Quand les politiques mentent en direct devant les caméras

Vidéos · 21 fév. 2008 à 22:53

Les politiques mentent

Dans une démocratie d'opinion, une prestation télévisée ratée peut s'avérer catastrophique pour un responsable politique. Par exemple, lorsqu'en 2005, Jacques Chirac avait fini par lâcher devant une assemblée de jeunes "je ne vous comprends pas", en direct sur TF1, l'effet avait été désastreux pour l'image du président, en pleine campagne pour le référendum européen.

Les responsables politiques se montrent donc prudents. Mais lorsque leur argumentation se trouve mise à mal par un autre interlocuteur, ils n'hésitent pas à bluffer en avançant une information qu'ils savent fausses. Même si ce n'est pas la vérité, seule l'image de l'instant compte. Il ne faut pas perdre la face en direct. Tous les responsables politiques pratiquent ces petits coups de bluff médiatiques. Le dernier de Nicolas Sarkozy remonte par exemple à sa conférence de presse de janvier dernier où il avait affirmé qu'il n'avait jamais prononcé le mot de "collaborateur" à propos de François Fillon. Il avait même poussé la provocation en mettant au défi quiconque de trouver une trace de cette expression dans ses déclarations. Or, les journaux s'étaient amusés le lendemain à retrouver la source : Nicolas Sarkozy avait bien qualifié de "collaborateur" François Fillon dans une interview accordée à la presse régionale le 21 Août 2007.


La semaine dernière, lors de l'émission "A vous de juger" sur France 2, François Bayrou, Rachida Dati et Xavier Bertrand se sont livrés à une joute verbale ponctuée de contre-vérité et de coups de bluff pour tenter de mettre l'adversaire KO.

1er exemple : Bertrand soutient que Sarkozy n'a pas comparé l'instituteur et le prêtre

Nicolas Sarkozy avait déclaré que "dans la transmission des valeurs et l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé".
François Bayrou dénonce cette vision défendue par Nicolas Sarkozy. Xavier Bertrand, ministre du travail, soutient que le chef de l'Etat n'a jamais tenu ses propos et veut même parier avec le président du MoDem. Bayrou persiste et enfonce le clou. La fin du montage vidéo révèle que l'un des deux ment...

2ème exemple : la ville de Pau aurait testé le Revenu de Solidarité Active

Dans la première vidéo, c'est Xavier Bertrand qui est pris en flagrant délit de mensonge. Dans cette deuxième vidéo, c'est autour de François Bayrou de faire un coup de bluff. Pour illustrer sa thèse selon laquelle le revenu de solidarité active (censé aider les chômeurs de longue durée à retrouver un emploi tout en conservant leurs allocations) ne marche pas, François Bayrou prétend que le RSA dans la ville de Pau "n'a rien changé du tout". Il affirme même avoir fait un "bilan précis" de la mesure, deux jours plus tôt, avec "des dizaines d'assistantes sociales à Pau".


Sauf que nos confrères de RUE89 ont révélé que le RSA n'avait pas été mis en place à Pau. Pour l'instant, le dispositif été testé dans 27 départements, mais pas dans les Pyrénées Atlantiques. Beau joueur, François Bayrou a reconnu avoir cédé "à l'imprécision", manière soft de dire qu'il avait bluffé.


Dans ces deux cas, les responsables politiques sont si obsédés de paraître pour des personnes infaillibles qu'ils n'hésitent pas à bluffer devant les caméras en énonçant des contre-vérités. Puisque seul le direct compte, le seul objectif est de mettre l'adversaire KO, quels que soient les moyens employés, même l'utilisation de faux arguments.

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