Nathalie Kosciusko-Morizet, portrait de la porte-parole du candidat Sarkozy

Portraits politiques · 22 fév. 2012 à 09:13 · Commentaires 0

Portrait de Nathalie Kosciusko-Morizet

Un casting surprise. Nathalie Kosciusko-Morizet a été nommée porte-parole du candidat Sarkozy. Un choix plutôt étonnant, cette dernière ne figurant pas à l'origine parmi le premier cercle de la Sarkozye. Compétente sur l'écologie, relativement épargnée par les polémiques durant le quinquennat et n'étant pas à l'origine d'aucun dérapage verbal comme Claude Guéant, NKM offre à Nicolas Sarkozy une image de modernité. Mais celle-ci doit cohabiter au sein de l'équipe de campagne avec des profils beaucoup plus droitiers comme Eric Ciotti.

Retour sur le parcours politique de NKM.

Ses origines et sa formation

Issue d'une famille d'intellectuels aisés, Nathalie Kosciusko-Morizet est née le 12 mai 1974 à Paris. Elle grandit dans le 15e arrondissement de Paris auprès d'une mère professeur de physique à l'IUT d'Orsay et d'un père polytechnicien et de ses trois frères et sœur. Les quatre enfants ont fait de brillantes études et accédé à de hautes fonctions : la sœur aîné est ingénieur agronome, le frère est le fondateur de PriceMinister et le cadet est chimiste.
La famille paternelle est d'origine polonaise. Parmi les aïeux, Andrzej Tadeusz Kosciusko, mort en 1817, a combattu aux côtés de Washington, avant de libérer la Pologne ; l'arrière grand-père, trotskiste, André Morizet, sénateur-maire de Boulogne-Billancourt ; le grand-père, gaulliste de gauche, a été directeur de cabinet de Léon Blum et de Vincent Auriol. Quant à son père, Philippe Kosciusko-Morizet, il est élu maire UMP à Sèvres depuis 1995. Du côté maternel, la famille, catholique, est originaire de la riche bourgeoisie provinciale.
Nathalie Kosciusko-Morizet découvre les essais politiques de Léon Blum, Marcel Déat et de Gaulle chez son grand-père paternel mais, avant de se lancer dans une carrière politique, elle se dirige d'abord vers des études scientifiques en suivant la préparation aux grandes écoles au lycée Louis-le-Grand. Grâce à ces études, elle quitte ses parents pour s'installer chez ce grand-père gaulliste. Celui-ci lui a parlé politique et, lors de visites, l'a présentée à quelques personnalités politiques. Elle a ainsi rencontré Marie-France Garaud, à 17 ans. Nathalie Kosciusko-Morizet intègre polytechnique et décide de faire son service militaire dans la marine à Djibouti.

Ses premiers pas en politique

Au lieu de poursuivre une carrière scientifique, elle préfère se diriger vers la politique. A polytechnique, elle se spécialise en biologie, et plus particulièrement les Eaux et Forêts. En 1997, elle entre à la direction de la prévision au ministère de l'Économie en tant qu'agent contractuel pour y traiter des questions environnementales. Après s'être occupée de la création d'une cellule environnement pour le gouvernement, elle rejoint finalement Alstom.
Elle rédige une note en mars 2000 intitulée « Pour une nouvelle politique de l'environnement » sous le pseudonyme de Nathalie Dumartray. L'Association des amis de Jacques Chirac la publie et le président de la République l'invite à l'Elysée, écoute ses positions sur l'environnement et l'introduit au sein de l'UMP pour s'occuper de ce secteur. Dès lors, elle commence une carrière politique active. Elle est suppléante aux élections législatives de 2002 dans l'Essonne sur la liste de Pierre-André Wiltzer. Comme il est nommé ministre de la coopération, il lui laisse le poste. Elle devient donc à 28 ans députée de l'Essonne.

Une députée UMP écologiste

En tant que députée, elle prend en charge de nombreux dossiers comme les téléphones mobiles ou les OGM. Lorsque Pierre-André Wiltzer quitte le gouvernement en 2004, elle refuse de lui rendre son siège, décidée à mener une carrière politique de premier plan. De tous les combats parlementaires, celui sur la charte sur l'environnement est le plus emblématique du travail de Nathalie Kosciusko-Morizet. Elle soutient le projet de Charte sur l'environnement proposé par Jacques Chirac, charte adoptée par le Parlement en février 2006. Spécialiste des questions d'environnement, elle s'est battue pour faire figurer cette charte dans la constitution.

