Christiane TAUBIRA

Christiane TAUBIRA

Biographie de Christiane TAUBIRA.

Origines et formation

Christiane Taubira est née à Cayenne le 2 février 1952, au sein d'une famille modeste. Les parents se séparent, la mère, aide-soignante, élève seule leurs cinq enfants. Christiane Taubira vient en métropole pour faire des études de sciences économiques d'une part, mais aussi de sociologie et d'ethnologie afro-américaine et enfin d'agro-alimentaire. Très préoccupée par la situation politique de la Guyane, elle y rentre définitivement en 1978. Elle s'engage en tant que militante indépendantiste aux côtés de son mari, Roland Delannon, avec qui elle aura quatre enfants et de qui elle divorcera. Elle adhère au Moguyde, Mouvement guyanais de décolonisation et prend part aux émeutes à Cayenne ce qui lui vaut de vivre dans la clandestinité : « Tous les deux jours je devais changer de lieu, tout en trimbalant un bébé de deux mois », a-t-elle déclaré à Franceguyane.fr. Son mari passera dix-huit mois en prison, à la Santé.
Avec l'arrivée de la gauche au pouvoir, les révoltes indépendantistes prennent fin, pourtant Christiane Taubira continue de militer pour l'indépendance de la Guyane. Ainsi, en 1992, elle fonde avec son mari, le parti Walwari (« éventail » en créole) dont l'objectif revendiqué est de « remporter une victoire contre le Parti Socialiste Guyanais, alors omnipotent sur la scène politique locale ». Mais quelques années plus tard, c'est la rupture : Christiane Taubira et Roland Delannon se séparent et lui se présente face au parti Walwari aux élections régionales. Parallèlement à ses activités politiques, Christiane Taubira écrit, et pour faire connaître la Guyane, elle soumet ses textes aux éditions Gallimard qui publient dès le début des années 90 une de ses nouvelles dans un recueil réunissant des auteurs francophones des Antilles et d'Haïti, « Noir des îles ».

Députée sans étiquette politique (1995-2002)

Jusqu'en 1993, ne se reconnaissant dans aucun parti, Christiane Taubira s'abstient de voter aux différentes élections se définissant comme une « indépendantiste, anti-électoraliste ». En 1992, pourtant, elle se présente aux législatives et est élue députée « non inscrite » de Guyane. L'année suivante, elle se retrouve en quatrième position sur la liste Énergie radicale menée par Bernard Tapie lors des élections européennes de 1994.
Mais si Christiane Taubira parvient à gravir les échelons électoraux au niveau national et européen, elle peine à s'implanter en Guyane : en 1995 et en 2001, elle tente de conquérir la mairie de Cayenne face au candidat socialiste guyanais (PSG), Jean-Claude Lafontaine, en vain. En 1997, elle est réélue députée et rallie contre toute attente le groupe socialiste pour finalement le quitter en novembre 2001 rejoignant le groupe Radical-citoyen-vert (RCV) réunissant les députés de cinq formations de la Majorité plurielle : le Parti radical de gauche, le Mouvement des citoyens, les Verts, le Parti communiste réunionnais, Convergences écologie solidarité et plusieurs élus non-inscrits de gauche.
Au cours de cette mandature, Christiane Taubira donne son nom à la loi française n° 2001-434, votée le 10 mai 2001, qui reconnaît comme crimes contre l'humanité la traite négrière transatlantique et l'esclavage qui en a résulté. Pour diffuser ses idées, elle fait paraître un petit livre « L'esclavage raconté à ma fille » (Bibliophane éditions).

