Revue de presse du 8 juin 2007 : La défaite annoncée du PS et le départ de François Hollande

Revue de presse · 8 juin 2007 à 10:44

L'après Hollande

Toutes les enquêtes d'opinion vont dans le même sens. La droite devrait obtenir une très large majorité à l'Assemblée Nationale. Aujourd'hui, la presse commente ces sondages et s'interroge sur l'avenir du Parti Socialiste et de son chef, François Hollande.

La défaite annoncée du Parti Socialiste

"Législatives, l'UMP loin devant, le PS progresse" titre Le Figaro. Contrairement aux élections législatives de 1993 où le PS avait eu moins de 60 députés, la gauche ne va pas subir une débâcle humiliante et peut espérer un peu plus de 100 députés. Cependant, la droite va améliorer son score de 2002 et vraisemblablement obtenir plus de députés qu'il y a cinq ans.
La défaite de Ségolène Royal à l'élection présidentielle oblige les socialistes à revoir leur programme et leur stratégie d'alliance. L'Union de la gauche avec des alliés comme le PC ou les Verts ne permet plus d'obtenir une majorité. Une ouverture vers le Centre apparaît le plus probable. Mais tout ce travail de rénovation ne peut se faire en quelques semaines. Les élus socialistes ont donc fait campagne tant bien que mal pour tenter de sauver leurs sièges de députés en sachant que, de toute façon, ces élections étaient perdues d'avance.

Les succès et les échecs de François Hollande (2002-2005)

Cette défaite législative annoncée pour la gauche marque la fin de l'ère Hollande au Parti Socialiste. "Sortie sans parachute" titre Le Monde qui indique en Une que "Ségolène Royal prépare l'après-Hollande". Au lendemain du choc du 21 avril 2002, François Hollande avait cherché le consensus pour rassembler tous les socialistes. Très doué pour la synthèse, il a rapidement renoncé à rénover le PS pour contenter tout le monde. Grâce à l'impopularité du gouvernement Raffarin, le PS a même enregistré des victoires électorales prometteuses en 2004 aux élections régionales et cantonales. La marche vers la victoire en 2007 semblait enclenchée.
Mais en poussant Jacques Chirac à organiser un référendum au lieu de passer par le parlement pour ratifier le projet de constitution européenne en 2005, François Hollande a commis une erreur tactique. La campagne du référendum européen a été désastreuse pour le Parti Socialiste. Après avoir organisé un référendum interne en novembre 2004, au cours duquel les socialistes ont voté à 60% pour la Constitution, les principaux dirigeants socialistes ont étalé leur division lors de la campagne officielle. Les partisans du Non au PS, avec Laurent Fabius comme chef de file, n'ont pas respecté le vote des militants et ont fait campagne contre la Constitution européenne. L'échec du référendum de mai 2005 est d'abord celui de Jacques Chirac mais aussi celui de François Hollande qui n'a pas réussi à tenir ses troupes.
La suite est une longue série de compromis. Le congrès du Mans du PS en 2005 s'est achevé par une synthèse impossible où tout et son contraire ont figuré dans le texte final. L'élaboration du projet socialiste pour la campagne de 2007 a illustré les tensions au sein du PS entre une aile très à gauche et une aile plus modérée, réformiste.

Hors course en 2007

A ce projet mal ficelé s'ajoute une bataille de personnes qui a duré toute l'année 2006. François Hollande souhaitait être candidat. Mais il ne pouvait le faire que sur le thème du rassemblement. La percée de Ségolène Royal dans l'opinion et la multiplication de candidatures l'ont empêché de concourir pour l'investiture du Parti socialiste.
La défaite de Ségolène Royal en 2007 marque la fin de l'ère Hollande. Après 10 ans à la tête du Parti Socialiste, François Hollande va passer la main en 2008. Populaire chez les militants, il n'a pas réussi à s'imposer à gauche et à enclencher une modernisation du Parti Socialiste. Désormais, la refondation du PS se fera sans lui, mais vraisemblablement avec sa compagne, Ségolène Royal s'étant déclarée candidate à sa succession.
L'avenir de François Hollande est donc en pointillé : député-maire de Corrèze, il devrait conserver un rôle important au PS en raison de ses connaissances de l'appareil socialiste mais il doit renoncer, à court terme, à toute ambition nationale.

*** Liens

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