L'ambiance se dégrade au sein du gouvernement

Revue de presse · 11 fév. 2008 à 23:11

Tensions au gouvernement

A l'approche des municipales et d'un probable remaniement, les tensions s'accumulent au sein du gouvernement. Depuis que la cote de popularité de Nicolas Sarkozy a commencé à baisser, l'ambiance s'est dégradée. Entre les désaccords politiques, les calculs stratégiques et le jeu de courtisans qui s'est installé à l'Elysée, les coups bas se sont multipliés. Il faut ajouter à cela la mauvaise habitude de Nicolas Sarkozy de prendre tout le monde, ses ministres en particulier, à contre-pied, en annonçant de nouvelles mesures, de nouvelles dépenses, sans en informer les ministres concernés. C'est le cas par exemple du ministre de l'agriculture, Michel Barnier, qui après avoir défendu le bien fondé des quotas de pêche, a du faire marche arrière à Bruxelles suite à l'intervention du chef de l'Etat. Il règne alors une forme de vacation du pouvoir et une méfiance réciproque entre les ministres, déterminés à sauver leur place.

Revue de presse du lundi 11 février 2008

- Le Monde : A l'Elysée, l'ambiance est clairement délétère
- L'Express : Boutin exclue d'une réunion à l'Elysée
- Le Figaro : Lagarde qualifie de fariboles les rumeurs de son départ

Amara/Boutin : le président a tranché

La veille de la présentation du plan banlieue, L'Express a révélé qu'une réunion s'est tenue à l'Elysée en présence de Fadela Amara mais en l'absence de sa ministre de tutelle, Christine Boutin. Entre les deux femmes, les relations se sont refroidies depuis quelques mois. Dans la bataille médiatique que se livrent les deux ministres, Fadela Amara a marqué des points. Christine Boutin a tenté de décrédibiliser les pistes étudiées par sa secrétaire d'Etat mais le président de la République a tranché en faveur de Fadela Amara, en reprenant la plupart de ses propositions et en allant même au-delà. Christine Boutin paye ses critiques trop ouvertement exprimées contre sa collègue, son absence de résultats, en matière de vente de HLM par exemple, et surtout ses quelques remarques négatives sur le chef de l'Etat, notamment lorsqu'il s'était augmenté.

Lagarde : rumeurs de démission

A l'Economie également, Christine Lagarde doit faire face à des tentatives de déstabilisation. La semaine dernière, des rumeurs ont circulé sur une éventuelle démission d'une ministre qu'on présente comme fatiguée, déprimée. Entre les critiques sur sa communication et les difficultés de sa campagne dans le XVIIe arrondissement de Paris pour les municipales, certains ont cru qu'elle allait jeter l'éponge. Elle a aussitôt démenti ces rumeurs en désignant Xavier Bertrand comme étant à l'origine de cette tentative de déstabilisation, le ministre du travail lorgnant sur le poste de ministre de l'Economie.

Xavier Bertrand, au centre des intrigues ?

La personne de Xavier Bertrand est sans doute la plus contestée au sein du gouvernement. D'abord par le Premier ministre lui-même. François Fillon lui reproche d'afficher trop ouvertement sa volonté de prendre sa place et d'entrer à Matignon. D'ailleurs, depuis que Nicolas Sarkozy a chuté dans les sondages et que le Premier ministre est devenu plus populaire que lui, le président de la République joue la carte " Bertrand" en laissant planer le doute sur ses intentions. Par deux fois depuis le début de l'année, Nicolas Sarkozy a demandé à Xavier Bertrand de l'accompagner lors de déplacements en province, manière de mettre François Fillon un peu sous pression.
Le Premier ministre n'est par le seul à avoir quelques griefs contre le ministre du travail. Eric Woerth, ministre des comptes publics, s'est aussi agacé de l'interventionnisme du ministre de travail. Alors que l'élargissement du paiement de la redevance aux retraités les plus modestes avait été acté à l'Elysée après avoir été proposé par Eric Woerth, Xavier Bertrand est directement intervenu auprès du président pour faire annuler ce projet.


L'éviction de David Martinon de la ville de Neuilly ce week-end montre bien qu'en ces temps troublés, personne n'est à l'abri d'un coup tordu. L'ambiance entre les ministres a donc peu de chances de s'améliorer jusqu'aux municipales de mars prochain. D'ici là, chaque faux-pas sera scruté à la loupe, et les conjectures sur le futur jeu de chaise musicale au sein du gouvernement vont s'intensifier.

*** Liens

- Les rumeurs de remaniement ministériel : qui sont les partants ?
- Fadela Amara, Christine Boutin : le duo explosif pour la banlieue
- Christine Lagarde et les chiffres : erreurs de com' ou absence de langue de bois ?
- Course à l'image : Nicolas Sarkozy dépassé par François Fillon
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