président du Conseil général de Corrèze, Hollande est considéré hors-jeu pour la présidentielle de 2012, d'autant plus qu'il avait passé son tour en 2007 alors qu'il était premier secrétaire du PS. "Tout le monde était persuadé qu'il était marginalisé", a résumé un haut dirigeant du PS au journal Le Monde.
Quand il quitte rue de Solférino, trois candidats se détachent pour la présidentielle : Ségolène Royal, qui a raté de peu sa prise de contrôle du parti, Martine Aubry, qui se positionne comme une candidate naturelle en tant première secrétaire, et bien sûr Dominique Strauss-Kahn, qui a retrouvé une forte crédibilité sur la scène politique en étant devenu directeur du Fonds Monétaire international. Quant à François Hollande, il "est désormais quotidiennement éreinté par Martine Aubry, qui lui succède. Laquelle envisage même un "audit" sur sa gestion et se répand, jusque devant le bureau national, sur l'état désastreux des toilettes", raconte Le Monde. "Tout ça était très dur, très injuste, vraiment pénible", assure son lieutenant Stéphane Le Foll.
Après deux mois de silence, François Hollande tente un premier come-back médiatique au début de l'année 2009. "Nouvelles lunettes, costumes sur mesure, incontestables efforts capillaires : "un nouveau Hollande", tentent de vendre ses fidèles", explique Le Monde. Mais aucun journaliste ne se rend au lancement de son association "Répondre à gauche". "Très souvent, on nous demandait : 'Qui est François Hollande ? Que pense François Hollande ?' Nous étions incapables de répondre", confie au Monde Michel Sapin. Dès lors, Hollande va s'attacher à travailler le fond. "Il faut que je sois identifié à un projet politique", déclare-t-il à sa garde rapprochée. C'est finalement la jeunesse qu'il décide de mettre en avant. Le 27 juin 2009, François Hollande prononce un discours programme à Lorient. Il décline alors trois axes programmatiques : un "pacte éducatif", "productif" et "fiscal". Peu de reprises, mais la construction de son programme est en marche.
D'après sa compagne, Valérie Trierweiler, c'est en septembre 2009 qu'il lui annonce sa candidature : "On en a parlé très tard. Ça a été plutôt à la rentrée de 2009. Il s'est posé la question à voix haute. Qu'est-ce que tu en penses? Ce jour-là, je lui ai dit : "Il n'y a qu'une question à poser, si tu penses que tu es le meilleur, tu y vas, si tu penses qu'il y a quelqu'un de meilleur, tu n'y vas pas". Et il a répondu "Je suis le meilleur". A partir de là, il a tout mis en route pour pouvoir organiser ce chemin-là", a-t-elle indiqué dans une interview à Radio Hollande (la radio du site de campagne).
Pendant près d'une année, Hollande va sillonner le pays pour présenter son projet : Lorient, Périgueux, Paris, Bourg-lès-Valence... "Il a tracé sa route, sans s'intéresser à aucun autre candidat", raconte Faouzi Lamdaoui au Monde. Un travail de terrain donc, inspiré de François Mitterrand, qui sera son modèle pendant cette reconquête : "François Mitterrand est allé partout en France, dans les salles polyvalentes les plus reculées. Quand vous avez rencontré quelqu'un, cela crée un lien qui demeure. J'essaye de faire comme lui", a-t-il confié à Libération. Sur le plan médiatique en revanche, la candidature de Hollande est au point mort. En 2009, DSK, Aubry, Royal apparaissent toujours comme les candidats potentiels pour 2012.
Après avoir labouré le terrain et animé de nombreuses réunions publiques, François Hollande fait une rentrée médiatique remarquée à l'été 2010, lors de l'université d'été de La Rochelle. L'ancien Premier secrétaire a étoffé son discours, mais c'est sa transformation physique qui frappe d'abord les esprits. Selon ses proches, cités dans Libération en août 2010, il aurait perdu 15 kilos juste en arrêtant "les frites et la mousse au chocolat à tous les repas". "Il assure qu'il s'agit de se sentir mieux dans sa peau. Invoque un impératif de santé. Mais reconnaît que cette mue physique fait aussi partie de la préparation mentale", détaille le quotidien de gauche.
Si sa transformation physique attire les projecteurs, dans les sondages, Hollande est loin derrière ses rivaux. Un sondage CSA effectué les 2 et 3 juin 2010, le crédite de 5% des suffrages aux primaires socialistes. Il est devancé par DSK (28%), Martine Aubry (24%) et même Ségolène Royal 12%. En décembre 2010, toujours selon cet institut de sondage, Hollande n'est même crédité que de 3% (contre 29% pour DSK, 19% pour Royal qui a déclaré sa candidature et 16% pour Aubry).
