Le nouveau visage de la LCR : plus jeune et plus populaire

Enquête · 3 jan. 2008 à 19:33

Nouvelle LCR

Pendant des années, Arlette Laguiller a incarné la montée de l'extrême gauche. Lutte Ouvrière parvenait à devancer à chaque fois les autres partis à gauche de la gauche. Pour tenter de relancer l'autre grand parti d'extrême gauche, la Ligue Communiste Révolutionnaire, Alain Krivine a eu la bonne idée de laisser les clés du parti à un homme politique beaucoup plus jeune : Olivier Besancenot. En quelques années, ce dernier est devenu un acteur incontournable à l'extrême gauche, dépassant même Arlette Laguiller. Dernièrement, une doctorante du Centre de recherches politiques de Sciences Po a publié une étude sur la composition de la LCR. Et surprise, la composition du parti a considérablement évolué.

Olivier Besancenot : le leader de l'Extrême gauche

La Ligue communiste révolutionnaire semble avoir complètement changé de visage depuis que Olivier Besancenot a repris le flambeau, tenu jusqu'en 2002 par Alain Krivine. Il faut dire que le chef de la LCR a une manière vraiment innovante d'aborder les problèmes de la société, non pas en ayant recours à des discours policés mais en parlant la langue commune, sans avoir un vocabulaire populaire ou spécifique à la classe ouvrière. Il veut s'afficher tel qu'il est, sans apparat. Lors de l'élection présidentielle 2007, il était le favori des partis d'extrême gauche grâce à ses qualités d'orateur, sa volonté de ne pas participer aux polémiques lancées par les deux principaux candidats. Il a préféré expliquer son programme tourné vers les couches les plus défavorisées. Finalement, il a obtenu 4,08% des suffrages, c'est-à-dire 1 498 581 voix ce qui représente une augmentation de 287 019 voix par rapport à 2002. Il est le véritable leader de tous les partis d'extrême gauche : les autres ont subi un échec cuisant obtenant environ 1% des voix.

Enquête sociologique de la LCR

Une doctorante au Centre de recherches politiques de Sciences Po, Florence Johsua, a fait une véritable enquête sociologique sur les militants de la Ligue communiste révolutionnaire. Elle a envoyé un questionnaire aux 2 900 adhérents en 2006 et interviewé une cinquantaine d'entre eux pour connaître leur vision de l'engagement. Selon elle, la LCR s'est complètement métamorphosée depuis qu'Olivier Besancenot est arrivé à la tête du parti. Les résultats de l'enquête permettent de montrer que les militants ont rajeuni, se sont féminisés et appartiennent aux couches sociales les moins favorisées.

Un parti plus jeune

La gauche, dans son ensemble, attire souvent les plus jeunes, et les partis extrémistes en particulier. En 2002, de nombreux jeunes n'ont pas hésité à manifester leur mécontentement au soir du premier tour de la présidentielle : contrairement à ce qui était attendu, Lionel Jospin était exclu du second tour, laissant la place à Jean-Marie Le Pen. Une sorte d'élan civique les a poussés à s'engager politiquement et à adhérer à des partis. Aujourd'hui, à la LCR : 69 % des militants ont moins de 40 ans alors qu'ils n'étaient que 50 % environ avant la présidentielle de 2002. Les personnes de plus de 60 ans ne représentent plus que 2,7 %. L'apparence juvénile d'Olivier Besancenot et son franc-parler a donc permis à la LCR de rajeunir considérablement ses rangs.

La LCR recrute désormais dans les couches populaires

Tandis que Ségolène Royal s'est contentée de courir après Nicolas Sarkozy, répondant à toutes ses polémiques, et que les autres partis de gauche n'ont pas réussi à trouver leur positionnement, Olivier Besancenot s'est montré très clair dès le début de sa campagne. Il s'est rangé du côté des exclus, des sans-abri... Et ce discours a payé car les nouveaux adhérents de la LCR appartiennent aux couches populaires. Tandis qu'avant mai 2002, les militants ayant un emploi stable représentaient 72%, ils ne sont plus que 57% ! De même, tandis que les fonctionnaires formaient une bonne part des adhérents, ils ne sont plus que 25,6%. Enfin, la part des ouvriers représente 5%. Selon Florence Johsua, c'est une nouveauté importante puisque jusqu'en 2002, la LCR recrutait plutôt dans les couches moyennes et supérieures de la population active.

Des militants jeunes mais inexpérimentés

Si la LCR peut se féliciter d'avoir rajeuni contrairement au Parti communiste vieillissant qui continue à perdre de plus en plus de militants, elle est néanmoins victime de son succès. En effet, alors qu'elle recrutait autrefois au sein des syndicats et des associations, depuis cinq ans, c'est par les médias qu'elle séduit de nouveaux adhérents. Les jeunes découvrent Olivier Besancenot grâce à ses passages à la télévision ou à la radio et non plus par contact militant. Cela risque de poser de vrais problèmes parce que ces nouveaux adhérents n'ont pas d'expérience de militants. C'est donc tout un parti qu'il reste à reconstruire pour que la LCR ne laisse pas filer une base militante plus volatile qu'auparavant.

*** Liens

- Présidentielle 2007 : les sites web de Besancenot et Laguiller ne sont plus accessibles
- La LCR de Besancenot cherche aussi à faire du profit sur le net
- Extrême-gauche : un nouveau parti pour Olivier Besancenot ?
- Les divisions de l'extrême gauche et la percée d'Olivier Besancenot
- Déficit public : le débat Jacques Attali / Olivier Besancenot
- Besancenot/Le Pen : les extrêmes ne se rejoignent pas
- Ken Loach soutenait Olivier Besancenot pendant la campagne présidentielle

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Quiz : A quel âge Olivier Besancenot est-il entré à la Ligue Communiste Révolutionnaire ?

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