Tous les acteurs de la vie sociale (professionnels, associations, bénéficiaires,
collectivités locales, élus) se réunissent pendant deux jours
à Grenoble pour les "rencontres de l'expérimentation sociale"
qui marquent le début de 6 mois de travaux censés aboutir à
la proposition de mesures destinées à lutter contre la pauvreté.
Officieusement, ces rencontres ont été baptisées "Grenelle
de l'insertion" par Nicolas Sarkozy. Le terme de "Grenelle" renvoie
à la rue de Grenelle située à Paris entre le 6ème
et le 7ème arrondissement. Lorsque le gouvernement évoque un "Grenelle"
pour désigner le début de grandes négociations sur un sujet,
il fait référence aux accords de Grenelle négociés
les 25 et 26 mai 1968 entre le gouvernement de Pompidou, les syndicats et les
organisations patronales pour mettre un terme à l'agitation sociale issue
de Mai 1968. Les négociations s'étaient déroulées
au ministère du Travail situé rue de Grenelle à Paris.
Autrement dit, le surnom de "Grenelle" désigne aujourd'hui une
grande phase de concertations, de négociations entre différents
acteurs, censées aboutir à des mesures importantes. Ce fut le cas
du "Grenelle de l'environnement" pour une politique de développement
durable. C'est le cas du "Grenelle de l'insertion" pour tenter de lutter
plus efficacement contre la pauvreté.
Nicolas Sarkozy s'est engagé à diminuer la pauvreté de 30%
pendant son quinquennat. Aujourd'hui, la France compte 3,7 millions de pauvres
selon la définition la plus restrictive de la pauvreté.
Selon l'Insee, un individu ou (un ménage) est considéré comme
pauvre quand son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté.
Ce seuil est fixé habituellement à 50 % du niveau de vie médian
(le salaire médian est celui qui coupe la population en deux, autant gagne
plus, autant gagne moins), ce qui correspond à environ 800 euros par mois.
Mais le seuil de pauvreté varie en fonction des régions car le coût
de la vie n'est pas le même à Paris qu'en province. L'Insee estime
que le seuil de pauvreté en Île-de-France est 945 € par mois,
873 € en Alsace, ou encore 688 € en Corse.
Selon un sondage publié hier, 43 % des Français estiment «
possible », et 4 % « très possible », qu’ils deviennent
sans-abri un jour.
Selon Martin Hirsch, l'objectif de ces négociations est de sortir d'un
discours de spécialiste en cessant d'opposer insertion professionnelle
et accompagnement social. L'une des pistes examinées est la généralisation
du Revenu de solidarité active, qui remplacerait à terme les multiples
minima sociaux qui existent et qui rendent la politique d'aide social complexe
et peu lisible.
Le principal problème de ces aides est l'effet de seuil : dès qu'un
individu retrouve un emploi, même un emploi à temps partiel, il perd
toutes ses aides et se retrouvent alors avec un revenu parfois plus faible que
lorsqu'il percevait uniquement les aides sociales. L'objectif est donc bien de
proposer un système plus souple, progressif : lorsqu'un individu retrouve
un emploi, il pourra continuer à toucher des aides sociales afin que ce
retour à l'emploi soit véritablement synonyme de réinsertion
et non d'appauvrissement. A terme, Martin Hirsch voudrait généraliser
le RSA, actuellement expérimenté dans 20 départements, et
l'étendre à tous les bénéficiaires du RMI et des minima
sociaux. Le coût de cette opération est estimé à environ
4 milliards d'euros par an.
En novembre 2007, des débats sont organisés pour lancer ce Grenelle
: « Insertion : à quoi peut servir un Grenelle ? », «
Qu’est-ce qu’être éloigné de l’emploi ?
», « L'entreprise classique doit-elle évoluer pour mieux insérer
? ». En décembre 2007, trois groupes de travail sont mis en place
pour débattre sur les objectifs de la politique d’insertion et sa
gouvernance, sur les parcours d’insertion et sur le rôle des employeurs.
Au mois de mai 2008, les propositions du Grenelle sont rendues publiques.
Pour ce Grenelle, Martin Hirsch, le haut commissaire aux solidarités actives,
dispose d'un petit budget de 35 millions d’euros. Selon lui, il faudra attendre
le prochain budget pour vérifier si le gouvernement est prêt à
mettre les moyens pour appliquer les décisions du Grenelle.