Bernard KOUCHNER

Bernard Kouchner

Biographie de Bernard Kouchner.

Origines et formation

Bernard Kouchner est né le 1er novembre 1939 à Avignon. Il est issu de deux cultures différentes : son père, George Kouchner est juif tandis que sa mère, Léonne Mauric, est protestante. Il grandit en banlieue parisienne, à Fontenay-sous-Bois. Il n’est guère bon élève et se fait renvoyer de plusieurs établissements. Il décide, comme son père, de faire des études de médecine tout en espérant faire du cinéma. C’est en internat qu’il rêve de se lancer dans les causes humanitaires. Au début des années 1960, il milite au Parti communiste puis au Parti socialiste. En mai 1968, il s’investit dans les manifestations et devient l'animateur du comité de grève de la faculté de médecine de Paris.

Un début de carrière dans l’humanitaire

En 1968, il part pour sa première mission humanitaire, au Biafra. Dès cette époque, il se sent concerné personnellement par les conflits politiques et, avant même que ce droit ne soit reconnu, il exerce un devoir d’ingérence en prenant la défense des rebelles.
En décembre 1971, il crée avec quelques amis Médecins sans Frontières et en est élu président. Mais huit ans plus tard, il entre ouvertement en conflit avec Claude Malhuret avec qui il ne partage pas les mêmes idées concernant l’organisation humanitaire. Quand Bernard Kouchner cherche à médiatiser toutes les opérations humanitaires selon la théorie « sans caméra, une tragédie n’existe pas », Claude Malhuret préfère la discrétion d’un travail quotidien.
En 1979, Bernard Kouchner quitte définitivement Médecins sans Frontières pour fonder Médecins du Monde. Il commence alors à médiatiser ses combats et à devenir une figure emblématique de l’humanitaire. Il intervient alors au Vietnam, en Jordanie, en Liban, en Amérique latine, comme en Somalie ou au Kosovo. En 1987, il défend le « droit d'ingérence » basé sur l’idée que la communauté internationale doit intervenir dans un pays si le gouvernement de ce pays s’en prend à une partie de sa population.

Une carrière politique chaotique

Pour faire reconnaître le droit d’ingérence, il se déplace et fait campagne dans les institutions internationales. Homme de gauche populaire, il fait son entrée au gouvernement grâce à son ami Michel Rocard. Il est nommé secrétaire d'État en 1988. En 1992, Edith Cresson le nomme ministre de la Santé et de l’Action humanitaire. Il conserve ce poste sous Pierre Bérégovoy.
Même s’il n’est pas encore membre du PS, il se présente sur la liste européenne de Michel Rocard en 1994 et se fait élire député européen. Il adhère en 1995 au Parti radical de gauche (PRG) dont il devient porte-parole. Pourtant, malgré ses engagements humanitaires et son activisme en politique, il ne parvient pas à se faire élire lors des différentes élections législatives. Il se présente ainsi en 1988 dans le Nord, en 1994 en Moselle et 1996 à Gardanne. Ce n’est qu’en 1998 qu’il adhère au Parti socialiste tout en se gardant d’entrer dans l’appareil du parti.

Administrateur du Kosovo entre 1999 et 2001

Après ses multiples échecs électoraux, Bernard Kouchner oriente sa carrière vers l’international. Entre 1999 et 2001, il est nommé Haut représentant de l’ONU au Kosovo et administre la région dans un climat tendu faisant preuve d’un réel courage physique. Il se charge alors de l’organisation de l’aide humanitaire, de l’administration, de l’économie. Il se bat pour mettre en place des institutions démocratiques solides. Fort de ce travail, il défend sa candidature au Haut-commissariat aux réfugiés et à l'Organisation mondiale de la santé mais échoue dans les deux cas. De retour en France, il retrouve en 2001 un poste de ministre délégué auprès du ministre de l'Emploi et de la Solidarité, chargé de la Santé dans le gouvernement Jospin

