Les fraudes au Parti socialiste étaient un secret de polichinelle

Dépêches ignorées · 24 nov. 2008 à 20:34

Fraudes au PS

Depuis l'annonce des résultats du vote des militants socialistes, la presse en ligne s'amuse à faire les décomptes des voix entre Martine Aubry et Ségolène Royal, en fonction des annonces successives de fraudes ou d'erreurs dans les décomptes des bulletins. Ainsi, le PS a annoncé officiellement que Martine Aubry avait devancé Ségolène Royal de 42 voix. Mais certaines sections ont recompté et se sont rendues compte qu'elles s'étaient trompées, moins de voix dans telle section, plus de voix dans une autre.


Le Parti Socialiste est en train de revivre ce qui s'était passé en Floride en 2000, quand les Américains ont dû recompter plusieurs fois les bulletins pour départager Al Gore et Bush. Sauf qu'au Parti Socialiste, ce fiasco était légèrement prévisible. Depuis plusieurs semaines, à Politique.net, nous publions des articles sur les fraudes au PS. Il y a des problèmes à tous les étages, du fichier d'adhérents Rosam qui compte des doublons, en passant par les trucages de certaines fédérations, sans oublier les disparitions de section pour sanctionner les électeurs qui ne suivent pas les consignes.



Nous avions notamment classé l'une de ces informations (le fichier qui fiche mal) dans notre baromètre des Dépêches Politiques Ignorées. Ces dysfonctionnements internes étaient connus de tous. Cela faisait partie du folklore. Les journaux évoquaient quelques cas dans l'indifférence générale. Pourtant, au siège du PS, à Paris, les risques de fraudes étaient prises très au sérieux. François Hollande avait publié une circulaire anti-fraude pour que les fédérations obéissent à des règles de bonne conduite. La rue de Solferino n'était pourtant pas un modèle de transparence. Ainsi, le magazine Le Point avait expliqué que lors de la primaire 2006, les chiffres de DSK et Fabius avaient été rehaussés pour éviter l'humiliation face à une candidate triomphante.

Si ces fraudes restaient marginales (quelques centaines de voix par-ci par là), elles n'en restaient pas moins choquantes. Mais ces petites manipulations restaient invisibles, au niveau national, tant que les victoires étaient nettes. Avec 42 voix d'écart entre Martine Aubry et Ségolène Royal, il apparaît que ces petites fraudes font toute la différence. C'est donc dans la douleur que le Parti Socialiste est contraint de lever ce tabou. Vu l'insincérité des précédents scrutins internes, il apparaît évident qu'il sera impossible de départager honnêtement Martine Aubry et Ségolène Royal, tout simplement parce que le PS est matériellement dans l'incapacité de faire un décompte exact à 40 voix près. Au PS, il va donc falloir désigner une gagnante à l'aveugle.

Notre Dossier sur les dysfonctionnements au Parti Socialiste

- Les dérives de certaines fédérations du PS : bourrage des urnes et adhérents fantômes
- Après Edvige, la polémique sur le fichier des adhérents du PS baptisé Rosam
- Congrès du PS : la direction sortante craignait de nombreuses fraudes lors du vote
- Bataille de chiffres au congrès du PS : 167 953 adhérents, mais 233 000 votants potentiels ?
- La fédération des Bouches du Rhône sanctionne ceux qui n'ont pas voté Ségolène Royal
- Scrutins internes : Pourquoi les adhérents du PS n'ont-ils pas voté par internet ?
- Pourquoi le Parti Socialiste n'a-t-il pas donné des chiffres exacts lors du résultat du vote ?

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Quiz : Pourquoi Ségolène Royal a-t-elle proposé de rembourser les militants ?

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