Dominique Strauss-Kahn, du PS au FMI

Enquête · 28 sep. 2007 à 09:23

DSK au FMI

Dominique Strauss-Kahn est nommé aujourd'hui directeur du Fonds Monétaire International. Après son échec lors de la primaire socialiste, l'avenir politique de DSK dans l'hexagone était incertain. En acceptant la proposition du Premier ministre luwembourgeois et de Nicolas Sarkozy d'accéder à la présidence du FMI, DSK obtient un poste d'une envergure internationale et affine sa stature d'homme d'Etat. Pendant tout l'été, DSK a fait campagne dans les principaux pays du monde afin de remporter cette élection. Retour sur le parcours politique du nouveau directeur général du FMI.

Origines et formation

Dominique Strauss-Kahn est né en 1949 à Neuilly-sur-Seine mais il passe son enfance entre le Maroc et Monaco. Sa famille rentre en France suite à un terrible tremblement de terre à Agadir. Après avoir fait des études de commerce à HEC, il poursuit des études politiques à l'IEP de Paris puis du droit public et de sciences économiques. Il obtient son agrégation de sciences économiques. Il a enseigné à l'Université de Nancy puis à celle de Nanterre, à l'ENA et à l'IEP de Paris. En 1971, il travaille au Centre de recherche sur l'épargne. Il devient président de la Commission des finances. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance de Paul Hermelin (qui deviendra son directeur de cabinet à l'Industrie en 1991) et de Denis Kessler (avec qui, onze ans plus tard il publiera L'épargne et la retraite). Parallèlement à sa carrière politique, DSK est avocat à la Cour en 1993. Il crée le cabinet DSK Consultants pour exercer le métier d'avocat d'affaires.

Ses premiers pas en politique

Dominique Strauss-Kahn commence sa carrière politique aux côtés de Jean-Pierre Chevènement au Centre d'études, de recherches et d'éducation socialiste. Il quitte bientôt le parti pour se rapprocher du premier secrétaire du Parti socialiste, Lionel Jospin.
Il se présente aux élections législatives de 1986 et est élu député de Haute-Savoie. Il se présente de nouveau en 1988, dans le Val-d'Oise. Il est réélu. Au cours de ces deux années, il est secrétaire national du PS, chargé des études et du programme. Entre 1988 et 1989, il est chargé de l'économie et des finances. En 1991, François Mitterrand le désigne comme ministre délégué à l'Industrie et au Commerce extérieur dans le gouvernement d'Édith Cresson puis dans celui de Pierre Bérégovoy.
En 1993, Michel Rocard demande à DSK de présider le « groupe des experts du PS ». Il perd les élections législatives dans la circonscription de Sarcelles et Garges-lès-Gonesse. Pourtant en 1995, il est élu maire de Sarcelles.
Il épouse alors la journaliste Anne Sinclair, qui doit renoncer à son émission Sept sur Sept lorsque son mari devient ministre de l'Économie et des Finances en 1997. De son côté, il quitte sa fonction de maire.

Ministre de l'Economie et des Finances dans le gouvernement Jospin

Lorsqu'il devient Premier ministre, Lionel Jospin appelle DSK dans son gouvernement et le nomme ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie. Grâce au retour de la croissance et à la baisse du chômage, Dominique Strauss-Kahn fait désormais partie de ceux qui comptent dans le paysage politique. Il est par conséquent en tête des listes des socialistes aux élections régionales de 1998 en Ile-de-France. Il remporte la victoire.
En tant que ministre, il réussit à mettre en oeuvre la TVA à 5.5% sur les travaux de rénovation dans le bâtiment ce qui permet de relancer l'activité du secteur et de redresser les comptes budgétaires. Il privatise pourtant France Telecom alors que le Premier ministre avait garanti le contraire. De même il s'oppose aux 35 heures mis en place par la ministre Martine Aubry. Ses méthodes sont plus libérales que celles du parti socialiste en général. Il rassemble néanmoins jospiniens et rocardiens au sein du parti Socialisme et Démocratie.
Le 2 novembre 1999, DSK donne sa démission au Premier ministre : il a été mis en cause dans les médias dans une affaire sur des rémunérations de complaisance par la MNEF (mutuelle nationale des étudiants de France) puis dans l'affaire Elf. Finalement, il est complètement blanchi et les affaires ont abouti à un non-lieu deux ans plus tard.

Homme politique dans l'opposition

En 2002, tandis que Jacques Chirac est réélu président de la république, l'UMP remporte les élections législatives. La Droite est donc au pouvoir. L'opposition doit s'organiser. Dominique Strauss-Kahn est secrétaire national du PS puis membre du bureau national du PS enfin secrétaire national du PS, chargé des élus entre 2005 et 2007. C'est avec Martine Aubry et Jack Lang qu'il s'occupe du projet socialiste pour 2007.
Proche de Michel Rocard, il fonde avec lui le club de réflexion À gauche en Europe et préside avec Jean-Christophe Cambadélis, le courant Socialisme et Démocratie. Proeuropéen, il s'engage en faveur du « oui » au traité de la Constitution pour l'Europe.

Les primaires et la campagne de Ségolène Royal

En 2006, la campagne présidentielle s'organise au sein du PS. Trois candidats se présentent aux primaires : Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius et Ségolène Royal. DSK est un candidat social-démocrate. Il est ainsi fortement soutenu par Michel Rocard, Robert Badinter et le Socialisme et démocratie jeunes. Finalement, après trois débats opposants les candidats du PS, le 16 novembre 2006, DSK n'obtient que 20.83% des voix des militants contre 60,60% pour Ségolène Royal.
Au cours de la campagne, DSK ne cessera de critiquer la candidate aux élections présidentielles, déplorant son manque d'expérience, son inaptitude à endosser une tâche aussi importante. Celle-ci fait sa campagne seule, loin des éléphants. Sur les conseils de ses plus proches collaborateurs, elle accepte leur aide mais en vain. DSK est notamment sollicité pour étudier le budget prévu, elle n'en tient pas compte. Lorsque François Bayrou annonce, juste avant le premier tour, qu'il accepterait de s'allier avec certains membres socialistes et notamment DSK, celui-ci est hésitant mais il garde sa position jusqu'à la défaite de Bayrou puis de Ségolène Royal pour accepter de participer au gouvernement de Nicolas Sarkozy.

La voix sociale-démocrate du PS

Suite à la défaite du PS aux élections présidentielles, Dominique Strauss-Kahn appelle à une rénovation du parti en s'ouvrant vers une voie plus sociale-démocrate. Il ne fait encore l'unanimité. Ségolène Royal refuse radicalement ce positionnement, elle qui compte se présenter contre lui à la tête du PS en 2008. Aux élections législatives de 2007, il se présente de nouveau dans la huitième circonscription du Val d'Oise. Il remporte les élections avec 55.5% des voix.

Directeur du FMI

Le président de la République, dans sa politique d'ouverture, a proposé à Dominique Strauss-Kahn de se présenter en tant que candidat de la France à la tête du FMI (Fonds monétaire international). L'Europe lui a apporté majoritairement son soutien le 10 juillet 2007. De même, les États-Unis, la Chine et une grande partie des pays d'Afrique défendent cette candidature. La Russie, en revanche, a présenté un autre candidat, Joseph Tosovsky pour que cette élection ne soit pas un plébiscite.

Aujourd'hui, il est donc nommé directeur général du Fonds Monétaire International pour une durée de 5 ans. Il va devoir s'installer à Washington, tout en gardant un oeil sur ce qui se passe au Parti Socialiste, au cas où.

*** Liens

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