La traversée du désert et un rapport contesté sur la Birmanie (2003)

Après l’échec de Lionel Jospin à la présidentielle de 2002, Bernard Kouchner se retrouve sans aucune base de repli. Il n’est pas élu local et n’a plus aucune fonction au sein de l’ONU. Toujours aussi populaire, il parcourt alors les plateaux de télévision en ironisant sur son sort de « chômeur » de la politique. [br] En 2003, il se rend en Birmanie pour faire un rapport demandé par le pétrolier Total sur les activités de son groupe. En effet, la justice a mis en cause Total pour des pratiques de travail forcé. Après s’être rendu sur place, Bernard Kouchner a rédigé un rapport plutôt élogieux sur les méthodes de l’entreprise prétendant qu’il y avait eu confusion dans l’observation de différents chantiers pétroliers : certaines entreprises ont recours au travail forcé, pas Total.
Depuis, la Fédération internationale des droits de l'homme estime que Bernard Kouchner a accepté de prendre parti pour une cause indéfendable par appât du gain. C’est le cas également de certains humanitaires qui n’apprécient guère son attitude mondaine et médiatique. On reproche en effet souvent à Bernard Kouchner de préférer les photos et les caméras plutôt que les discours. Pour faire connaître une cause, il n’hésite pas à avoir recours à des images chocs ou des symboles comme le sac de riz à l’épaule ou le bateau « Ile de lumière ».

Bernard Kouchner soutient la guerre en Irak en 2003

En 2003, les Etats-Unis veulent intervenir en Irak pour renverser le régime de Saddam Hussein, soupçonné de détenir des armes de destruction massive. Le président Jacques Chirac a refusé de participer à ce conflit et aucun soldat français n’est intervenu. Bernard Kouchner est l’un des rares à s’être prononcé en faveur de l’intervention armée. Selon lui, la guerre en Irak se justifie au nom du droit d’ingérence. Depuis des années, il se bat contre l’inaction de la communauté internationale vis-à-vis des principales dictatures du monde. Toutefois, il va critiquer après coup la manière dont les Etats-Unis sont intervenus en omettant de préparer un plan de reconstruction après l’invasion du pays.

Ministre des Affaires étrangères dans un gouvernement de droite depuis 2007

Bernard Kouchner a toujours été à part au sein de sa famille politique. Pendant la campagne présidentielle, Ségolène Royal l’a peu sollicité. Plébiscité par l’opinion, Bernard Kouchner suscite par contre la méfiance des dirigeants du PS en raison de ses positions trop iconoclastes et de sa trop grande liberté de ton. Ainsi, en 2006, il n’a pas hésité à approuver l’expérimentation du CPE. Jugé peu fiable par certains de ses détracteurs au PS, Bernard Kouchner n’a jamais réussi à se faire une place au sein du parti fondé par François Mitterrand.
En mai 2007, il est approché par Nicolas Sarkozy. Au nom de la politique d’ouverture, le nouveau président de la République lui propose le poste dont il rêve : le ministère des Affaires étrangères. A 68 ans, Bernard Kouchner n’a plus rien à attendre. Cette proposition est une aubaine pour lui et constitue un ultime pied-de-nez à des « amis » socialistes qui l’ont toujours tenu à l’écart.
Le deal entre Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner est le suivant : Kouchner obtient le poste qu’il n’espérait plus, Sarkozy utilise sa popularité pour sa stratégie d’ouverture. Même si Nicolas Sarkozy est au devant de la scène sur les dossiers les plus importants (libération des infirmières bulgares, captivité d’Ingrid Betancourt), Bernard Kouchner est un pragmatique et traite les dossiers que veut bien lui laisser l’Elysée.
Finalement, le plus difficile pour Bernard Kouchner est de respecter un certain devoir de réserve inhérent à sa fonction de diplomate. Naguère pourfendeur des dictatures et de l’oppression, Bernard Kouchner doit désormais savoir se contenter d’un simple « embarras ».