Secrétaire d'Etat à l'écologie (2007-2009)

Durant la campagne présidentielle, Nathalie Kosciusko-Morizet soutient Nicolas Sarkozy, tout en restant fidèle à Jacques Chirac. Elle crée des liens entre lui et Nicolas Hulot qui propose son pacte écologique. Lorsqu'il est élu, le nouveau président de la République la nomme secrétaire d'Etat à l'écologie sous la coupe de Jean-Louis Borloo, un domaine qu'elle maîtrise parfaitement. Pourtant, malgré ou peut-être à cause de ses compétences et de son parcours brillant, la secrétaire d'Etat âgée de 34 ans seulement n'est guère appréciée par ses collègues qui la jugent parfois trop autoritaire ou pédante. Ces critiques ne semblent guère l'affecter. Elle poursuit ses objectifs : en juin 2007, elle est réélue députée avec 56% des suffrages mais c'est son suppléant, Guy Malherbe, maire d'Épinay-sur-Orge, qui récupère son siège.
Du côté des écologistes, les espoirs sont permis : nombreux sont ceux qui comptent sur elle pour mettre en œuvre une véritable politique de développement durable. Toutefois, le tandem Borloo/Kosciusko-Morizet est fragile. En avril 2008, la secrétaire d'Etat s'en prend à son ministre et au président du groupe des députés UMP, Jean-François Copé leur reprochant de ne pas l'avoir suffisamment soutenue à l'Assemblée lors du débat sur les OGM. Les députés de son camp ont critiqué son « manque de clarté » conduisant au vote d'un amendement anti-OGM du PC. Pour tenter de se défendre, Nathalie Kosciusko-Morizet s'est exprimée dans Le Monde pour dénoncer « un concours de lâcheté et d'inélégance entre Jean-François Copé, qui essaie de détourner l'attention pour masquer ses propres difficultés au sein du groupe, et Jean-Louis Borloo, qui se contente d'assurer le minimum », sous-entendant que le ministre n'a pas pris ses responsabilités en s'absentant de l'Assemblée au moment de l'adoption de l'amendement d'André Chassaigne sur les cultures traditionnelles garanties sans OGM. La sortie de NKM ne passe pas inaperçue : elle doit non seulement faire des excuses par écrit, est privée de voyage officiel au Japon avec François Fillon, mais surtout est nommée, lors du remaniement ministériel, secrétaire d'Etat à l'économie numérique, domaine moins prestigieux que l'écologie.

Secrétaire d'État à l'économie numérique (2009-2010)

Le 15 janvier 2009, Nathalie Kosciusko-Morizet est donc nommée secrétaire d'État à l'économie numérique, à la place d'Éric Besson. Aussitôt, elle met en place le développement du soutien aux usages et aux contenus, l'accès à Internet et le développement des infrastructures. Elle met en place le plan France numérique 2012. Dans la foulée, elle ouvre un compte twitter et devient alors l'un des membres de gouvernement le plus suivi. La secrétaire d'Etat ouvre le débat sur des sujets sociétaux comme le droit à l'oubli ou le lien entre le numérique et l'écologie.

En revanche, concernant la loi Création et Internet (Hadopi), elle ne prend pas part au débat expliquant : « Il a été décidé depuis longtemps que cette loi serait travaillée, puis portée exclusivement par le ministère de la Culture. Je m'intéresse au débat que je suis de près notamment sur Internet. [...] ce débat monopolise l'attention. Le vrai sujet, c'est la question du financement des contenus dans l'industrie du numérique. »

Brève conseillère régionale d'Île de France en 2010

Nathalie Kosciusko-Morizet est tête de liste UMP dans l'Essonne pour les élections régionales de 2010 en Île-de-France. Elle y est élue. Mais, huit mois plus tard, elle démissionne de son poste le 16 novembre 2010, acceptant le ministère de l'Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement.

Le retour au ministère de l'Ecologie en 2010

Dans le gouvernement François Fillon III, NKM est nommée ministre de l'Ecologue. Elle doit assurer le service après vente du Grenelle de l'environnement, dont certains décrets d'application tardent à être publiés. L'écologie n'est plus la priorité de Sarkozy. La Cour des comptes épingle le Grenelle en montrant que son volet fiscal n'est « pas respecté, incohérent, (et) inefficace ».
Au ministère de l'environnement, NKM doit également faire face à d'autres dossiers : les algues vertes sur les côtes bretonnes ou encore l'affaire des gaz de schiste, hydrocarbures dont le mode d'extraction est extrêmement polluant mais dont son prédécesseur, Jean-Louis Borloo, avait autorisé l'expérimentation. Suite à une forte mobilisation de mouvements écologistes locaux relayés également par José Bové, l'exploitation des gaz de schiste est bannie.

Porte-parole de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy

En février 2012, le candidat sortant, Nicolas Sarkozy nomme Nathalie Kosciusko-Morizet porte-parole de sa campagne à l'élection présidentielle de 2012. Le choix n'est pas anodin : NKM n'a jamais pris parti dans le débat sur l'identité nationale, elle a publié « Le Front antinational », vive critique contre le parti de Marine Le Pen, elle incarne la modernité à travers ses anciens postes au ministère du numérique ou de l'écologie. Elle est censée incarner une ligne moins droitière que celle de Sarkozy. Toutefois, elle doit cohabiter au sein de l'équipe de campagne avec notamment Eric Ciotti, qui a porté depuis 2007 de nombreuses lois ultra-sécuritaires.


par Anne-Sophie Demonchy



*** Sources
- Nathalie Raulin, « Décalée très décidée », Libération, 31 octobre 2009.
- Vanessa Schneider, « Nathalie Kosciusko-Morizet, l'atour chic du président », M, le magazine, 3 mars 2012




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