Vincent Peillon, portrait d’un « Royaliste » ambitieux

Enquête · 2 mar. 2009 à 23:09

Vincent Peillon

Vincent Peillon a été porte-parole de Ségolène Royal pendant la campagne présidentielle de 2007. Il l'a soutenu lors du congrès de Reims en espérant arracher le poste de Premier secrétaire. Personnalité plutôt consensuelle au sein du Parti Socialiste, il a été chargé par la présidente de la région Poitou-Charentes de cordonner son courant. Pourtant, Vincent Peillon n'est pas un « Royaliste » pure jus. Récemment, il n'a pas caché ses ambitions au cours d'une interview à l'Express.


Portrait.

Du doctorat de philosophie au monde politique

Vincent Peillon est né le 7 juillet 1960 à Suresnes dans les Hauts-de-Seine. Après des études de philosophie, il obtient l'Agrégation et poursuit par une thèse. Docteur en philosophie, il enseigne cette discipline pendant une dizaine d'années, entre 1984 et 1997. Mais parallèlement à son métier d'enseignant, Vincent Peillon met un pied en politique, au côté d'Henri Emmanuelli.
En 1992, il devient assistant d'Henri Emmanuelli, président de l'Assemblée Nationale. Deux ans plus tard, il devient membre du bureau national du PS et délégué auprès du premier secrétaire, Lionel Jospin de 1995 à 1997. Calme, modéré, Vincent Peillon est apprécié pour le sérieux de son travail.

Député de la somme entre 1997 et 2002

En 1997, lors des législatives anticipées, Vincent Peillon profite du raz-de-marée de la gauche en étant élu député de la 3ème circonscription de la Somme. Pendant son mandat, il préside une mission d'information sur la délinquance financière et les paradis fiscaux en Europe. Avec Arnaud Montebourg et André Vallini, il va enquêter sur les paradis fiscaux qui blanchissent l'argent sale. Le rapport final a permis à ces trois auteurs, Peillon, Montebourg et Vallini, de se faire remarquer au sein d'une Assemblée composée de plus de 200 députés socialistes.
Mais la vie d'un député est parfois difficile. En 2000, Vincent Peillon cumule les fonctions de député de la Somme et porte-parole du PS. La gauche plurielle vient de voter une loi restreignant l'ouverture de la chasse qui suscite le mécontentement des chasseurs. Le 22 avril 2000, Vincent Peillon est en déplacement dans la Somme. Le député se rend seul dans sa Renault Espace dans la ville d'Ault pour l'inauguration d'une déchetterie. Mais plus d'une centaine de chasseurs l'attend : jets de pierre, coups de pieds dans la voiture, menaces de mort, le député doit être évacué en hélicoptère. Cinq gendarmes sont blessés lors de l'incident.

Un rôle actif au PS : porte-parole puis cofondateur du NPS

Parallèlement à ses activités de député, Vincent Peillon gravit les échelons au PS. Membre du bureau national dès 1994, secrétaire national aux études du PS de 1997 à 2000, il exerce la fonction de porte-parole du parti de 2000 à 2002.
Mais au lendemain de la défaite de Lionel Jospin à la présidentielle et de sa propre défaite aux législatives de juin, Vincent Peillon démissionne de son poste de porte-parole. Partisan d'un profond renouvellement au Parti Socialiste, il publie une tribune en octobre 2002 dans Libération intitulée "Pour un Nouveau Parti Socialiste". Quelques mois plus tard, les co-signataires de cette tribune (Montebourg, Dray, Peillon), rejoints par Benoît Hamon, créent un courant au PS, le Nouveau Parti Socialiste (NPS). Lors des congrès du parti de 2003 et 2005, le NPS a tenté de peser dans les débats en déposant ses propres motions.

