Le gouvernement va financer une campagne de publicité de 3 millions d'euros pour vanter les mérites du RSA

Le Canard enchaîné · 2 oct. 2008 à 07:23

RSA, publicité du gouvernement

Alors que le gouvernement doit gérer les conséquences de la crise financière mondiale, certains préparent déjà l'après. Une fois que la panique boursière se sera calmée, le gouvernement va reprendre la feuille de route tracée par Nicolas Sarkozy, à commencer par le vote des lois sur le RSA et l'intéressement. Le Revenu de Solidarité Active, défendu par Martin Hirsch, est le versant social de la politique de Nicolas Sarkozy. Mais ce qui était au départ une idée de gauche plutôt consensuelle s'est transformé en réforme polémique à cause de son financement : une taxe de 1,1% sur les placements financiers va être créée mais le système du bouclier fiscal en exonère les plus riches. Voilà comment une mesure de gauche devient une mesure défavorable à la classe moyenne dans les médias. Pour tenter de rectifier le tir, le gouvernement ne va pas lésiner sur les moyens. Selon le Canard Enchaîné, le Service d'Information du Gouvernement (SIG), sous l'impulsion de Thierry Saussez, compte financer une campagne de communication pour défendre le RSA. Coût de l'opération : 3 millions d'euros.


Sources :
- « Saussez fait un casse à Bercy », Le Canard Enchaîné, 1er octobre 2008
- « Propagande gouvernementale : un budget en hausse de 292% », Le Canard Enchaîné, 9 juillet 2008

Le SIG, l'instrument de communication du gouvernement

En 1976, Valéry Giscard d'Estaing crée un service d'information du gouvernement pour faire davantage de communication. Vingt ans plus tard, le Service d'information et de diffusion est rebaptisé « Service d'information du Gouvernement » (SIG) et placé sous le contrôle du Premier ministre. Son rôle est encore de coordonner toute la communication du gouvernement mais aussi de faire des campagnes d'information d'intérêt public.
Mais depuis quelques mois, la situation a changé : le SIG a été placé sous la tutelle de Nicolas Sarkozy. En effet, celui-ci a décidé de placer son ami, Thierry Saussez, à la tête du SIG pour faire de cet organisme un instrument exclusif de communication gouvernementale. En plaçant un proche, Nicolas Sarkozy veut contrôler une communication gouvernementale qu'il juge souvent calamiteuse. Thierry Saussez, qui a pris ses fonctions en avril 2008, est à la fois directeur du SIG et délégué interministériel à la communication gouvernementale.

Budget du SIG : + 292% en 2009

En juillet dernier, selon le Canard Enchaîné, Thierry Saussez a fait une note à l'intention de Claude Guéant, le Secrétaire général de l'Elysée, et à Jean-Paul Faugère, le directeur de cabinet de François Fillon, afin de réclamer une augmentation de 292% de son budget pour 2009. Pour justifier cette hausse énorme en période de crise, le directeur détaille ses dépenses à venir : il conserve les 5,7 millions d'euros du budget de 2008. A cela s'ajoutent 12 millions d'euros pour financer trois campagnes interministérielles importantes, 1 million d'euros pour le budget des études et des sondages de la Présidence de la République, 2,5 millions d'euros pour financer la création d'un portail « France.fr » ainsi que d'une « Web TV » gouvernementale, enfin 1,2 million d'euros pour la réalisation du tableau de bord du planning stratégique. La note passera donc de 5,7 millions d'euros à 22,4 millions d'euros pour le budget de 2009.

3 millions d'euros de publicité pour le RSA

Mais ce n'est pas tout car si Thierry Saussez compte obtenir une telle augmentation de son budget, il s'est déjà fait une avance, cet été, en prenant 3 millions d'euros dans le budget de communication du ministère de l'Economie selon une brève du Canard Enchaîné publiée hier. Encore une fois, le directeur du SIG et délégué interministériel à la communication gouvernementale a un argument de poids : avec ces 3 millions d'euros, il compte payer une campagne visant à expliquer les bienfaits du Revenu de Solidarité Active et mettre en avant l'action du gouvernement dans le domaine social.
Puisque le financement du Revenu de Solidarité Active a soulevé de nombreuses polémiques, Nicolas Sarkozy souhaite que le SIG valorise les aspects positifs d'une telle mesure, en faisant oublier que ce sera essentiellement la classe moyenne qui sera taxée pour aider à financer le RSA. En effet, le Président a décidé de taxer les revenus du capital à hauteur de 1,1% (Assurances vie, etc.). Mais, comme le bouclier fiscal empêche l'Etat de ponctionner plus de 50% des revenus, les plus riches seront exemptés de cette taxe. Par conséquent, ce ne sont pas les riches qui financent une aide aux plus pauvres comme le gouvernement le laissait entendre au début mais la classe moyenne. Dans ces conditions, le Revenu de Solidarité Active est donc mal perçu par l'opinion. Pour changer la situation, Thierry Saussez veut donc faire une campagne de communication qu'il confiera à un autre proche de Nicolas Sarkozy : Jacques Séguéla à la tête d'EuroRSCG (filiale de Havas, dirigée par Vincent Bolloré).



Les ambitions de Thierry Saussez sont grandes : non content d'être à la fois directeur du SIG et délégué interministériel à la communication gouvernementale, il veut faire du SIG l'agence officielle de communication du gouvernement. Autoproclamé, monsieur « anti-couac » du gouvernement, il compte à terme superviser la totalité de la communication gouvernementale, éclatée entre les différents ministères. Quitte à dépenser plus, au moment où les caisses de l'Etat sont censées être vides.

*** Liens

Encyclopédie
- Qu'est-ce que le bouclier fiscal ?
- Qu'est-ce que le Revenu de Solidarité Active ?
- Qu'est-ce que le Service d'Information du Gouvernement ?

Fiscalité & RSA
- A qui profite le bouclier fiscal ?
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- Budget 2009 : quand le rapporteur UMP s'inquiète du montant élevé des allégements fiscaux

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