Média : Nicolas Sarkozy multiplie les procès pour protéger sa vie privée

Enquête · 9 fév. 2008 à 17:21

Sarkozy et la Justice

Après avoir mis en scène sa vie privée et fait la Une des journaux people depuis plus de deux mois, le chef de l'Etat a voulu marquer un coup d'arrêt en intentant plusieurs procès. Le premier procès s'est tenu cette semaine contre Ryanair, qui avait utilisé l'image du président et celle de Carla Bruni dans une publicité. La compagnie aérienne a été condamnée au civil à verser des dédommagements. Mais un nouveau cap a été franchi hier avec un dépôt de plainte au pénal contre le site du Nouvel Observateur qui avait publié un soi-disant SMS envoyé par Nicolas Sarkozy à son ex-femme. Entre le déballage de la vie privée et le recours à la justice civile et pénale, la machine médiatique s'emballe et dérape.

Sarkozy, vie privée

Pub Ryanair : 60 000 euros de dédommagements à Carla Bruni

Dans l'édition du 28 janvier du Parisien, la compagnie aérienne Ryanair avait publié une publicité représentant Nicolas Sarkozy et Carla Bruni, faisant tenir les propos suivants à cette dernière : "Avec Ryanair, toute ma famille peut venir assister à mon mariage". Ce n'est pas la première fois que les responsables politiques sont utilisés, à leur insu, dans des publicités. Mais jusqu'à présent, seul l'image des responsables politiques était utilisée. Ryanair pensait rester dans la lignée de ces publicités puisque Carla Bruni est également une personne publique.
Mais le couple présidentiel a décidé de riposter. Mardi 5 février, le tribunal de Paris a condamné la société de transport aérien a payé 60 000 euros de dommages et intérêts à Carla Bruni (elle en réclamait 500 000) et a versé un euro symbolique à Nicolas Sarkozy pour "atteinte au droit à l'image". Carla Bruni s'est engagée à reverser aux Restos du coeur l'intégralité des 60 000 euros.

Pub Ryanair

NouvelObs : le SMS supposé de Nicolas Sarkozy risque de coûter cher

Le lendemain du procès de Ryanair, le site internet du Nouvel Observateur publiait un article à propos d'un SMS que Nicolas Sarkozy aurait envoyé à son ex-femme. Dans cet article publié à 12h40, sous le titre "L'obsession de Cécilia", Nicolas Sarkozy aurait écrit à son ex-femme "Si tu reviens, j'annule tout" quelques jours avant son mariage.
Dès le lendemain, l'avocat de Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog, a déposé plainte contre le site internet pour "faux, usage de faux et recel". Cette fois-ci, il ne s'agit plus d'une plainte au civil pour atteinte à la vie privée mais d'une plainte au pénal. Selon l'avocat, ce message est un faux, une altération de la vérité et est passible de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende.
C'est la première fois qu'un président de la République dépose plainte au pénal contre un organe de presse. L'association Reporter Sans Frontière a aussitôt réagi dans un communiqué : "Nous regrettons que Nicolas Sarkozy ait choisi la voie la plus dure pour attaquer en justice le site du Nouvel Observateur. Le chef de l'Etat poursuit sur la base du code pénal, alors qu'il aurait très bien pu engager des poursuites civiles pour atteinte à la vie privée".
En choisissant le pénal, non seulement les peines sont beaucoup plus lourdes, mais en plus dans le cadre d'une instruction au pénal, le journaliste incriminé peut être déféré devant le parquet et être obligé de révéler ses sources.

SMS, Sarkozy et Cécilia

Vie privée/Vie publique : les risques de dérapage augmentent

Lorsque la frontière entre vie privée et vie publique est volontairement brouillée, les risques de dérapage augmentent. Si la publicité de Ryanair relève de l'anecdote, il en est tout autrement de l'article du SMS. En publiant ce type d'article, le NouvelObs a franchi une nouvelle étape dans l'exposition de la vie privée. Cette histoire de SMS n'a aucun intérêt, ce n'est pas une information politique. En choisissant une riposte spectaculaire, Nicolas Sarkozy entend donc mettre un terme à deux mois de dérapages plus ou moins prémédités de la presse people et de la presse classique.
Si les responsables politiques sont les premiers responsables de la peoplisation de la vie politique, les médias ont également une part de responsabilité. Les réflexions sur la frontière entre vie privée et vie publique servent souvent de prétexte à des journaux "respectables" pour évoquer des faits qui étaient réservés jusqu'à présent à de la presse people. Le site Internet du NouvelObs est allé encore plus loin en s'aventurant sur le chemin de l'intime. Ce dérapage médiatique pourrait lui coûter cher.

*** Liens

- Média : quand la publicité récupère les politiques
- Sarkozy/Bruni : deux mois, un mariage et une chute dans les sondages
- La mise en scène de la nouvelle idylle en décembre 2007
- Cote de popularité en baisse : les 3 erreurs de Nicolas Sarkozy

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