Candidate à l'élection présidentielle en 2002

Profitant de la notoriété qu'elle a acquise grâce à la loi reconnaissant la traite et l'esclavage comme crime contre l'humanité, elle se présente à l'élection présidentielle de 2002 sous les couleurs du Parti radical de gauche alors qu'elle n'en est pas membre. Elle est alors un symbole puisqu'elle est la première candidate d'Outre-mer à se présenter à l'élection présidentielle. Pourtant, sa candidature est mal reçue en Guyane, le président de région et conseiller général, Antoine Karam, craint que l'on perçoive en Christiane Taubira une candidate exotique. D'autres pointent du doigt cette candidate en opposition avec la classe politique guyanaise dans son ensemble qui réclame une réforme institutionnelle de la Guyane.
Résultat : à l'élection présidentielle de 2002, Taubira obtient 2,32% des voix au premier tour. Un score suffisamment élevé pour qu'elle soit présentée, avec Jean-Pierre Chevènement, comme l'une des responsables de l'éparpillement des voix à gauche, qui ont entraîné le choc du 21 avril et l'absence de Lionel Jospin au deuxième tour au profit de WJean-Marie Le Pen.

2002 à 2012 : de son échec aux Européennes à ses réélections successives à l'Assemblée nationale

Aux élections législatives de 2002, elle est de nouveau élue avec 67,22% des suffrages dans la 1re circonscription de la Guyane. Même si elle appartient toujours au Walwari, elle est nommée première vice-présidente du Parti radical de gauche (PRG). Ce poste disparaît en 2004 où elle est tête de liste « Europe fraternelle » du PRG aux élections européennes dans la circonscription Ile-de-France. Elle perd les élections avec 1,54 %. Même si elle est membre du PRG affilié au PS, Christiane Taubira est un électron libre qui exprime publiquement ses positions. Ainsi, en 2004 elle s'oppose au vote de la loi française sur les signes religieux dans les écoles publiques, en 2005, elle vote « non »au référendum sur la Constitution européenne.
En 2006, Christiane Taubira espère se présenter à l'élection présidentielle de 2007 sous l'étiquette du PRG mais le parti refuse préférant faire une alliance avec le PS. Non satisfaite de cette décision, elle prend ses distances avec le parti et rejoint l'équipe de Ségolène Royal où elle est nommée déléguée à l'expression républicaine.
En 2007, elle est réélue députée dans la 1re circonscription de la Guyane avec 63,41% des voix. Nicolas Sarkozy l'aurait alors approché pour entrer dans le gouvernement Fillon dans le cadre de sa politique d'ouverture comme secrétaire d'Etat à la Francophonie. Un poste qu'elle refusera. En 2008, Sarkozy lui confie tout de même une mission sur les accords de partenariats économiques entre l'Union européenne et les pays Afrique, Caraïbes et Pacifique. Mais Sarkozy n'a pas donné suite à son rapport.

Ministre de la Justice depuis 2012

Lors des primaires socialistes, Christiane Taubira ne soutient pas Ségolène Royal mais Arnaud Montebourg pour l'élection présidentielle de 2012 expliquant que le candidat partage avec elle de nombreuses positions. En effet, ils souhaitent tous deux l'avènement d'une VIe République, ils ont voté non au référendum pour la constitution européenne et soutiennent l'idée d'un « capitalisme coopératif ».
Au second tour de la primaire, comme Montebourg, Christiane Taubira soutient François Hollande. Un ralliement qui lui vaut en mai 2012 sa nomination au poste de ministre de la Justice dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Pour ne pas risquer sa place, elle renonce à se présenter de nouveau aux élections législatives puisque le Premier ministre a averti que tout ministre battu aux élections devrait démissionner.
Ses débuts de ministre sont incisifs. Elle s'est d'abord fait remarquer par ses interventions contre la politique de Manuel Valls vis-à-vis des Roms. Mais c'est surtout avec le vote de la loi sur le "mariage pour tous", puis la réforme de la politique pénale, que Taubira est devenue l'une des ministres incontournable du gouvernement Ayrault.


*** Sources
- Frédéric Farine, « Christiane Taubira chavire l'Outre-mer », RFI, 02.12.2001
- Gaël Vaillant, « Taubira, la surprise venue d'Outre-mer », Le JDD, 16.05.2012
- H. Bekmezian « Christiane Taubira, une indépendante à la Justice », Le Monde, 18.05.2012
- E. Karlin, « Christiane Taubira, touchée par l'UMP mais pas coulée », L'Express, 30.05.2012
- Nicolas Prissette, Passeront-ils l'hiver?, Le JDD, 23.12.2012