Télévision · 26 jan. 2009 à 21:09
Pendant la première quinzaine de janvier, Nicolas Sarkozy a prononcé plusieurs discours thématiques pour fixer l'orientation politique de l'année 2009. Tous les domaines ont été abordés : politique économique, culturelle, affaires étrangères, éducation, etc. Ces "voeux décentralisés" ont été prononcés à chaque fois dans des régions différentes et le programme correspondait toujours au même schéma : déplacement sur le terrain pendant la matinée, discours à midi ou en début d'après-midi afin que les journalistes aient le temps de faire le montage pour les journaux de 20 heures. Etant donné le contexte social difficile, chaque déplacement du chef de l'Etat a été minutieusement préparé pour éviter tout dérapage et offrir aux 20 heures de "belles images".
Retour sur la fabrication des images des 20 heures.
Le 15 janvier 2009, Nicolas Sarkozy s'est rendu à Vesoul pour présenter ses voeux aux "forces économiques de la nation". Il a d'abord visité le centre Peugeot de la ville avant de prononcer son discours économique devant un parterre de chefs d'entreprise et de militants UMP. A cette occasion, le chef de l'Etat en a profité pour fustiger l'attitude du syndicat SUD-Rail qui avait bloqué la gare Saint-Lazare suite à un mouvement de grève spontané. Ses propos étaient suffisamment forts pour faire la Une des journaux de 20 heures. Le soir même, sur TF1, Laurence Ferrari aborde donc ce déplacement de Nicolas Sarkozy en rappelant les propos du président sur Sud-Rail.
Puis s'ensuit le récit de son déplacement à l'usine de Peugeot. On voit Nicolas Sarkozy marcher dans l'usine et discuter avec quelques ouvriers syndiqués. C'est lors de cet échange que le président de la République a fustigé l'attitude de SUD-rail.
Brièvement, le journaliste explique que Nicolas Sarkozy a évité des manifestants, en insérant un plan de coupe de syndicalistes brandissant une banderole CGT...
Le reportage se termine par le discours de Nicolas Sarkozy dessinant les grandes lignes de sa politique économique et rappelant ses mesures pour faire face à la crise.
Les images sont donc parfaites, quelques manifestants sont montrés mais ils sont tenus à l'écart, bien neutralisés par la police. Nicolas Sarkozy a pu discuter avec des ouvriers, fustiger l'attitude de SUD-rail et prononcer son discours.
Mais pour obtenir ces belles images, il faut un minimum d'organisation, comme l'a révélé Le Canard Enchaîné dans son édition du 21 janvier 2009 : "Pour éviter toute mauvaise rencontre avec des ouvriers en colère, les équipes du matin avait été priées de partir deux heures plus tôt et celles de l'après-midi d'arriver une heure et demie plus tard. Dans l'intervalle, Sarko a pu visiter l'usine au pas de course, où il n'a croisé que des salariés triés sur le volet avant de présenter ses voeux aux forces vives de la nation devant des patrons et des militants UMP eux aussi bien choisis. Et voilà comment on fabrique des images pour les 20 heures : Sarko à la rencontre de la classe ouvrière".
Tous les déplacements de Nicolas Sarkozy ont été organisés selon le même principe que celui de Vesoul. Les intervenants sont sélectionnés par le staff de l'Elysée pour éviter tout risque de dérapage. L'objectif est d'éviter les images désastreuses de l'année dernière : Nicolas Sarkozy insulté par les marins pêcheurs, Nicolas Sarkozy insultant un visiteur du salon de l'agriculture.
Que l'équipe de Nicolas Sarkozy prenne toutes les mesures pour éviter les dérapages apparaît logique. Mais que les journalistes ne fassent pas état dans les reportages de cette préparation et de la sélection des intervenants pose problème.
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