Congrès du PS : de quel côté sont les éléphants ?

Revue de presse · 22 mai 2008 à 21:40

Elephants socialistes

Au Parti Socialiste, les responsables politiques qui monopolisent toutes les fonctions depuis des années sont surnommés les éléphants. Certains sont d'ancien présidentiable (Jospin, Rocard), d'autres pensent avoir encore leur chance en 2012 (Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius). Tous doivent se prononcer pour le congrès du PS en novembre prochain. Trois choix sont possibles : soutenir Bertrand Delanoë, Ségolène Royal ou un responsable politique plus jeune qui neutraliserait les deux autres jusqu'au choix du candidat à la présidentielle de 2012. A 7 mois d'un congrès dont l'issue s'annonce très incertaine, pour qui roulent les éléphants ?

Jeudi 22 mai 2008 : Le choix des éléphants

- Le Monde : L'influence de MM. Jospin et Rocard au sein du PS est controversée
- Le Point : Royal met Delanoë et Jospin dans le même sac
- Le Figaro : Au PS, certains cherchent à éviter un duel Royal-Delanoë

Ceux qui roulent pour Delanoë : Jospin, Rocard

Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, principal concurrent de Ségolène Royal, peut compter sur le soutien de l'ancien courant Jospin/Rocard. Les anciens "jospinistes" défendent une ligne social-démocrate : ils prônent des réformes sociales élaborées dans la concertation et défendent une culture politique plus traditionnelle (propositions concrètes, alliance traditionnelle à gauche) face aux idées jugées hasardeuses de Ségolène Royal (démarche participative, alliance avec le centre de Bayrou). Seulement, pour l'emporter, Bertrand Delanoë devra élargir son camp et ne pas se laisser enfermer dans ce courant. Ségolène Royal a déjà commencé à l'attaquer sur ce sujet en renvoyant Delanoë à un courant dont les méthodes politiques seraient dépassées.

Dominique Strauss-Kahn cherche une alliance avec Montebourg et Aubry

Parti à Washington l'été dernier pour prendre la direction du Fonds Monétaire International, Dominique Strauss-Kahn n'a pas renoncé pour autant à toute ambition nationale. Alors qu'il avait annoncé qu'il resterait en poste jusqu'au bout (ses fonctions de directeur du FMI prennent fin en novembre 2012), il apparaît certain désormais qu'il quittera ses fonctions avant pour se rendre disponible pour la campagne de 2012. En attendant, il compte bien faire barrage à Ségolène Royal et Bertrand Delanoë pour qu'un Premier secrétaire de transition soit nommé au poste de Premier secrétaire. En ce sens, il a été rejoint par Arnaud Montebourg. Le leader du courant "Rénover maintenant", qui avait été porte-parole de Ségolène Royal pendant la campagne présidentielle, a pris ses distances avec l'ex-candidate socialiste et déposera un texte commun avec le courant de DSK pour le prochain congrès. DSK et Montebourg espèrent être rejoints par la maire de Lille, Martine Aubry, qui a fait son retour sur la scène nationale après sa victoire aux dernières municipales.

Laurent Fabius, Jack Lang et François Hollande sont en position d'attente

Trois autres éléphants ne sont pas encore prononcés. Les fabiusiens avaient dans un premier temps participé au groupe des "reconstructeurs" censés faire barrage à Bertrand Delanoë et Ségolène Royal. Mais pour l'instant, ils devraient soumettre un texte à part des Strauss-khaniens. Plus à gauche que DSK, les fabiusiens se retrouvent isolés, sauf rebondissement de dernière minute et alliance contre nature.
De son côté, Jack Lang, qui avait renoncé à une candidature aux primaires socialistes de 2006 pour soutenir Ségolène Royal, déplore l'inflation du nombre de candidatures. Isolé au sein du PS, sans véritable courant constitué, il devrait attendre le plus longtemps possible avant de se prononcer et choisir celui qui sera le mieux placé pour l'emporter.
François Hollande, le Premier secrétaire sortant, reste lui aussi en retrait et ne devrait pas apporter de soutien clair à l'un ou l'autre des candidats. En tant qu'ancien Premier secrétaire du PS, il jouera certainement un rôle important dans la désignation de son successeur, notamment en influençant les secrétaires départementaux au sein des fédérations socialistes. Mais il est trop tôt encore pour savoir s'il osera franchir le pas d'annoncer son ralliement à un camp.

La "nouvelle génération" part en ordre dispersé

A 7 mois du congrès, une certaine confusion règne au sein de la nouvelle génération. Alors qu'on pensait qu'une alliance des quadras et quinquas était possible (Dray, Moscovici, Montebourg, Peillon, Hamon, Gorce, Valls), les déclarations de candidature anticipée ont fermé la porte définitivement à une alliance de la "nouvelle génération" face à Delanoë et Royal. Julien Dray et Pierre Moscovici se sont officiellement déclarés candidat. Arnaud Montebourg a rejoint le camp de DSK (dont Pierre Moscovici fait toujours partie et pourrait être le candidat officiel). Vincent Peillon a rejoint Ségolène Royal. Gaëtan Gorce semble plus proche de Delanoë. Enfin, Manuel Valls, très critique à l'égard de François Hollande et de Ségolène Royal au moment des législatives, semble s'être résigné à renoncer à être candidat. Il pourrait officiellement apporter son soutien à Ségolène Royal.


L'issue du congrès du PS est donc très incertaine. Les alliances entre les uns et les autres sont fragiles et des retournements de situation sont à prévoir. Rien n'indique que les candidats déclarés (comme Dray ou Moscovici) aillent jusqu'au bout de leur démarche. Comme en 2006, les militants pourraient avoir à choisir qu'entre 3 candidats, incarnant 3 courants : Delanoë, Royal, et un socialiste moins connu qui ne serait pas candidat à la présidentielle. Les différents courants du PS ont encore 7 mois pour s'accorder sur un nom.

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