Jean-Luc Mélenchon, portrait du fondateur du Parti de Gauche

Enquête · 2 fév. 2009 à 23:35

Jean-Luc Mélenchon

Transfuge du Parti Socialiste, Jean-Luc Mélenchon a claqué la porte du PS fin 2008 pour lancer son propre parti politique, situé à gauche de la gauche. Toujours sénateur, il espère obtenir une alliance de tous les partis d'extrême gauche pour les élections européennes de 2009.


Portrait.

Origines et formation

Jean-Luc Mélenchon est né au Maroc le 19 août 1951. Fils d'une institutrice et d'un télégraphiste pied-noir, il grandit en Normandie puis dans le Jura. Son militantisme commence dès l'adolescence quand lycéen, il participe à Mai 68 dans sa ville de Lons-le-Saunier. L'année suivante, en faculté de lettres modernes, à Besançon, il adhère à l'Union nationale des étudiants de France et entre au bureau national de l'Unef-Unité syndicale en 1974. Il est également membre de l'Organisation Communiste Internationaliste (OCI). Il poursuit ses études en faisant une maîtrise de philosophie.
Après avoir enseigné quelque temps dans un lycée technique, il exerce différents petits boulots comme correcteur dans l'imprimerie, ouvrier d'entretien, journaliste.

Le militant socialiste

Sa véritable vocation demeure le militantisme. En 1977, il s'éloigne de ses idéaux communistes pour adhérer au PS, espérant trouver une alliance entre les deux partis. Dans le Jura, il occupe dès cette époque au parti socialiste des responsabilités départementales. Il crée également un journal fédéral PS-PCF au moment même où les communistes rompent avec le parti socialiste.
Lors d'une fête du Poing et la Rose, il rencontre le maire de Massy (91), Claude Germon, qui lui propose de le rejoindre en Ile-de-France pour devenir son directeur de cabinet. Jean-Luc Mélenchon gravit alors les échelons du Parti socialiste au niveau départemental. Lors du congrès de Valence en 1981, il est nommé premier secrétaire de la fédération d'Essonne. Il défend alors la politique menée par François Mitterrand. Depuis 1986, il est sénateur de l'Essonne.

Une carrière contrariée au Parti Socialiste

Communiste dès le départ, Jean-Luc Mélenchon prend très vite des distances avec François Mitterrand et le Parti socialiste. Il crée en 1988, la Gauche socialiste avec Julien Dray, un proche qu'il a rencontré quelques années auparavant en Essonne, où ils mènent tous deux une carrière politique. Ils luttent contre la participation de la France dans la guerre du Golfe.
En 1990, lors du Congrès de Rennes, Jean-Luc Mélenchon conduit sa propre motion, qui n'obtient que 1,35 % des suffrages. Au Congrès de Brest, en 1997, il se présente au poste de Premier secrétaire du PS face à François Hollande. Cette candidature se solde par un cuisant échec puisqu'il n'obtient que 8,81 % des voix. En 1998, alors que le PS accepte le passage à la monnaie européenne, Jean-Luc Mélenchon s'y oppose, recevant un blâme de la part des dirigeants du parti. Pourtant, en mars 2000, Lionel Jospin le nomme ministre délégué à l'enseignement professionnel.
Toutefois, loin de rallier les socialistes, il décide après la défaite de la gauche à l'élection présidentielle de créer un nouveau courant avec Henri Emmanuelli : le Nouveau Monde. En 2003, lors du Congrès de Dijon, les deux hommes présentent leur motion et parviennent à obtenir 16,3 % des voix.

La rupture du référendum européen en 2005

Jean-Luc Mélenchon prend encore de nouvelles libertés avec le Parti socialiste en 2005 : alors que les socialistes ont voté en interne « oui » pour la Constitution européenne, lui, décide de militer pour le « non » et de faire campagne aux côtés de Marie-George Buffet (PCF), d'Olivier Besancenot (LCR) et de José Bové (Confédération paysanne). Avec la victoire du « non » au référendum, Henri Emmanuelli et Jean-Luc Mélenchon mettent fin au Nouveau Monde et chacun crée un nouveau courant. Henri Emmanuelli est à la tête d'Alternative socialiste et Jean-Luc Mélenchon fonde Trait d'union ainsi que l'association Pour la république sociale qui vise à faire de la gauche un camp clairement républicain et antilibéral.
Parce que Laurent Fabius est le candidat socialiste lors des primaires à l'élection présidentielle qui a milité pour le « non » à la Constitution européenne, Jean-Luc Mélenchon lui apporte son soutien. Après l'éviction de Laurent Fabius, pour éviter que Nicolas Sarkozy remporte l'élection, il encourage la gauche à s'unir autour de la candidate socialiste, Ségolène Royal.

Démission du PS et création du Parti de gauche en 2008

En septembre 2008, lors du Congrès de Reims, Jean-Luc Mélenchon, à la tête de Trait d'Union, propose aux différents courants de la gauche socialiste de s'allier contre les principaux candidats que sont Ségolène Royal, Bertrand Delanoë et Martine Aubry qui incarnent un socialisme libéral. C'est Benoît Hamon (du Nouveau parti socialiste) qui présente la motion intitulée « Un monde d'avance » et qui réunit cette gauche socialiste. Mais, les militants socialistes apportent majoritairement leur soutien à Ségolène Royal et la motion de Benoît Hamon n'arrive qu'en quatrième position avec moins de 19 % des suffrages.
Au lieu de soutenir Martine Aubry comme le fait Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon pressent la victoire de Ségolène Royal, personnalité de gauche qui flirte avec le centre et les idées libérales. Il décide alors avec Marc Dolez de démissionner du Parti socialiste pour créer un nouveau mouvement : le Parti de gauche à l'image de la « Die Linke, en Allemagne ». L'objectif de ce nouveau parti est de mobiliser les forces de gauche contre le libéralisme en vue, notamment des élections européennes de 2009. Aussitôt, le Parti communiste accepte de s'unir à Jean-Luc Mélenchon tandis que la LCR réfléchit à cette alliance.

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