Plan de rigueur à l'UMP : le parti le plus riche de France a 15 millions d'euros de dette

Le Canard enchaîné · 2 mai 2008 à 15:37

UMP, rue de la Boétie

Officiellement, Nicolas Sarkozy ne mène pas une politique de rigueur. Dans les faits, le gouvernement fait la chasse aux économies : les promesses coûteuses sont différées, le désendettement passe par des suppressions de postes dans la fonction publique, la révision générale des politiques publiques doit permettre de faire de nombreuses économies. Pour l'instant, une augmentation des prélèvements obligatoires n'est pas prévue, ce qui permet au gouvernement d'affirmer qu'il n'y a pas plan de rigueur au sens strict, il y a simplement de la "rigueur budgétaire" au niveau des dépenses. Mais l'Etat n'est pas le seul à devoir faire des économies. Selon le Canard Enchaîné, un plan de rigueur se prépare également à l'UMP.


Source : "Le Plan de rigueur que prépare l'UMP", Le Canard Enchaîné n°4562, mercredi 2 avril 2008

Budget de l'UMP : 50 millions d'euros de recette... et 15 millions d'euros de dette

L'UMP est le premier parti de France par le nombre de ses adhérents et par son budget. Selon les chiffres publiés dans le Canard Enchaîné, l'UMP disposait en 2006 d'un budget d'environ 50 millions d'euros composé de la manière suivante : 9,2 millions d'euros provenaient des cotisations d'adhérents, 8,3 millions avaient été perçus en dons et l'Etat avait versé une subvention publique de 32 millions d'euros. Et pourtant, malgré cette manne financière conséquente, le nouveau secrétaire général de l'UMP, Patrick Devedjian, a trouvé un parti en déficit de... 15 millions d'euros.

Des dépenses incontrôlées pendant la campagne présidentielle

Alors que l'UMP est le parti le plus riche de France, comment peut-on expliquer un déficit si important ? Avec 15 millions d'euros de perte, l'UMP a un déficit deux fois plus important que celui du Front National (8 millions d'euros) mais grâce à ses recettes, il n'aura pas besoin de vendre la plupart de ses actifs.
Interrogé par le Canard Enchaîné, un dirigeant tente d'expliquer ce déficit record : "Au cours de la présidentielle et des législatives, l'argent a filé sans compter (...) on a toujours été riche, mais là, on a vraiment trop claqué". En clair, le budget a littéralement explosé en quelques mois : multiplication des collaborateurs, accumulation de notes de frais, financement des déplacements, tout ou presque était remboursé par l'UMP. Pour arriver à l'équilibre en 2010 et être en ordre de marche pour la présidentielle de 2012, la parti de Nicolas Sarkozy doit donc réduire les frais

Rigueur budgétaire à l'UMP : locaux, voitures de fonction, collaborateurs

Puisqu'il faut combler un trou de 15 millions d'euros, la direction de l'UMP a décidé de réduire considérablement les dépenses. Premier poste touché : la masse salariale. Par rapport à la présidentielle, le nombre de collaborateurs a sensiblement diminué. Cet objectif n'était pas difficile à atteindre puisqu'une grande partie d'entre eux a rejoint les ministères. Deuxième poste d'économie, les voitures de fonction. L'UMP en possédait une douzaine au plus fort des campagnes électorales, le parti de Nicolas Sarkozy n'en posséderait plus que trois. Enfin, Patrick Devedjian cherche de nouveaux locaux car la location de l'immeuble rue de La Boétie est hors de prix : 4 millions d'euros par an. L'UMP chercherait des locaux moins chers, dans le XIV ou le XVe arrondissement.

Les subventions versées aux partis associées vont être revues à la baisse

L'UMP va aussi diminuer les subventions versées aux partis associés. Contrairement aux autres grands partis politiques, l'UMP est un conglomérat composé de différentes tendances. A défaut d'avoir voulu créer officiellement des courants au sein de l'UMP, de peur qu'il y ait un risque de scission à la première difficulté, Nicolas Sarkozy avait encouragé les uns et les autres à créer des clubs ou des partis politiques "associés à l'UMP". En clair, toutes les structures sont autonomes, leurs activités se font à l'extérieur de l'UMP, mais elles touchent des subventions. C'est le cas par exemple du Parti radical de Jean-Louis Borloo, du club "Démocratie et Initiatives" de Jean-Pierre Raffarin ou encore du club "Perspectives et réalités" d'Hervé de Charette. Pour combler son déficit, l'UMP a donc décidé de diminuer les subventions versées à ces clubs. A terme, le parti majoritaire aimerait mettre fin à cette double appartenance des militants, au nom de la cohésion et de la rigueur budgétaire.

*** Liens

- Mitterrand, Chirac, Sarkozy : la rigueur après l'élection
- Enquête : les comptes des partis politiques sont dans le rouge
- Le Parti Socialiste voit ses effectifs baisser de 40% dans certaines fédérations
- La LCR de Besancenot cherche aussi à faire du profit sur le net
- MoDem - Nouveau Centre : la bataille du financement public
- Grande braderie au Front National : locaux, voiture blindée, permanents...
- Présidentielle américaine : l'argent de la campagne et les dépenses des candidats

_____________________________________________________
Quiz : A propos de la fonction publique, qui a parlé de "plan de revalorisation de la fonction publique" au lieu de plan de rigueur ?

Commentaires