Municipales : raz-de-marée à gauche et vote sanction contre la droite

Municipales 2008 · 17 mar. 2008 à 20:05

Municipales 2008

Le deuxième tour a amplifié les résultats du premier tour des municipales. Si à l'échelle nationale, l'écart entre la gauche et la droite n'est pas si important (48,9% pour la gauche et 47,5% pour la droite), la gauche a récupéré de nombreuses villes : 37 communes de plus 30 000 habitants, alors que la droite n'en a récupéré que 4. Résultats et analyse de ce deuxième tour.

Les municipales ont été marquées par une forte abstention

Pour les élections municipales, le taux d'abstention s'est élevé à 38 % dans les communes de plus de 3500 habitants, un taux qui n'avait pas été enregistré depuis 1959. Comme pour le premier tour, la participation est beaucoup plus forte dans les zones rurales que dans les zones urbaines, dans les petites communes que dans les grandes villes. Si la participation a été plus forte au second tour dans les villes où les résultats du premier tour avaient été serrés (Marseille, Pau, Strasbourg), les électeurs se sont beaucoup moins mobilisés pour ces élections par rapport à la présidentielle de 2007. C'est essentiellement la droite qui a souffert de ce faible taux de participation.

Un raz-de-marée à gauche

Les résultats dans les grandes villes sont sans appel : la gauche a conquis 37 communes de plus de 30 000 habitants, dépassant son objectif symbolique de 30 villes. Depuis dimanche soir, le PS détient 7 des 10 premières villes de France, et 14 des 20 premières villes. La gauche a notamment conquis Toulouse, Strasbourg, Reims, Saint Etienne, Amiens, Caen, Reims et Metz.

Un vote sanction contre la droite

Si l'UMP a évité la débâcle en conservant la mairie de Marseille et en remportant quelques villes moyennes comme Agen et Calais, la défaite est sévère. La France est désormais coupée en deux : le pouvoir national est détenu par la droite et le pouvoir local (communes et régions) est majoritairement détenu par la gauche. Des bastions de droite sont tombés : Toulouse était détenue par la droite depuis 1971, Caen a élu un maire de gauche pour la première fois de son histoire, Metz n'avait plus été dirigé par la gauche depuis... 1848.

Quatre ministres battus, dont le ministre de l'Education

Quatre ministres ont été battus : Rama Yade à Colombes (Hauts-de-Seine), Christine Lagarde et Christine Albanel à Paris, et surtout Xavier Darcos à Périgueux. L'actuel ministre de l'Education nationale était maire de la ville depuis 1995, il avait toujours été réélu dès le premier tour. Cette fois-ci, il perd la mairie qui bascule à gauche pour 113 voix. Il s'agit d'une lourde défaite pour celui qui avait fait de sa réélection un enjeu national, avec la visite à Périgueux de Nicolas Sarkozy, François Fillon et Alain Juppé.

Les principaux perdants du second tour : MoDem, PC, FN

Le Mouvement Démocrate de François Bayrou sort affaibli des municipales. Le leader centriste n'a pas réussi son pari de s'emparer de la mairie de Pau. Echouant à quelques centaines de voix, François Bayrou subit une défaite qui laissera des traces. Troisième de la présidentielle, il n'a pas réussi à conquérir une ville moyenne. Plus largement, le MoDem perd encore une fois des élus. A Paris, le parti de François Bayrou perd neuf des dix sièges qu'il détenait au Conseil de Paris. Parmi les villes de plus de 30 000 habitants, seule la ville de Mont-de-Marsan a été conquise.
Au Parti Communiste, le deuxième tour s'est beaucoup moins bien passé que le premier. Les communistes ont perdu des bastions historiques, notamment en Seine-Saint-Denis à Aubervilliers et Montreuil où Dominique Voynet (Verts) a réussi son pari de déloger de la mairie le communiste Jean-Pierre Brard.
Enfin, le Front National confirme son lent déclin. La liste de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais, a été nettement distancée par la liste de gauche. Ailleurs, le FN n'a réussi à conquérir aucune nouvelle ville.


Désormais, la France est donc coupée en deux. Le PS détient le pouvoir local et l'UMP le pouvoir national. Le vote-sanction a bien eu lieu. Chacun des deux partis part donc désormais à la reconquête : le PS se tourne désormais vers son congrès de refondation à l'automne prochain, la majorité de droite et l'Elysée se préparent à un réajustement pour tenir compte de ces résultats et repartir à la reconquête de son propre électorat et de l'opinion.

*** Liens

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