Le tournant de la pré-campagne de François Hollande intervient au début de l'année 2011. Il est toujours devancé par ses rivaux dans les sondages mais les chiffres remontent doucement. Dans un sondage CSA, réalisé du 17 au 18 janvier 2011, il est crédité de 14% des voix et talonne Martine Aubry et ses 16% (DSK avec 37% des intentions de vote et Ségolène Royal 26% des voix sont loin devant). Un petit frémissement donc, mais qui n'a rien d'extraordinaire. C'est pourtant à ce moment-là qu'il lance son offensive médiatique. Hollande est partout en janvier 2011 comme l'a constaté le site arretsurimages.net : "RTL mardi 25 janvier, RMC le 20, France Info le 19, Les Inrockuptibles le même jour, Canal + le 18. Et surtout la Une de Libération le 12 janvier, qui semble donner le coup d'envoi de cette campagne. Interrogé par le site arretsurimages, le chef du service politique Antoine Guiral justifiait ainsi cette Une : "Même s'ils étaient contradictoires, ce sont les sondages qui nous ont décidé à publier cet ensemble à ce moment-là. Nous l'avions en tête depuis plusieurs semaines, notamment car notre directeur Laurent Joffrin insistait sur le fait que ses divers relais, politiques, médiatiques, culturels, indiquaient qu'il commençait à se passer quelque chose autour de Hollande. Il s'est prêté de bonne grâce au jeu, y compris à cette photo assez étonnante, loin de son image des dernières années d'homme rond et sympa, de chantre de la synthèse molle, dont il est en fait assez éloigné quand on le rencontre en face-à-face. C'est lors de cette interview à Libération que François Hollande avance pour la première fois l'idée qu'il faut un "candidat normal" : "En 2012, il faudra un candidat normal, pas banal mais grave, stable et rassembleur", a-t-il déclaré.
Bon client des médias, bénéficiant d'une bonne réputation dans les milieux journalistiques, Hollande devient dès alors l'outsider. Le 31 mars 2011, depuis l'hôtel Marbot de Tulle, siège de l'exécutif départemental de Corrèze, il déclare officiellement sa candidature à l'élection présidentielle. Toujours derrière DSK et Martine Aubry dans les sondages des primaires socialistes entre janvier et mai 2011, tout bascule avec l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn le 16 mai à New York. A partir de cette date, Hollande sera en tête dans quasiment la totalité des sondages pour les primaires socialistes. Et le 16 octobre 2011, il remporte haut la main les primaires socialistes avec 56,57% des voix contre 43,43% pour Martine Aubry. "Ironie de l'histoire : cette primaire ouverte, l'ex-premier secrétaire n'en voulait pas, lui préférant le traditionnel vote de militants supposé plus favorable à sa personne après onze années à labourer le parti d'en bas... Il l'a pourtant empochée, sans coup férir, ou presque", relève Le Monde. Et Stéphane Le Foll, son plus proche conseiller de commenter : "Quand tout le monde s'est levé, j'ai regardé autour de moi et je me suis dit : punaise, mais d'où on vient... On partait de tellement loin...".
François Hollande a fait la course en tête depuis le début de la campagne présidentielle. A l'exception de sa proposition de taxer les revenus à 75%, au-delà du million d'euros, la campagne de François Hollande est restée sans surprise, sans coup d'éclat. "La prise de risque, franchement, à quoi ça aurait servi ? Je préfère gagner une élection présidentielle avec moins d'enthousiasme que de perdre avec beaucoup de ferveur.", reconnaissait-il en toute franchise.
Superstitieux, Hollande s'est systématiquement placé dans les pas de François Mitterrand, à un degré de mimétisme que seuls les initiés ont pu constater. Ainsi, comme l'a raconté Le Monde, "jusqu'à la fin de sa campagne, Hollande aura multiplié les clins d'oeil, les références et les emprunts à celui dont il a dit, meeting après meeting, qu'il voulait être "enfin le successeur"". Hollande a d'abord repris le terme de "candidat sortant", utilisé par Mitterrand pour désigner Giscard en 1981, il a repris le vocabulaire de l'ancien Président socialiste en multipliant les expressions "je m'engage", "cela m'oblige" ou «je ne vais pas mettre mon drapeau dans ma poche". Trente ans après la victoire de 1981, il a également fait le même style de campagne : ""En 1981, Mitterrand nous demandait de lui faire rencontrer le maximum de gens. Il préférait faire deux réunions publiques dans la même journée, quitte à ce que ce soit devant seulement quelques centaines de personnes chaque fois, plutôt qu'un grand meeting. François fait manifestement la même chose", raconte Paul Quilès au Monde.
A chaque étape de la campagne, celle de François Hollande a fait à celle de François Mitterrand. Depuis 1965, Mitterrand terminait ses campagnes par un meeting à Toulouse. C'est ce qu'a fait François Hollande. "En 1981, le candidat socialiste avait choisi, le vendredi avant le second tour, de passer la matinée dans l'Est et l'après-midi dans l'Ouest", raconte Le Monde. C'est exactement ce qu'a fait François Hollande.
Le 6 mai 2012, qvec 51,62% des voix contre 48,38% pour Nicolas Sarkozy, François Hollande devient le 8ème président de la Ve République à la suite d'un parcours qui a surpris tout le monde. Un dirigeant du PS, qui est resté anonyme, n'en est toujours pas revenu : cette victoire est "un invraisemblable concours de circonstances. L'éviction de Dominique, le départ tardif de Martine, la victoire de Joly à la primaire écolo alors qu'Hulot lui aurait pris trois ou quatre points... Ça peut s'appeler le destin, mais c'est surtout beaucoup de chance".
*** Sources
- L. B. et M. E., "De Tulle à l'Elysée, la longue mue du candidat «normal»", Libé, 06.05.2012
- T. W., "Comment Hollande a mis ses pas dans ceux de Mitterrand", Le Monde, 04.05.2012
- D. Revault d'Allonnes, "La longue marche de François Hollande", Le Monde, 23.04.2012
- Dan Israel, "Pourquoi Hollande est partout", Arretsurimages.net, 26.01.2011
- Matthieu Écoiffier, "Un look allégé", Libération, 31.03.2011
- "PS : Hollande veut un "candidat normal", AFP, 12.01.2011
- "Votre atout François Hollande ? "C'est moi !"", LCI, 28.08.2010