Internats d'excellence : un fiasco à 200 millions d'euros que Sarkozy et Chatel ont voulu cacher

Revue de presse · 28 mai 2012 à 21:05 · Commentaires 0

Internats d'excellence visités par Sarkozy

17 rapports non publiés. Le tout nouveau ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, a joué la transparence en autorisant la publication de plusieurs rapports de l'inspection générale de l'éducation nationale que son prédécesseur, Luc Chatel, n'avait pas jugé utile de rendre publiques. Et on comprend pourquoi : certains de ces rapports sont accablants pour le pouvoir sortant. Illustration avec celui sur les internats d'excellence, des structures créées par Sarkozy et censées accueillir les élèves méritants des quartiers populaires.

Des internats créés en 2009 et 2010

Nicolas Sarkozy et Luc Chatel en avaient fait un argument de campagne : alors que l'Education nationale était fortement touchée par les restrictions budgétaires depuis 2007, ils brandissaient la création de ces internats d'excellence pour justifier la politique de "concentration" des moyens sur les élèves qui en avaient le plus besoin. Traduction : les internats d'excellence devaient cacher le manque de moyens dans les autres établissements. Douze internats d'excellence ont donc été créés et Sarkozy s'apprêtait à doubler les capacités d'accueil de 10 000 à 20 000 élèves. Preuve de son efficacité ? Raté ! Les internats d'excellence sont un véritable fiasco d'après un rapport de juin 2011, jamais publié à ce jour.

Coût : 200 millions d'euros sur fonds publics, et un financement privé aléatoire

D'après ce rapport, relayé notamment par Mediapart, les internats d'excellence ont comme première caractéristique d'être avant tout des gouffres financiers : 200 millions d'euros en 2010 pour seulement douze internats. Outre les contributions de différents fonds publics comme l'Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine) ou l'Acsé (Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances), des groupes privés ont participé au financement de ces internats. "À Montpellier, la Fondation Total contribue au financement à hauteur de 1,2 M €, à quoi s'ajoutent 300 000 € de la Fondation HSBC", indique par exemple le rapport, cité par Mediapart. Or, ce financement privé, nécessaire en raison du coût exorbitant du dispositif (entre 2 000 et 10 000 euros par élève, hors coût du personnel), inquiète l'inspection générale car il est trop aléatoire : "la soutenabilité financière est incertaine pour des projets qui exigent des moyens exorbitants du droit commun et qui ne peuvent être mobilisés que dans le cadre d'une opération exceptionnelle comme celle du grand emprunt", relève le rapport.

Les limites de ce dispositif

C'est surtout le recrutement incohérent des élèves et l'absence de résultats qui sont fortement critiqués dans ce rapport. Les internats d'excellence avaient été mis en place pour des élèves issus des quartiers populaires. Sauf qu'en moyenne, seulement 60% des élèves sont boursiers dans ces internats d'excellence où l'on n'y trouve pas que des élèves de milieu modeste. "Comment ne pas s'étonner, dans tel internat, de la présence d'un enfant de professeur des écoles, d'un enfant de notaire, de vétérinaire et même... de proviseur", relèvent par exemple les rapporteurs.
Dans d'autres cas, c'est l'inverse : certains internats d'excellence ont permis à des établissements de "se débarrasser de perturbateurs" en montant des dossiers de candidature mensongers. "Le proviseur de l'internat d'excellence de Langres parle de son côté de "mensonges éhontés" et cite le cas d'un élève que son dossier qualifiait de "timide mais brillant" alors qu'il s'est révélé très faible et présentant des problèmes de comportement", peut-on lire dans le rapport.
Mais il y a pire : les mauvais résultats de ces établissements hors de prix. Selon le rapport, entre 10% et 30% des effectifs des internats ne terminent pas l'année dans ses établissements. En cause, des règles trop strictes mais aussi un emploi du temps surchargé d'activités en tout genre (ateliers théâtre, kayak ou karaté). Question d'affichage toujours : sous l'œil des caméras du 20 heures de TF1, Sarkozy avait ainsi pu assister en septembre 2010 à un atelier karaté dans un internat d'excellence pour vanter la réussite du dispositif. On a presque failli le croire.

Sarkozy dans un internat d'excellence

*** Sources
- Lucie Delaporte, "Internats d'excellence, un naufrage à prix d'or", Mediapart, 28.05.2012
- Rapport n° 2011-057, "La mise en place des premiers internats d'excellence", juin 2011
- "Dans un internat d'excellence, Sarkozy rééquilibre son discours", 20 heures de TF1, 09.09.2010



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