Congrès du PS : les "reconstructeurs" contre Royal et Delanoë

Revue de presse · 13 fév. 2008 à 22:08

Les reconstructeurs au PS

Malgré la bataille des municipales, les socialistes gardent en tête l'autre élection de l'année 2008 : la désignation par les militants d'une nouvelle direction au Parti Socialiste. Les sondages dessinent les contours d'un duel : Ségolène Royal contre Bertrand Delanoë. Mais certains socialistes rejettent ce choix et veulent éviter ce face-à-face. C'est dans cette optique que s'est constitué un mouvement regroupant des courants hétéroclites : les « reconstructeurs ».

Revue de presse du mercredi 13 février 2008

- La Tribune : Branle-bas de combat au parti socialiste
- Libération : Cambadélis et Moscovici "d'accord sur leurs désaccords"
- Le Monde : Le socialisme municipal prospère malgré la crise du parti

Qui sont les « reconstructeurs » ?

A neuf mois du congrès du Parti Socialiste pour désigner une nouvelle direction, deux figures semblent se dégager et emporter les suffrages : Ségolène Royal et Bertrand Delanoë. Le problème, c'est qu'ils sont loin de faire l'unanimité au sein du PS. Un groupe, baptisé les « reconstructeurs », s'est constitué pour faire barrage au duo. Il s'agit d'une alliance hétéroclite qui va de Strauss-Kahn à Fabius en passant par Montebourg et les représentants du Nouveau Parti socialiste.
Mais ce groupe, qui se voudrait solidaire, est particulièrement hétéroclite : des hommes politiques aussi différents que Fabius ou DSK doivent trouver un projet commun pour convaincre les militants au congrès prochain. Certains critiquent cette manoeuvre ne comprenant pas la cohérence du projet. D'autres au contraire la soutiennent rappelant que les trois courants réunis sont les plus solides du PS. Lors du congrès de 1971, François Mitterrand, pour remporter la victoire, n'avait pas hésité à demander le soutien de Pierre Mauroy, Gaston Defferre et Jean-Pierre Chevènement.

Objectif : barrer la route de Royal et Delanoë

Le premier objectif des Reconstructeurs est de barrer la route à Ségolène Royal et Bertrand Delanoë. Certains socialistes souhaitent distinguer la course à la présidence de la fonction de Premier secrétaire. Ils rejoignent la proposition qu'a faite Michel Rocard dans une tribune publiée dans le journal Libération, en janvier dernier. Le parti, selon lui doit d'abord se reconstruire, bâtir un projet ambitieux avant de penser à désigner son candidat pour l'élection présidentielle. Ainsi, les « Reconstructeurs » espèrent ouvrir entre eux le débat sur de nombreux points de confrontation afin de construire une pensée commune après discussions et réflexions.

Les difficultés pour élaborer un projet commun

Pour ouvrir le débat, ils doivent d'abord cadrer les thématiques et constituer des groupes de travail. Dans un premier temps, cinq équipes seront chargées de rédiger des textes sur l'économie française et l'organisation de la présidentielle en 2012. Même si les socialistes de la reconstruction appellent de leur voeu une réflexion sur de nouvelles idées, il n'en demeure pas moins que la présidentielle est un sujet majeur. Le premier texte aborde donc le thème de l'économie française.
Entre les fabiusiens et les strauss-kahniens, une même ligne politique semble difficile à concevoir. Le texte commun sur l'économie s'arrête donc au simple constat : l'économie française fonctionne au ralenti, manque de dynamisme. Pour la relancer, l'Etat doit intervenir davantage. Face à des divergences profondes dues à des conceptions différentes du socialisme, un discours réalisable et logique est difficile à concevoir.
Le second texte envisage la prochaine élection présidentielle. Les reconstructeurs, paradoxalement, souhaitent que ce projet ne soit pas une idée obsessionnelle, juste un objectif à atteindre d'ici quatre ans, après avoir réalisé un projet innovent pour le PS. Enfin, ils proposent que, pour les primaires, tous les sympathisants puissent voter pour le candidat de gauche.

Un groupe hétéroclite plein d'arrière-pensées

Le Parti socialiste a besoin d'un premier secrétaire ambitieux, charismatique qui saura s'imposer, mais le parti doit d'abord renouveler ses idées.
Or, ceux qui s'appellent les « reconstructeurs » ne sont pas exempts d'arrière-pensées. Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn se sont présentés en 2006 aux primaires face à Ségolène Royal. La campagne s'est déroulée dans la plus grande confusion et le déni mutuel. Et les deux éléphants ne semblent guère avoir renoncé à leur projet. Même DSK a fait un retour surprise lors du dernier forum de la rénovation alors que son départ au FMI était censé signifier sa prise de distance avec le parti.
Le mouvement des « reconstructeurs », loin de la rénovation idéologique, est une alliance purement tactique au service de stratégies individuelles.

*** Liens

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