Municipales : où sont passés les candidats du Front National ?

Municipales 2008 · 3 mar. 2008 à 20:58

Front national, municipales

Les élections municipales semblent déjà gagnées par la gauche dans un certain nombre de villes. L'UMP, grâce à sa politique de l'ouverture au centre et à gauche, espère limiter les dégâts. En revanche, il est un parti qui se fait peu entendre depuis le début de la campagne aux municipales : c'est le Front national. Le parti d'extrême droite n'est présent que dans 85 villes de plus de 10 000 habitants, ce qui représente une baisse de 63% du nombre de candidatures par rapport à 2001.

Un nombre de candidature en baisse

Si le Front national a connu une certaine progression au cours des années 1990 et au début des années 2000, il connaît désormais un déclin dans les suffrages depuis la déroute de 2007 aux législatives et à la présidentielle. Pour les municipales, le FN est deux fois moins présent que la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Néanmoins, le Front national est présent dans de grandes villes comme Paris, Lyon ou Marseille ; dans des villes de tradition nationaliste comme Toulon et Vitrolles. Il sera également sur les listes de 33 départements. Pourtant, le parti s'inquiète de ne pas avoir de candidats en Seine-Saint-Denis, en Cote d'Or, en Savoie. De nombreuses régions, où ordinairement le Front national obtient de bons scores, ne présentent aucun candidat FN. La place est ainsi laissée à l'UMP voire au parti de Philippe de Villiers, Le Mouvement pour la France.

Les transfuges du FN passés à l'UMP

Dans de nombreuses communes, les candidats, fidèles jusqu'alors au Front national, ont décidé de changer de camp. C'est le cas par exemple du maire nationaliste d'Orange, Jacques Bompard qui a rejoint le Mouvement pour la France. De son côté, le lepéniste Jacques Peyrat a été élu maire en 1995 à Nice en tant que FN mais a, par la suite, adhéré au RPR puis à l'UMP. A Vitrolles où a été élu maire Bruno Mégret, deux anciens lepénistes, Alain Césari et Norbert Rodriguez, adhérents depuis au Mouvement pour la France, ont rallié la liste UMP de Christian Borelli.
Si les candidats extrémistes n'ont pas de mal à rallier la droite, il semble que l'UMP ne pose pas de difficultés à les accepter sur leur liste électorale. C'est le cas de Sylvie Barthélémy, candidate UMP à Aubagne, qui approuve le courage et le militantisme de Jean-Dominique Roubaud, ex-FN, rallié au MPF.
Enfin, dans certaines villes, quelques lepénistes ont quitté le parti pour se présenter sous l'étiquette Centre national des indépendants et paysans (CNI), parti associé à l'UMP. Plusieurs candidats se retrouvent dans ce cas de figure comme dans le Calvados.

Une crise financière et politique

La première raison de la crise est le manque de moyens financiers. En effet, tandis que le parti jouissait de 4,6 millions d'euros par an entre 2002 et 2007, il ne reçoit plus que 2 millions depuis l'échec aux élections législatives de juin dernier. Le FN est aussi fortement endetté puisqu'aux législatives, 360 candidats n'ont pas réussi à atteindre les 5% des suffrages leur permettant un remboursement de leur campagne. La dette s'élèverait ainsi à 9 millions d'euros.
La crise est aussi politique. La succession de Jean-Marie Le Pen est dans toutes les têtes. Or jusqu'à présent aucun candidat ne fait l'unanimité. Sa fille, Marine Le Pen, souhaite prendre la relève. Mais de nombreux adhérents sont opposés à cette nomination. En novembre 2007, lors du congrès du parti, plusieurs militants opposés à Marine Le Pen ont décidé de démissionner (c'est le cas du secrétaire départemental, Régis de la Croix-Vaubois). Pour marquer son désaccord, Jean-Marie Le Pen n'a pas souhaité apporter son soutien aux candidats qui se sont opposés à sa fille. Sont concernés : Myriam Baeckeroot à Conflans-Sainte-Honorine, Sylvie Butez-Langlois à Wattrelos et Christian Baeckeroot à Tourcoing.


Les élections municipales illustrent bien le déclin du Front National. A la crise financière s'ajoute une crise politique liée à la prochaine succession de Jean-Marie Le Pen à la tête du parti. En attendant, pour la première fois depuis les années 1980, les municipales se déroulent « presque » sans le Front National.

*** Liens

- Municipales : l'ascension de Marine Le Pen passe par Hénin-Beaumont
- Crise financière et problèmes de succession au Front National
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Vidéos en ligne
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Politique.net : Les enjeux des élections municipales et cantonales

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