Les partenaires sociaux désignent les représentants des forces sociales du pays : les syndicats de travailleurs et les représentants des dirigeants d'entreprise. Le terme de "dialogue social" apparaît pour la première fois en 1984 dans le cadre de la construction européenne. Cette année-là, le ministre français des relations extérieures, Claude Cheysson, prononce un discours au parlement européen de Strasbourg dans lequel il déclare : "La présidence française prendra les initiatives nécessaires pour chercher, avec les partenaires sociaux, le moyen de renforcer le dialogue social au niveau européen". Le terme va ensuite être repris par d'autres acteurs et son usage va se généraliser pour caractériser les relations socio-professionnelles.
Lorsque les syndicats de travailleur et le patronat entament des discussions, les négociations sont souvent difficiles car ils défendent chacun des intérêts différents. D'un côté, les travailleurs cherchent à améliorer leurs conditions de travail ou du moins à empêcher que celles-ci ne se dégradent. De l'autre, les représentants des patrons souhaitent avant tout gagner en efficacité économique pour être plus compétitif. Toute la difficulté des négociations est de concilier ces deux positions. Un accord n'est possible que si les intérêts des uns rejoignent ceux des autres.
Le patronat souhaite assouplir le marché du travail, c'est-à-dire
augmenter la période d'essai pour un salarié afin d'être certain
du choix avant l'embauche définitive. De même, les chefs d'entreprise
souhaitent pouvoir licencier plus facilement afin d'adapter l'emploi à
la conjoncture économique. Actuellement, le patronat déplore la
rigidité des contrats qui dissuaderait les entrepreneurs à embaucher
de peur de ne pas pouvoir rompre facilement le contrat de travail en cas de difficultés.
A l'inverse, les syndicats et les salariés refusent de perdre leurs acquis
sociaux et rejettent toute mesure qui marquerait un recul de leurs droits. Par
exemple, ils sont contre l'allongement de la période d'essai, considérée
comme une période où l'employeur peut facilement mettre l'employé
sous pression.
Les revendications de chacun sont donc légitimes mais le rôle des
"partenaires sociaux" est de trouver des points d'accord pour faire
évoluer le marché du travail. L'Etat n'intervient par des lois qu'en
dernier recours.
Finalement, les négociations entre partenaires sociaux reflètent
deux visions de l'avenir. La première vision, pessimiste, voit l'avenir
comme une menace. La situation va inexorablement s'aggraver, les réformes
imposent toujours de nouveaux reculs dans le droit du travail pour les salariés.
La mondialisation est vécue comme une menace pour les travailleurs : les
salaires sont tirés vers le bas pour diminuer les coûts, la finance
donne tout pouvoir à l'actionnaire, la libre concurrence pousse les entreprises
à revenir sur les différents acquis sociaux des travailleurs. Dès
lors, la seule solution est la lutte des travailleurs pour défendre leurs
acquis.
La deuxième vision de l'avenir est plus positive : la mondialisation a
permis une croissance mondiale sans précédent, de nombreux pays
comme l'Inde ou le Brésil sont sortis de la pauvreté, du moins une
partie de leur population s'en est sortie grâce à la multiplication
des échanges à l'échelle mondiale et à la croissance
qui a suivi. Même dans les pays développés, le chômage
a tendance à reculer, très faible aux Etats-Unis, il tend à
diminuer en Europe. Fort de ce constat, les partenaires sociaux sont alors décidés
à discuter pour corriger les effets négatifs de la mondialisation
à commencer par la précarisation des situations. Le chômage
baisse mais le nombre d’emplois précaires a considérablement
augmenté. En France, certains travailleurs à temps partiel vivent
en dessous du seuil de pauvreté (fixé à 800 euros en France).
Les négociations entre partenaires sociaux ne peuvent aboutir que si chacun consent à faire des concessions et prend en compte les revendications du partenaire d’en face. Pour y parvenir, chacun doit se défaire des idées reçues et des images caricaturales. Tous les patrons ne sont pas des agents à la solde du grand capital et tous les syndicats ne sont pas des organisations corporatistes qui refusent toute réforme. En définitive, l’efficacité du dialogue est proportionnelle à la capacité d’écoute de tous les partenaires sociaux.