Revue de presse du 18 juin 2007 : La droite gagne les élections, la gauche remporte le second tour

Revue de presse · 18 juin 2007 à 09:48

Législatives 2007

La soirée électorale d'hier ne s'est pas passée comme prévu. Depuis une semaine, l'ensemble des médias et des instituts de sondage évoque une vague bleue, une victoire écrasante de l'UMP, une majorité de droite pléthorique, une opposition en miette, des communistes aux abois, des verts disparus, un MoDem à 1 député. Rien de tout cela ne s'est passé. Toute la presse revient sur ce spectaculaire retournement de situation et sur les multiples rebondissements d'une soirée électorale pas comme les autres où le constat est paradoxal : la droite gagne les élections mais la gauche remporte le second tour.

Les titres du jour

- Libération : La droite prend une gauche
- Le Monde : Les nouveaux élus à l'Assemblée nationale
- Libération : Au PS, une soirée pleine de surprises
- Le Monde : La presse internationale souligne l'impact de la TVA sociale sur le deuxième tour
- Libération : Royal officialise la rupture
- Le Figaro : Le MoDem a prêté main-forte au PS
- Le Figaro : L'Assemblée s'ouvre davantage aux femmes

La vague bleue n'a pas eu lieu

Les instituts de sondage prévoyaient entre 400 et 430, certains évoquant même la barrière symbolique de 500. Mais la vague bleue n'a pas eu lieu, voici la composition de l'Assemblée Nationale :
- A droite : 313 députés UMP, 20 députés Nouveau Centre, 11 divers droite, 2 MPF (de Villiers). Au total, la majorité de droite est composée de 346 députés.
- A gauche : 184 députés PS, 18 communistes, 14 divers gauche, 7 radicaux de gauche, 4 Verts. Au total, l'opposition de gauche représente 227 députés.
- Au centre : le MoDem de François Bayrou, ni à gauche, ni dans la majorité présidentielle, est composé de 4 députés.

La droite a donc une majorité absolue de 346 députés, mais l'opposition de gauche améliore son score de 2002 avec 227 députés. Mais ce rapport de force ne doit pas cacher la contre-performance de la droite. En effet, la gauche et la droite ont fait jeu égal, en nombre de voix, au second tour de ces élections législatives.
A l'exception de Jean-Pierre Chevènement, toutes les personnalités de gauche ont été élues, à commencer par les proches de Ségolène Royal : Arnaud Montebourg, Jean-Louis Bianco, Julien Dray. Les communistes, à qui on prédisait moins de 10 députés, parviennent finalement à limiter la casse en conservant 18 députés. Enfin, les Verts obtiennent un député de plus qu'en 2002.

Alain Juppé, la défaite et la démission

Deuxième rebondissement de la soirée : Alain Juppé est battu dans sa circonscription de Gironde. Depuis 1946, les Bordelais avaient toujours un élu un député de droite : Jacques Chaban-Delmas, puis Alain Juppé depuis 1997 et Hugues Martin, son suppléant. Après 61 ans d'opposition, la gauche bordelaise parvient enfin à gagner les élections législatives sur un score très serré : 50,93% (18 382 voix) pour la candidate socialiste Michèle Delaunay contre 49,07% (17 712 voix) pour Alain Juppé. L'écart n'est donc que de 670 voix. Aussitôt le résultat connu, Alain Juppé a annoncé sa démission du gouvernement, conformément au souhait du Premier ministre qui avait expliqué qu'un ministre battu ne pouvait se maintenir faute d'avoir la confiance des électeurs. C'est un coup dur pour Alain Juppé, qui pourrait également quitter la mairie de Bordeaux et abandonné provisoirement la vie politique une nouvelle fois. En 2004, il s'était déjà retiré au Canada suite à sa condamnation à un an d'inéligibilité pour l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris.

Royal/Hollande, une séparation médiatisée

Troisième coup de théâtre de la soirée, l'annonce par l'AFP, vers 22h, que Ségolène Royal et François Hollande sont séparés. Depuis plusieurs semaines, la rumeur circulait dans le tout Paris médiatique. Elle est désormais officielle. On peut s'étonner du timing de cette annonce, qui intervient au milieu d'une soirée électorale. Présents sur les plateaux de télévision pour commenter les résultats, les responsables socialistes n'ont pu cacher leur gène sur ce mélange des genres. En raison de leur fonction, cette séparation qui relève du domaine privé a une signification politique. Il est impossible de déterminer la date exacte de leur rupture, mais les cafouillages de la campagne entre François Hollande et Ségolène Royal, la mise à l'écart du PS pendant la campagne prennent une toute autre signification maintenant que l'on sait que le Premier secrétaire du PS et la candidate socialiste n'étaient déjà plus ensemble.

L'avertissement pour Sarkozy

Pourquoi la vague bleue n'a-t-elle pas eu lieu ? La polémique sur la TVA sociale a sans doute plombé la droite qui a improvisé sur un sujet sensible. Le gouvernement devra se montrer plus prudent. La gauche a également réussi à mobiliser ses électeurs pour éviter de donner à Nicolas Sarkozy une majorité écrasante à l'Assemblée. Enfin, la clé du scrutin réside dans le comportement des électeurs de François Bayrou. Dans toutes les circonscriptions où la lutte était serrée entre un candidat PS et un candidat UMP, les électeurs du MoDem ont voté majoritairement en faveur du candidat socialiste. Ce demi-échec ou cette demi-victoire constitue un avertissement pour Nicolas Sarkozy. Le résultat de ce deuxième tour des législatives marque la fin de son état de grâce.

*** Liens

- Les résultats du second tour des élections législatives et les réactions
- La polémique sur la TVA sociale
- Qu'est-ce que la TVA sociale ?

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