Municipales : les conséquences des précédentes défaites du pouvoir exécutif (1976 et 1983)

Municipales 2008 · 27 fév. 2008 à 20:32

Municipales 1976

A deux semaines des élections municipales, les jeux sont faits. La droite s'achemine au mieux vers une défaite, au pire vers une débâcle. Principal responsable : Nicolas Sarkozy. En baisse dans les sondages, le président de la République est victime de son ultra-médiatisation et de son absence de résultats en matière de pouvoir d'achat. Comme à chaque élection intermédiaire, le risque pour la droite d'être sanctionné par les électeurs est grand. Ce n'est pas la première fois que le pouvoir en place risque d'être sanctionné aux élections municipales. Il y a eu deux précédents : 1976 et 1983. Et à chaque fois, les conséquences ont été identiques.

Municipales 2008 à droite : chronique d'une défaite annoncée

Il y a encore quelques mois, Nicolas Sarkozy avait fait des élections municipales un rendez-vous capital pour la suite de son quinquennat. Une trop lourde défaite serait synonyme de paralysie et de coup d'arrêt de la dynamique des réformes. C'est pour éviter ce risque qu'il avait pratiqué l'ouverture : en prenant des personnalités de gauche dans son gouvernement, il espérait désorienter la gauche. Neuf mois plus tard, cette stratégie apparaît bien vaine.
En moins de trois mois, la cote de popularité du président de la République s'est effondrée, et avec lui, les chances de victoire de la droite aux municipales également. A Paris, les jeux sont faits depuis longtemps. A Lyon, Dominique Perben est largement battu d'après les derniers sondages. Enfin, à Marseille, les deux candidats PS et UMP sont au coude-à-coude alors que Jean-Claude Gaudin, le maire UMP sortant, pensait être réélu dans un fauteuil.
A l'échelle nationale, si la défaite est certaine, toute la question est désormais de connaître l'ampleur de cette défaite. A deux reprises, par le passé, une sanction du pouvoir en place lors d'élections municipales a eu lieu : c'était en 1976 et 1983.

Cantonales 1976 : les conséquences de la défaite de la droite

En 1976, lors des élections cantonales, le pouvoir en place incarné par Valéry Giscard d'Estaing (président) et Jacques Chirac (premier ministre) avait été lourdement sanctionné. La défaite avait débouché sur la démission de Jacques Chirac quelques mois plus tard et la mise en place d'une politique libérale sans précédent en France. Raymond Barre, cumulant le poste de Premier ministre et de ministre de l'Economie, avait profité de cette impopularité passagère du pouvoir pour mener des réformes structurelles impopulaires. La rigueur avait donc été la principale conséquence à l'échelle nationale de ce scrutin censé être local.

Municipales 1983 : le tournant de la rigueur après la défaite

Deux ans après l'arrivée de la gauche au pouvoir, le gouvernement de François Mitterrand et Pierre Mauroy est sanctionné lors des élections municipales. La défaite est d'autant plus forte que la gauche avait très largement remporté les élections précédentes de 1977. Lors des municipales de 1983, l'opposition de droite a obtenu 53% des voix dans les villes de plus de 30 000 habitants et 58% dans les villes de plus de 100 000 habitants au Premier tour. Au deuxième tour, la gauche perdit 31 villes de plus de 30 000 habitants.
Au lendemain de cette défaite, le Premier ministre Pierre Mauroy a été reconduit dans ses fonctions mais mena une politique de rigueur, mal vécue par la population : réduction des déficits par une augmentation de la taxe sur les carburants, réduction des dépenses et hausse des tarifs des entreprises publiques (RATP, SNCF, EDF), etc.

Vers une nouvelle politique de rigueur en 2008 ?

En 2008, le pouvoir exécutif se retrouve donc dans le même cas de figure et s'apprête à subir une défaite aux prochaines municipales. Une fois cette séquence électorale terminée, le président de la République disposera d'une fenêtre de tir d'un an et demi avant les prochaines élections, les européennes de juin 2009. Face à des déficits chroniques et sous la pression de l'Union Européenne qui veille sur les comptes des états membres, une politique de rigueur risque bien d'avoir lieu comme en 1976 ou 1983. Nicolas Sarkozy étant déjà très impopulaire, cette politique de rigueur devrait être discrète et appliquée selon des moyens détournés. L'hypothèse la plus probable est qu'il lancera de nouvelles réformes impliquant des mesures fiscales à la hausse, sans dire clairement qu'il s'agit d'un plan de rigueur. Par exemple, l'Etat pourrait augmenter les cotisations sociales sous la forme de nouvelles franchises.

Si l'issue de ces élections municipales est connue d'avance, une question subsiste donc : 2008 sera-t-il le remake de 1976 et 1983 ?

*** Liens

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