Ségolène Royal passe à l'offensive pour contrer Bertrand Delanoë

Revue de presse · 4 jan. 2008 à 13:23

Royal et Delanoë

Le congrès du Parti Socialiste pour désigner une nouvelle direction aura lieu à la fin de l'année. Il ne fait pas de doute que Ségolène Royal briguera le poste de Premier secrétaire. Hier, elle n'a donc fait que confirmer ses ambitions. Pourtant, ses déclarations ont provoqué des remous au Parti Socialiste. C'est qu'avant le congrès du PS, il y a les municipales. Et les socialistes n'ont qu'une crainte : qu'une nouvelle guerre des chefs, à l'image de la primaire de 2006, s'enclenche pendant toute une année. Pourquoi Ségolène Royal a-t-elle déclenché les hostilités ? Quelle est la stratégie de son principal rival Bertrand Delanoë ? Pourquoi la primaire 2008 est-elle si importante pour la présidentielle 2012 ?

Revue de presse du vendredi 04 janvier 2008

- Libération : Royal dégaine avant Delanoë
- Le Figaro : Royal rallume la guerre des chefs au PS
- Le Monde : Ségolène Royal précise ses ambitions au sein du Parti socialiste

Ségolène Royal passe à l'offensive

En ce début d'année, Ségolène Royal a décidé d'accélérer. Sur France 2, elle a quasiment fait une déclaration de candidature au poste de Premier secrétaire du Parti Socialiste : "Je compte aller jusqu'au bout de ce que j'ai entamé au cours de cette campagne présidentielle pour rénover la gauche (...) Si je suis capable de rassembler les socialistes sur cette offre politique, j'irai jusqu'au bout de cette démarche".
Ségolène Royal se lance donc dans la course à l'investiture pour devenir la première femme à prendre la tête du Parti Socialiste. Présidente de la région Poitou-Charentes jusqu'en 2010, l'ex-candidate socialiste à la présidentielle ne se présente pas aux élections municipales de mars 2008. Le congrès du PS est donc son principal objectif de l'année 2008. Mais cette déclaration de candidature anticipée n'est pas au goût tout le monde.

Le tir de barrage contre l'ex-candidate socialiste

Les réactions ne se sont pas faites attendre. Fabiusiens et Strauss-Khaniens ont, en toute logique, critiqué cette précipitation du calendrier de l'éternelle candidate. Dans le rôle de porte-flingue, Claude Bartolone (Fabiusien) et Jean-Christophe Cambadélis (Strauss-Khanien) ont riposté en déplorant une annonce malvenue qui présageait d'une primaire interminable entre des présidentiables pour 2008 et 2012.
Mais, plus surprenant, la jeune garde montante du PS a également critiqué l'annonce de Ségolène Royal. Ainsi, Benoît Hamon a répliqué violemment : "Avec ses deux millions de voix de retard sur Nicolas Sarkozy et le flou artistique de son offre politique et stratégique, elle n'est pas la plus légitime pour incarner la rénovation du PS". Même Arnaud Montebourg, qui fut le porte-parole de Ségolène Royal pendant la campagne présidentielle, critique cette précipitation.

Le timing de Bertrand Delanoë, le principal rival de Ségolène Royal

Si Ségolène Royal a décidé d'anticiper sa déclaration de candidature alors même que les municipales n'ont pas eu lieu, c'est en raison de la stratégie de Bertrand Delanoë. De l'avis de tous, le maire de Paris sera le principal concurrent de Ségolène Royal pour prendre la direction du Parti Socialiste. Mais avant de se lancer dans la course, Bertrand Delanoë doit d'abord gagner les municipales à Paris en mars prochain. Les derniers sondages indiquent qu'il devrait être réélu haut la main face à Françoise de Panafieu. Mais jusqu'en mars, Bertrand Delanoë ne dira rien de ses ambitions au Parti Socialiste pour ne pas parasiter sa campagne à Paris.
Dès lors, Ségolène Royal peut partir en campagne pour le congrès du PS, trois mois avant lui et parcourir seule toute les fédérations du Parti Socialiste. Car après les municipales, la présidente de la région Poitou-Charentes craint le rouleau compresseur Delanoë. Si l'actuel maire de Paris est réélu avec un score très élevé, il sera alors dans une dynamique de conquête pour s'emparer le PS et sera l'objet de toutes les attentions des médias, au risque de reléguer Ségolène Royal au second plan. Pour éviter d'être prise de court, elle a donc décidé d'attaquer en premier.

Le Premier secrétaire du PS sera quasiment assuré d'être candidat en 2012

Le pari de Ségolène Royal est risqué. Depuis la fin de la campagne présidentielle, l'ex-candidate socialiste a été violemment critiquée au sein de son propre parti. Elle n'a pas constitué de courant et la plupart des responsables socialistes ne souhaitent pas qu'une nouvelle primaire au PS s'éternise pendant toute l'année 2008 comme au moment de la désignation du candidat à la présidentielle en 2006. Les échanges peu aimables entre Fabius, Strauss-Kahn et Royal, avaient été mal vécus par les militants.
Pourtant, la bataille semble belle et bien lancée avec quelques mois d'avance. La précipitation de Ségolène Royal reflète l'enjeu du congrès 2008 : le Premier secrétaire du PS sera quasiment assuré d'être le candidat de la gauche en 2012. En effet, le congrès 2008 doit résoudre la crise de leadership. François Hollande n'a jamais réussi à s'imposer comme leader naturel. Il en est tout autrement de Ségolène Royal et Bertrand Delanoë. La prise du PS par l'un ou l'autre sera une garantie d'être en position de force pour se présenter à la présidentielle de 2012.

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