Ses échecs successifs aux législatives et son élection au parlement européen

Malgré le sérieux de son travail, Vincent Peillon n'arrive pas à se faire accepter dans sa circonscription de la Somme. En 2002, il perd son siège de député en n'obtenant que 47,54% au second tour. En 2007, il retente de récupérer sa circonscription mais il échoue une nouvelle fois, à une centaine de voix près. Entre ces deux élections législatives, Vincent est tout de même devenu député européen en 2004 grâce à sa position d'éligible sur la liste du PS. Mais ses échecs successifs aux législatives ont quelque peu affaibli la position de Vincent Peillon au sein du Parti Socialiste car la force d'un homme politique se mesure à sa capacité à se faire élire. Toutefois, son mandat de député européen lui permet de garder contact avec la politique nationale.

Objectif : prendre la tête du PS

Lors de la campagne présidentielle de 2007, Vincent Peillon a apporté son soutien à Ségolène Royal dès le mois d'août 2006. En cas de victoire de Ségolène Royal, Peillon se voyait bien Premier Secrétaire du PS, poste qu'il convoite depuis 2005. Afin de le récompenser de son soutien, Ségolène Royal lui confie l'un des trois postes de porte-parole pendant la campagne. Mais dans cette fonction, cet homme politique discret est resté en retrait par rapport au trublion, Arnaud Montebourg.
Après la défaite de Ségolène Royal, Vincent Peillon s'est très peu exprimé. Ne faisant pas partie du premier cercle de la présidente de la région Poitou-Charentes, il a pris ses distances avec elle pour prendre un peu de recul, en espérant être dans la course pour le congrès de Reims. La bataille entre les deux présidentiables (Royal, Delanoë) arbitrée par Martine Aubry n'a pas créé les conditions d'une candidature de Vincent Peillon. Celui-ci a rapidement fait le choix d'apporter son soutien à Ségolène Royal.
Au lendemain de la défaite de l'ex-candidate à la présidentielle, le camp Royal tergiverse. Manuel Valls veut porter cette affaire devant les tribunaux, Ségolène Royal comme Vincent Peillon préfèrent se tourner vers l'avenir. Toutefois, ils n'ont pas tout à fait la même vision de l'avenir : tandis que la présidente de Poitou-Charentes prépare déjà sa candidature à l'élection présidentielle de 2012, Vincent Peillon semble prendre quelque distance en affirmant vouloir un rassemblement du Parti socialiste. L'objectif est de fédérer les différentes sensibilités et de rénover le parti. Selon lui, il faut développer les réseaux à l'intérieur même du parti et participer à sa direction.

Une ambition intacte

Vincent Peillon pose problème au sein du courant royaliste : ses ambitions semblent contredire ses affirmations. Contrairement à des personnalités comme Jean-Louis Bianco ou Aurélie Filippetti, Vincent Peillon semble plus autonome au sein du courant de Ségolène Royal. Pourtant, la candidate déchue compte sur lui pour faire le lien entre elle et le PS, lui qui connaît bien les rouages du parti et qui y a de solides réseaux. C'est donc lui qui a lancé le 1er février 2009 le courant « L'Espoir à gauche » et qui réunit tous les militants qui ont soutenu la motion de Ségolène Royal. Malgré tout, l'ambiguïté demeure. Il a laissé entendre dans une interview accordée à l'Express qu'il pourrait se présenter en 2012 à la présidentielle.

Tête de liste aux Européennes de 2009

En février 2009, la Première secrétaire du PS, Martine Aubry, propose à Vincent Peillon d'être tête de liste PS dans le Sud-est aux Européennes de 2009 alors que le député de la Somme aurait préféré se présenter dans sa région, dans un souci de cohérence. Peillon n'assume pas cette candidature et accepte cette proposition qui est pour lui un « crève-coeur ».
Toutefois, face à la polémique qu'il soulève après sa déclaration sur Europe 1, il se dédie quelques jours plus tard dans le quotidien La Provence : le Sud-Est « est la seule région où je souhaitais et où j'ai accepté d'aller ».

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