Revue de presse · 26 nov. 2012 à 07:01 · 0
Le feuilleton s'éternise. Une semaine après l'autoproclamation de Jean-François Copé à la présidence de l'UMP, François Fillon ne lâche rien. Et conteste toujours cette élection, entachée d'irrégularités à commencer par l'oubli par la commission de contrôle (COCOE) de trois fédérations d'Outre-mer dans le décompte des voix. Après l'échec de la médiation Juppé, que peut-il se passer ? Fillon va-t-il porter l'affaire en justice ou va-t-il céder à l'issue de son déjeuner avec Nicolas Sarkozy ce lundi 26 novembre ?
Dans ce bras-de-fer, sur fond de campagne présidentielle de 2017, François Fillon a une carte à jouer : l'arme financière. Les députés ont jusqu'au vendredi 30 novembre pour s'affilier à un parti politique. Si les soutiens de Fillon décidaient de créer un groupe parlementaire autonome, ils pourraient priver l'UMP de 6 millions d'euros de subventions par an. "Une arme décisive dans la manche du clan Fillon", d'après Libération et Challenges.
Pour bien comprendre l'enjeu, il faut revenir sur le mode de financement de la vie politique : les subventions publiques sont distribuées en fonction du nombre de voix aux législatives (chaque voix rapporte 1,68 euro par an, à condition d'avoir obtenu au moins 1% des suffrages dans 50 circonscriptions) et en fonction du nombre de députés et sénateurs (un parlementaire équivaut à une subvention de 42 000 euros par an pour un parti politique). C'est ce dernier volet de financement qui pourrait faire défaut à l'UMP en cas de scission à l'Assemblée nationale. Selon les décomptes de Libération, "sur les 325 parlementaires UMP, environ 150 se sont déclarés plutôt proches de Fillon, contre seulement une centaine pro-Copé (le reste étant non aligné)". Conclusion : si Fillon décidait de créer un groupe parlementaire autonome, et si les députés fillonnistes s'affiliaient à une autre formation politique que l'UMP, le budget de l'UMP de Copé serait amputé de 6 millions d'euros par an. Une catastrophe pour un parti qui devrait accuser un déficit de l'ordre de 50 millions d'euros l'année prochaine.
Ce petit hold-up des subventions nécessiterait tout de même un "montage" à la limite de la légalité : il faudrait que les députés fillonnistes s'affilient à un parti existant à l'Assemblée nationale, par exemple un parti polynésien, lequel reverserait alors les subventions correspondantes à un nouveau parti politique qui n'est pas encore créé. Une combine auquel le Nouveau Centre avait déjà eu recours en 2007. Les députés Fillonnistes franchiront-ils le pas ? Réponse dans cinq jours.
*** Sources
- Michel Becquembois, "Les fillonistes jouent à fond la caisse", Libération, 26.11.2012
- J. Lefilliâtre, "Les dessous financiers de la guerre Fillon-Copé", Challenges, 22.11.2012
>> Les bonnes affaires de Copé : 200 000 euros par an d'honoraires et un soupçon de conflits d'intérêts